Bordeaux : bientôt des centrales photovoltaïques sur des échangeurs de la rocade - Premium

Y aura-t-il bientôt des panneaux photovoltaïques sur la rocade bordelaise ? En attendant de voir un hypothétique aboutissement au projet d’ombrières solaires, défendu par le maire de la ville Pierre Hurmic, c’est sous une autre forme que des équipements pourraient être installés. Mi-août, l’Etat, qui a la charge de la rocade, a lancé via la DIRA (Direction interdépartementale des routes Atlantique) un appel à manifestation d’intérêt. L’objectif : installer des centrales photovoltaïques au sol, à l’intérieur des échangeurs 15, 19 et 22. Qui se situent respectivement sur les communes de Pessac, Villenave-d’Ornon et Bouliac. « C’est un projet auquel on réfléchit depuis janvier 2022 avec le Cerema [ndlr, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement], se remémore Jonathan Courret, chargé du dossier à la DIRA. On a fait une étude de marchés internationale pour identifier les actions de valorisation des infrastructures par diverses énergies renouvelables ; et il est très vite apparu que l’énergie la plus prometteuse dans notre cas était le photovoltaïque. » Mais implanter une centrale au sol dans un échangeur n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, et n’a d’ailleurs pas encore été fait en France. Première difficulté : ces sites servent à l’installation de dispositifs - parfois invisibles - d’assainissement des eaux pluviales. « Et puis il faut une emprise raisonnable, 5.000 voire 7.000 m² attenants, pas trop alambiqués », précise Jonathan Courret. Deuxième difficulté : définir une forme contractuelle suffisamment attractive pour des opérateurs, leur permettant de mettre en place ce type d’aménagement. « Nous sommes un opérateur routier. L’Etat ne se positionne pas sur du portage via des subventions, insiste notre interlocuteur. Il n’achète pas non plus des centrales pour les faire exploiter par quelqu’un - ce n’est pas notre métier à la DIRA. » Ainsi, une autorisation temporaire d’occupation du domaine public (AOT) de 33 ans a été définie, les trois premières années étant pensées pour la phase amont jusqu’à la mise en service de la centrale.Une mise en service d'ici trois ans L’AMI est ouvert aux dépôts de candidature jusqu’au 13 septembre à 12 heures, précisément. À l’issue d’un premier temps de réflexion, la DIRA retiendra les cinq dossiers répondant le mieux aux critères déterminés : être notamment une entreprise spécialiste du sujet, ayant déjà des centrales photovoltaïques au sol en exploitation… et un chiffre d’affaires annuel dépendant de cette activité, d’au moins cinq millions d’euros. « On estime qu’à partir de ce palier, les candidats ont les moyens de s’attaquer à un tel projet. On est sur presque sept hectares de foncier en tout donc l’investissement sera assez conséquent », justifie Jonathan Courret sans préciser le montant global estimé. Ensuite viendra la seconde phase de l’AMI, durant laquelle les sélectionnés devront de nouveau remplir un dossier pour espérer être retenus. Le nom du futur opérateur devant être connu d’ici la fin de l’année, et la mise en service est prévue pour fin 2027-début 2028. Quels bénéfices attendent les services de l’Etat, en matière de production d’énergie ? « En moyenne, un hectare permet de générer un mégawatt-crête [ndlr, MWc], donc on espère un projet autour de six MWc », estime notre interlocuteur. Qui précise qu’en parallèle de cet AMI, un groupe de travail national œuvre, avec les autres directions interdépartementales des routes, pour déployer dans un futur plus ou moins proche d’autres projets similaires ailleurs en France. « La loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables a introduit la notion de zones d’accélération. Cela demande aux collectivités d’identifier des emprises qui pourraient bénéficier d’un statut un peu particulier pour une autorisation d’implantation d’une centrale photovoltaïque. Et donc, en Gironde, il pourrait y avoir d’autres sites. » Si rien n’a encore été arrêté, les abords de la RN10 dans le Nord Gironde sont scrutés, tout comme le sud du département, le long de l’A63.☞ Plus d'informations sur le site Internet de la DIRAEt les ombrières, dans tout ça ?Depuis 2022, le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, appelle de ses vœux à déployer un système d’ombrières photovoltaïques sur les 45 km de la rocade. Un concept novateur porté par un collectif d’ingénieurs, pour lequel « j’ai organisé une prise de contact avec les services de la préfecture », rappelle l’édile à Placéco. Car la rocade est bien la propriété de l’Etat, la Ville n’ayant pas son mot à dire sur le sujet. « J’ai fait ce que j’ai pu pour appuyer le dossier, d’autant qu’il se situe tout à fait dans nos objectifs de solarisation de notre territoire », reprend Pierre Hurmic. Qui rappelle vouloir atteindre 60.000 m² de panneaux solaires et 41% d’autonomie énergétique des bâtiments municipaux d’ici 2026, contre 4% au début de son mandat. En parallèle d’une possible solarisation de la rocade, les équipes municipales poursuivent ainsi leur travail pour identifier les infrastructures pouvant servir à l’installation de panneaux photovoltaïques. La piscine Judaïque pourrait en faire l’objet, à l’instar de celle du Grand-Parc qui rouvrira début septembre. Tout comme les écoles, gymnases et autres équipements sportifs. « On envisage aussi de couvrir les tribunes du stade Chaban-Delmas », lâche Pierre Hurmic. À défaut d’ombrières sur la rocade, ce sont les pistes cyclables de la ville qui pourraient aussi en être couvertes, avec un double avantage : produire de l’énergie, et protéger les cyclistes des intempéries.

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