Crédit Agricole : « Les vannes du crédit ne sont pas fermées » - Premium

Quels domaines sont les plus dynamiques sur le territoire ? Arnaud Claverie, directeur de l’espace professionnel Grand Pau : La restauration et le tourisme sont assez dynamiques. Il y a un million de touristes par an à Pau !Michel Aramendie, chargé de l’écosystème palois et des relations externes : Les pôles de santé sont également un secteur porteur. On a accompagné le pôle médical de Lons, on suit aussi un projet qui verra bientôt le jour à Idron et est porté par le groupe ISLO. AC : Le loisir est aussi une activité qui se développe, mais que l’on doit surveiller. Sa croissance très rapide fait que l’on a besoin de tester la maturité de l’offre par rapport à la demande.Et à l’inverse, certains secteurs sont-ils des sujets de préoccupation ?Samuel Sanchez, directeur région du secteur palois et première ceinture : Le sujet sur lequel on est attentif, c’est évidemment tout ce qui tourne autour de l’immobilier et du bâtiment. La tendance est assez moyenne. AC : Le commerce de centre-ville est aussi un secteur en difficulté. SS : Sur ce sujet, nous essayons d’avoir une approche très personnalisée du sujet. La vérité d’une enseigne n’est pas celle de sa voisine. Nous prenons toutes les décisions sur place, à Pau, et les rares qui ne sont pas signées ici le sont à 5 kilomètres, à Serres-Castet [bureaux de la caisse régionale du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne, ndlr]. C’est notre grosse différence en matière de réactivité et de connaissance du territoire : aucun dossier ne sort de nos frontières.« On peut flécher une startup paloise vers Le Connecteur à Biarritz »Vous étiez présents le mois dernier au salon Adopte un financeur organisé par la French Tech. Est-ce un secteur sur lequel le Crédit Agricole se positionne ? AC : Une startup qui se crée, c’est en général plus de l’investissement en capital que de la dette bancaire, parce qu’elle n’a au départ pas de marché. Les réponses ne sont donc pas sur l’emprunt. MA : Nous participons au comité d’agrément d’Hélioparc, cela nous permet d’être présents sur ce secteur d’activité, qui est particulier, sur des sujets que nous ne maîtrisons pas forcément. Ces synergies nous permettent de connaître la maturité du porteur de projet, de comprendre son activité. Ensuite, notre filiale PG Développement peut intégrer le capital de certaines entreprises innovantes sur le territoire. Il y a aussi Le Connecteur, à Biarritz, vers lequel on peut flécher des startups, même basées à Pau. AC : Il y a aussi Le Village by CA, un accompagnement qui n’est pas du tout bancaire, mais qui permet d’augmenter significativement le taux de réussite de ces projets. SS : Notre ADN c’est au départ les agences, le territoire, le face à face. Au fur et à mesure, nous voulons aussi offrir le même service à distance, et devenir aussi la banque de l’innovation, mais sans oublier nos fondamentaux que sont la connaissance du territoire et les relations en face à face.Vous parliez de l’immobilier et du bâtiment comme d’un secteur à surveiller. Les représentants de la filière BTP déplorent un accès au crédit trop restrictif qui freinerait le secteur. Qu’en pensez-vous ? SS : Les vannes du crédit, aujourd’hui, ne sont pas fermées. Si nous accordons moins de crédits qu’avant, c’est surtout qu’il y a peu de transactions qui se font. Les taux étaient autour de 1% et sont montés à 5%. MA : Le respect des normes sur le taux d’effort nous a aussi un peu contraints. SS : Mais nous sommes actifs, et même proactifs sur l’habitat, nous travaillons avec des courtiers qui nous alimentent toujours. AC : Nous ne refusons pas plus de dossiers, nous sommes simplement moins sollicités. MA : Le problème principal est que les acheteurs, qui veulent attendre que les prix baissent, et les vendeurs, qui ne veulent pas baisser les prix, ont du mal à se rencontrer.À lire également - Crédit Agricole : une année 2023 en repli, mais des activités en développementSelon vous, les taux vont-ils redescendre ? SS : Ils sont un peu descendus depuis le début de l’année. On ne sait pas aujourd’hui quelle sera la tendance en fonction des échéances politiques. Les mouvements politiques jouent beaucoup sur le comportement des gens, leurs décisions de développer leur activité et d’investir ou non.Observez-vous une tendance similaire à l'immobilier en ce qui concerne le financement des entreprises ? MA : Il y a moins de projets significatifs sur l’agglomération paloise. C’est moins dynamique, on le ressent depuis juillet dernier, et jusqu’à fin novembre 2023, c’était très calme. Ça a repris, mais ce n’est pas ce que l’on a vécu en 2021-2022.« Les PGE n'ont pas permis d’investir »L’échéance des PGE joue-t-elle un rôle dans cette absence de dynamique ? MA : On est en plein dedans, avec des remboursements qui ont commencé début 2023. C’est contraignant. On en a fait à l’époque à énormément d'entreprises, et il faut aujourd'hui les rembourser. Le souci, c’est que ces PGE n'ont pas permis d’investir, de refaire les boutiques, d’acheter du stock… ils ont juste permis de survivre. Aujourd’hui, les commerces ont ce poids à rembourser, et pour certains c’est compliqué. AC : Cela peut saturer leur capacité d'endettement et ils ne peuvent plus accéder au crédit. SS : pour nous, c’est un point d’attention particulier sur certains dossiers.Quelle approche adoptez-vous dans ces situations ?AC : Nous essayons d’anticiper, de chercher des solutions d'accompagnement. SS : Ce sont des gens qui étaient clients chez nous avant Covid. Il faut que l’on doit là pour ceux pour qui c’est un moment difficile en trouvant des solutions personnalisées. Quelles peuvent être ces solutions ? MA: Cela peut être, par exemple, une pause de quelques mois sur un autre crédit, ou bien une restructuration… on l’envisage au cas par cas.SS : Il est difficile de donner un exemple, car les solutions sont différentes d’une entreprise, un commerce à l’autre. Nous sommes très locaux, nous connaissons chaque commerce, son marché, son environnement, ses flux, sa saisonnalité… c’est ce qui fait notre force.

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