BoatOn, un appel d’offres gagnant qui pourrait tout accélérer ? - Premium

Fin décembre, cadeau de Noël. La startup girondine BoatOn apprend la bonne nouvelle : elle va équiper onze lycées spécialisés dans les métiers de la mer avec son BoatOn Book, un logiciel de gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO), dédié aux bateaux. Depuis 2020, le nouveau référentiel de formation des lycées maritimes intègre cette notion de GMAO. « Il y a pour nous un double enjeu, se réjouit Bertrand Gerbaud, fondateur et président. Tout d’abord ce sujet de GMAO va faire l’objet d’une acculturation dès le lycée maritime au travers d’un outil simple et ludique. Et en étant choisi, on pourrait devenir une forme de référence, comme dans les années 80-90 CAD était devenu la référence pour l’architecture. »À lire également : Comment BoatOn veut accélérer la transition écologique du secteur maritimeBoatOn était déjà présent dans quelques établissements d’enseignement : le lycée maritime de Gujan-Mestras et l’INSEIT à Nice. « Une percée pas forcément programmée au début, venue par opportunité. Mais qui maintenant s’accélère et nous ouvre beaucoup d’horizons. Si on met notre outil dans les mains des futures recrues de nos clients, ça nous donne un avantage compétitif. Et ça conforte notre positionnement technique, car c’est un outil que même des gens qui ne sont pas initiés peuvent utiliser », reprend-il. Aussi le dirigeant ne s’interdit-il pas de songer que « tous les établissements d’enseignement maritime peuvent être clients, les autres lycées maritimes mais aussi l’École nationale supérieure de la marine et bien sûr d’autres systèmes éducatifs à l’étranger ». Jusqu’à envisager des offres commerciales adaptées, à l’instar de ce que Microsoft peut consentir auprès des enseignants et étudiants pour son pack Office ? « Ce n’est pas une œuvre de charité qu’ils font. Ils veulent développer les usages mais évidemment installent un produit dans le paysage », valide Bertrand Gerbaud.Une base d’utilisateurs tripléeSi le contrat qui découle de l’appel d’offres court sur une poignée d’années, « on sait très bien que quand on commence à utiliser ce type de système et que ça infuse, en général on reste en place plus longtemps que la durée initialement prévue », parie-t-il. De quoi envisager l’avenir avec ambition, à l’issue d’un exercice 2024 « très bon : on a multiplié par trois le nombre d’utilisateurs du logiciel », soit un peu plus de 15.000 à ce jour, surtout dans le monde francophone. Notamment grâce au lancement pendant l’été 2024 du journal de bord automatisé, enrichi peu après d’une récupération automatique des données satellites, « fonctionnalité qui allège de 75% le travail d’un capitaine ou commandant de bord pour remplir cette obligation légale du livre de bord. Ça nous a vraiment catapulté ». La traction commerciale s’accélère auprès des bateaux de location, le secteur de la pêche, le fret maritime ou fluvial, les croisiéristes, l’intervention en mer. « On a vraiment beaucoup de demandes assez différentes, du plaisancier qui a un bateau de 8 mètres jusqu'au navire de 135 mètres. »Si BoatOn ne communique pas son chiffre d’affaires, le dirigeant indique que celui-ci a triplé entre 2023 et 2024. « On n’est pas encore tout à fait rentable, mais on est quasiment autofinancé à 100%, analyse-t-il, et si la traction se poursuit, 2025 sera clairement un exercice de rentabilité avérée. » Une année où la feuille de route technique est « assez ambitieuse », avec dans le viseur un système automatisé de bilan carbone. « En mettant en musique les données sur la maintenance des bateaux, les équipages, la distance et la vitesse de navigation et d’autres, on est capable de sortir des indicateurs comme la quantité de CO2 par passager ou par marchandise transportée. Nous sommes les seuls sur le marché à proposer quelque chose comme ça », estime-t-il. Ce système de reporting automatisé est attendu pour le milieu de l’année. À la clef, une visibilité simultanée sur les bilans carbone, commercial et technique.Répondre aux grands enjeux« On est là pour simplifier et décarboner la gestion des flottes de bateaux », martèle Bertrand Gerbaud. Qui rappelle que la marine marchande, cible d’importance, doit répondre à trois enjeux. Sur le sujet réglementaire, « avec notre outil, en deux minutes, les clients auront 60 ou 70% des données pour compléter leur rapport CSRD », se risque-t-il. Par ailleurs, la possibilité de communiquer auprès de ses parties prenantes sur des actions prouvées de décarbonation devient un levier fort concernant l’image de marque. Et ultime promesse : les solutions BoatOn permettront à ses clients de dire combien de crédits carbone ils peuvent engranger et revendre sur les marchés.Commercialement, BoatOn a une approche « transversale, par secteurs d’activité », en adressant les principaux acteurs, européens dans un premier temps. Employant une douzaine de personnes, la jeune pousse prévoir quelques recrutements cette année, notamment sur des postes techniques et commerciaux. Une accélération des embauches pourrait s’observer, en parallèle d’une éventuelle levée de fonds, dans une perspective d’ouverture vers le marché américain, « un sujet plutôt pour la fin 2025 ». En attendant, le travail de lobbying se poursuit, notamment auprès de « certaines administrations françaises et européennes qui refusent qu’un bateau ou un capitaine produise un livre de bord autre que papier ».BoatOnSAS fondée en mars 2018Siège social : BordeauxEffectif : 12 personnesCA : n. c.

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