Pour Pierre Hurmic, Bordeaux doit « changer de trajectoire »
Pierre Hurmic était entouré d'une partie de son équipe municipale, à l'occasion de ses voeux. Crédits : MB
Budget municipal serré, réhabilitation de bâtiments et soutien accru à l’économie sociale et solidaire : Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, a présenté plusieurs chantiers pour l'année à venir.
« Ces choses tendres de la vie mais aisées à troubler ». C’est par cette citation de Michel de Montaigne, que l’édile de Bordeaux Pierre Hurmic a entamé ses troisièmes vœux municipaux. Des mots « qui n’ont rien perdu de leur pertinence, et désignent bien les temps pour le moins troublés que nous affrontons ». Rappelant sa volonté d’être « le maire du quotidien et du lendemain », il a emprunté au neuropsychiatre Boris Cyrulnik, venu peu de temps avant à Bordeaux, la définition de la résilience : « C’est l’art de naviguer dans les torrents ». En 2023, Pierre Hurmic entend poursuivre la transformation de Bordeaux, tant sur le plan patrimonial qu'en favorisant l’économie sociale et solidaire. « Nous devons changer de trajectoire et construire une ville moins bétonnée, plus accueillante, plus conviviale, plus solidaire. »
En pleine préparation du budget 2023, l’édile l’a assuré : l’objectif, malgré une situation économique nécessitant des arbitrages, sera de « maintenir la qualité du service public ». « Les arbitrages ne se feront pas au détriment de la vie quotidienne des Bordelais, ni au détriment des impératifs climatiques que nous avons à affronter. » Concernant une éventuelle hausse de la taxe foncière, Pierre Hurmic a précisé ne pas avoir pris de décision à ce jour.
En finir avec « Bordeaux la minérale »
Concernant le patrimoine bâti municipal, plusieurs chantiers seront amorcés en 2023. En septembre dernier, Pierre Hurmic avait d’ailleurs présenté un plan de réhabilitation des bâtiments municipaux, pour atteindre en 2026 une autonomie énergétique de 41%. « En 2023, les bâtiments de la ville seront à 19% d’autonomie énergétique. Cela veut dire que nous avons déjà, pratiquement, multiplié par 5 le ratio de 2020 », s’est réjouit l’édile.
Le MADD, musée des arts décoratifs et du design, entamera sa transformation (13,7M€ d'investissements) ; tout comme la Manufacture Atlantique et la bibliothèque de Bacalan ; ou encore la piscine du Grand Parc, qui bénéficiera à terme de 500m² de panneaux photovoltaïques et sera raccordée au réseau de chaleur. Le stade Chaban-Delmas, inscrit depuis octobre 2020 au titre des monuments historiques, « devra être exemplaire et intégrer dans ses aménagements futurs, notamment, la pose de panneaux photovoltaïques ». Concernant le projet de « rocade solaire » (recouverte sur plusieurs kilomètres par une ombrière de panneaux solaires), le maire de Bordeaux a affirmé avoir obtenu « l’assurance que l’Etat, qui en a la compétence, lancera une étude de faisabilité » sur le sujet. Enfin, au premier semestre 2023, une enquête sera lancée sur le quartier Mériadeck « auprès des usagers et des acteurs clefs », en vue de travaux de réhabilitation paysagère.
Une foncière solidaire co-portée par la Métropole
Sur le volet de l’économie, évidemment sociale et solidaire sous la mandature Hurmic, deux nouveaux lieux ouvriront leurs portes en ce début d’année. D’abord un hôtel d’entreprises, la ManuCo, situé entre la Victoire et les Capucins. Co-porté par la Ville et InCité, le bâtiment accueillera un espace de coworking, des bureaux et favorisera l’artisanat. Dans la foulée, une « maison des coursiers » ouvrira ses portes, pour « accueillir les livreurs à vélo, qui travaillent souvent dans des conditions précaires », a présenté Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient, du service public de l’habitat, et de l’économie sociale et solidaire. Dans les semaines ou mois à venir, la Ville lancera un appel à projet pour créer une recyclerie culturelle et solidaire, pour « récupérer, valoriser, mutualiser et reconditionner » du matériel issu des musées et autres institutions.
La municipalité travaille également avec Bordeaux Métropole à la création d’une foncière solidaire qui permettrait d’acquérir de nouveaux locaux pour les acteurs de l’ESS. Cette entité juridique serait « un premier atout pour accompagner les entreprises de l’ESS », a souligné Pierre Hurmic, et les premières acquisitions pourraient se concrétiser dès cette année.
Au premier trimestre, la Ville de Bordeaux lancera un « grand dialogue citoyen ». Il sera possible à tout habitant de porter des initiatives citoyennes, qui seront accompagnées par les équipes municipales dès 150 signatures, et seront inscrites à l’ordre du jour du Conseil municipal dès l’obtention de 4.000 signatures.