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Créa-SUD a trente ans... et Eric Dournès, toutes ses dents

Inspiration
vendredi 31 janvier 2025

La société Créa-SUD d'Eric Dournès fête cette année ses trente ans d'activité. Crédit : LVG

2025 est l'année du trentième anniversaire de l'une des marques les plus omniprésentes du Béarn : Créa-SUD. L'agence de communication, fondée par Eric Dournès, est à la manœuvre derrière la plupart des événements sur le territoire. Rencontre avec un entrepreneur atypique, au carrefour de l'événementiel et du politique, pour revenir sur son parcours, ses motivations... et sur la suite.

Aux murs du bureau, des posters de films hollywoodiens et de comic books côtoient des Unes de presse soigneusement encadrées. Un peu partout sur les étagères, des objets pop culture, des souvenirs sportifs, et dans un coin, une espèce de construction mécanique évoquant un bras robotisé, à moins que ce ne soit un hélicoptère... Dans les couloirs et les hangars de Créa-SUD, c’est le même fouillis apparent, un enchevêtrement de décors venus des événements du moment, des tables de baby-foot, une statue de vache, une silhouette de Barbapapa, des fauteuils sur le toit d’un container et un clap de cinéma géant. « Ça a un côté bazar ambulant », est le premier à sourire Eric Dournès. Cette semaine-là, Créa-SUD « est en train de finir le démontage du Pau Retro Show », puis « on a le congrès des buralistes à Paris », ensuite « les trophées du rugby amateur » et « on enchaînera avec les étoiles de l’économie ». Ensuite les choses deviendront réellement animées avec la fin d’année et ses animations, du cirque d’hiver aux marchés de Noël de Pau… Une liste qui sonne comme l’illustration d’une évidence : quand, en Béarn, une estrade se monte, un chapiteau se construit ou un micro s’allume, Eric Dournès est probablement à la manœuvre quelque part.

Pourtant, « quand j’étais adolescent, je voulais devenir journaliste », raconte-t-il. Il s’oriente donc vers des études de droit, après une scolarité « dans un lycée privé jésuite de Toulouse ». « Les jésuites m’ont tout appris, formé intellectuellement, politiquement. Ils m’ont appris à faire des synthèses, ce qu’est une logique, une idée, un mensonge », se souvient Eric Dournès. En 1992, il débarque à Pau pour une année universitaire… et n’en repartira plus.

Une rencontre très politique

Deux ans plus tard, il fait une rencontre déterminante : celle d’André Labarrère, inamovible maire de Pau, qui sera « l’accélérateur de toute [sa] carrière ». « Sans être de son premier cercle intime, j’ai été dans son cercle de confiance, raconte Eric Dournès. En 1994, il me fait faire à la va-vite un remplacement de Jean Bruno, un animateur emblématique de Pau. Quelqu’un qui faisait tout, qui écrivait, qui animait, qui incarnait… », décrit-il, comme un portrait en creux de ce que ce remplacement le fera devenir lui-même. « Labarrère m’avait dit : “C’est toi qui vas t’occuper de ça, et tu verras que dans trente ans, tu y seras encore”, se souvient l’entrepreneur. C’était prémonitoire. » Viendront ensuite les événements organisés avec Pyrénées-Presse [membre, aujourd’hui, du Groupe Sud Ouest au même titre que Placéco, ndlr], la reprise de la radio « La Voix du Béarn », qui devient « Fréquence Béarn », « une radio 100% événementielle, où l’on couvrait en direct tous les matchs de rugby de la terre, des courses pédestres, le Tour du Béarn que l’on couvrait avec un vieux podium qui ne tenait pas debout »… et voilà le style Dournès résumé par son histoire : polyvalence et entregent, une impression d'improvisation permanente, mais des projets qui marchent, et une certaine omniprésence dès qu'un projet se monte en Béarn.

« Ici, je fais partie des meubles, dans les bons et les mauvais côtés, assume-t-il. Ça fait partie du job, et je n’ai pas de problème à endosser mon costume. Mais à titre personnel, j’ai peu d’amis et je me défends d’appartenir à aucun cercle, aucune famille politique. Bien sûr, on se tutoie avec François Bayrou, comme on a des rapports très directs avec d’autres politiques, de Alain Rousset à Jean-Jacques Lasserre, mais je garde toujours une distance… et je me fixe comme règle de livrer à tout le monde une prestation conforme, que ça soit le petit Intermarché ou le gros politique, avec la même énergie et le même respect. »

Et aujourd’hui ? À entendre Eric Dournès raconter, avec un tel enthousiasme, ses années Labarrère, cette « période magique », cette « magie des premières fois », on le soupçonnerait presque d’être nostalgique. « J’ai eu la chance de vivre à une époque qui correspondait à ma façon de travailler, nuance-t-il. En ce sens, oui, c’était mieux avant. Mais est-ce que tout était mieux avant ? Non. Je regarde le passé avec beaucoup de respect, mais pas de nostalgie. J’ai la chance de faire le métier que j’ai voulu sans qu’il soit défini. »

L'entreprise, un outil plus qu'une fin en soi

« J’ai monté ma société comme un indépendant le ferait aujourd’hui, réfléchit Eric Dournès. Sauf qu’il m’a fallu un salarié, puis deux, puis trois… Quand on a fini par me demander de trouver des idées pour gérer l’accueil des stations de Gourette, Artouste, les animations de la ville de Pau, tu te retrouves un beau jour avec 10 salariés et tu te dis “Pu****, je suis un chef d’entreprise”... Pourtant, s’il y avait bien un métier que je ne pensais pas faire, c’était ça ».

Sans doute est-ce pour cette raison que l'idée de transmettre son entreprise ne semble pas l’intéresser plus que cela. « Ce n’est pas l'entreprise qui est transmissible, ce sont ses formats, ses produits, ses services… par petites briques. Le Rétro Show est transmissible, pas Créa-SUD. L’entreprise, c’est une coquille, une structure juridique, pas une fin en soi : si, à l’époque, il y avait eu les SPL, on en aurait peut-être créé une avec Labarrère, et Créa-SUD n’existerait pas ». Ce qui a de la valeur, insiste Eric Dournès, « c’est ce que la boîte a créé, et que quelqu’un d’autre, plus tard, fera de sa façon à lui, qui sera différente de la mienne ». De toute façon, même après trente ans de Créa-SUD, il est encore loin d’être question de passer la main. « Pour le futur, j’ai encore de l’envie, assure-t-il. Ça fait longtemps que je n’ai pas remis des concepts à zéro. On va profiter de ce trentième anniversaire pour lancer des nouvelles choses… mine de rien, il me reste dix ans d’activité, il va bien falloir trouver de nouveaux défis à relever. »


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