Comment Pau veut rénover ses immeubles historiques - Premium

« Le mot d’ordre de notre politique d’urbanisme, c’est la métamorphose : par une intervention publique, on change l’aspect, la fonction, de différents bâtiments », expose François Bayrou. Nous sommes en clôture de la visite de plusieurs chantiers de restauration du bâti historique de la capitale béarnaise, dont la Villa Clermont et l’ensemble immobilier du 6-8 Rue Marca. Dans un salon-cuisine refait à neuf, dont les murs sentent encore l’enduit frais, le maire de Pau a présenté les grandes orientations de l’agglomération paloise en matière de restauration de son patrimoine. « Il y a à Pau un grand nombre de bâtiments remarquables, et toute la ville historique est en voie de réhabilitation complète », assure François Bayrou. Et de citer des chantiers emblématiques, comme ceux des Halles, du Foirail et du Hédas, mais également, souligne-t-il, « le bâti privé ». Depuis le 4 août 2022, Pau fait partie des 50 villes françaises dotées d’un Plan de sauvegarde et de mise en valeur, un dispositif permettant de « proposer des possibilités d’évolution de la ville permettant de répondre aux enjeux contemporains » explique-t-on du côté de la Communauté d’agglomération. Depuis 2022, 91 logements sont ainsi en cours de livraison dans le centre-ville, 67 permis de construire ont été accordés, et six nouveaux projets devraient prochainement voir le jour. « Il y a une accélération de l’intérêt pour la ville de Pau », confirme Jean-Marc Leu, directeur général des opérations du promoteur immobilier bordelais Compagnie Immobilière de Restauration (CIR). Présent dans la ville depuis dix ans, CIR a restauré six immeubles représentant 90 logements durant ses huit premières années… et le même volume sur la seule année 2024. « Les investisseurs ont envie de venir à Pau, et ça se voit dans les chiffres », déclare Jean-Marc Leu, soulignant que 50% des investisseurs proviennent de la région Nouvelle-Aquitaine. Le dirigeant insiste également sur l’importance des politiques publiques et dispositifs de soutien pour la menée à bien de tels projets. Action logement cœur de ville, dispositif Malraux… « ces projets ne pourraient pas exister sans ces dispositifs », explique Jean-Marc Leu, ni, reprend-il, sans la « coopération étroite » existant entre CIR et la mairie de Pau. « Nous sommes fiers d’être un outil au service des politiques publiques », conclut-il. « Une très belle reconnaissance de mon travail et de celui de mes équipes », se félicite François Bayrou, qui rappelle l’importance des capitaux privés, au relais de l’impulsion donnée par la collectivité. « L’argent public, c’est un détonateur, un déclencheur, qui va servir à attirer ensuite les investisseurs privés », assure-t-il.L'hôtel Continental bientôt fermé, rénové et transformé Parmi les nombreux projets de réhabilitation en cours, celui de l’hôtel Continental, dont la fermeture a été annoncée le 4 septembre dernier et sera effective le 10 novembre, est particulièrement emblématique. « C’est l’un des derniers établissements palois de la Belle Époque », présente Jean-Marc Leu. Mais, reprend-il, c’est également un bâtiment « structurellement très abîmé, avec des étais dans tous les sens, de très nombreuses infiltrations ». Le projet prévoit la restauration complète du bâtiment principal, datant de 1910, ainsi que celle de son extension construite en 1920. Les travaux incluent le ravalement des façades côté cour ainsi que la réhabilitation de la cour intérieure. Le rez-de-chaussée « gardera sa vocation commerciale », tandis que les étages seront transformés en logements. 51 appartements, allant du T1 au T5, seront ainsi créés avec la fusion de plusieurs anciennes chambres d’hôtel pour former des ensembles plus vastes. L’architecte, Julien Camborde, précise que malgré cette transformation, « toutes les cloisons sont maintenues », afin de respecter la structure d’origine du bâtiment. Au total, le projet couvrira 2.650m² de logements et 500 à 600m² d’espaces communs. L’immeuble sera mis en copropriété classique, avec une obligation de location de neuf ans imposée par le dispositif Malraux. Le coût total des travaux est estimé par CIR à 14 millions d’euros, sans compter le foncier, racheté pour 3,65 millions d’euros. Les travaux débuteront au premier trimestre 2025, pour une livraison prévue à la fin de l’année 2026.

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