Biotech : Comment ByoRNA veut révolutionner la santé grâce à l’ARN… et des levures - Premium

Si l’ARN messager (ARNm) n’a pas encore levé toute la part de fantasmes et d’angoisses que certains lui associent, force est de se souvenir que c’est sur leur base qu’ont été développés les vaccins contre le covid-19. Et les champs d’application sont potentiellement très vastes. Tout comme les progrès, autant scientifiques qu’industriels, qu’on peut encore mener dans leur usage. L’ARNm, c'est la recette détaillé d'une protéine. « Ça peut servir pour des vaccins contre des maladies infectieuses, comme pendant la pandémie, pour des vaccins ou des thérapies ciblées contre le cancer, ou encore des produits de remplacement de protéines contre des maladies rares », expose Pascal Viguié, cofondateur et président de la jeune pousse ByoRNA. Fondée en région parisienne, cette dernière « travaille sur le design et la fabrication d’ARN messager », poursuit-il. Avec une proposition disruptive.Le principe ? S’appuyer sur un procédé de fermentation, en modifiant des cellules de levure pour qu’elles servent d’usines à ARNm. Une option fermentation jusqu’alors écartée, « car l’ARNm avait tendance à se dégrader très vite ». Mais un groupe de chercheurs de l’Université d’Orléans et du CNRS a trouvé un moyen d’empêcher cette dégradation. « Nous avons pris une licence commerciale exclusive sur leur brevet, pour développer leur technologie », reprend le dirigeant. Une avancée qui permet d’abaisser les coûts de production tout en maintenant une très haute qualité, assure-t-il, notamment pour les ARNm longs. « Ça va permettre de faire des ARNm auto-amplifiants, qui sont moins immunogènes et peuvent être plus efficaces en codant plus de néo-antigènes. »Aider au développement des candidats-médicamentsCette techno, pour quoi faire ? « Nous allons aider des acteurs qui ont trouvé une cible thérapeutique, c’est-à-dire un candidat médicament, pour le transformer en candidat médicament ARN et permettre d’optimiser la séquence d’ARN pour qu’il soit encore plus efficace. Et nous le produirons en interne, pour la partie pré-clinique. À partir du moment où le médicament sera en phase d’essai clinique ou commercialisé, nous sous-traiterons la production à des acteurs spécialisés. » Il s’agira donc de cibler « des sociétés de biotech, mais également des académiques et des big pharma ». Un premier contrat de co-développement a été signé avec TRON, institut de recherche allemand sur l’ARNm créé par les fondateurs de BioNTech, leader du secteur, pour tester leur technologie sur les ARNm thérapeutiques. « Et nous allons également avoir des partenariats avec des universités et des académiques, pour pouvoir travailler avec leurs spin-offs qui créeraient des médicaments ARN », se projette le dirigeant.Thierry Ziegler et Pascal Viguié, respectivement directeur technique et PDG. Crédit photo : ByoRNAFondée en 2022 en région parisienne, ByoRNA a installé ses forces vives il y a un an en Gironde, dans les locaux de l’ENSTBB-Bordeaux INP. Dont l’un des membres du conseil d’administration est Thierry Ziegler, cofondateur et CTO de ByoRNA. Une implantation qui a permis de commencer à travailler sur la partie purification ainsi que sur l’optimisation de la partie production. Mais, l’équipe grossissant (sept personnes actuellement), de nouveaux locaux deviennent nécessaires. Alors que le siège doit définitivement être déplacé vers la Gironde, ByoRNA s’installe ces jours-ci sur le parc d’activité Ampéris à Pessac, au sein de 300m² de locaux dont 200m² de laboratoire. Trois profils ingénieurs supplémentaires vont rapidement être intégrés, avant de nouveaux recrutements - techniciens, ingénieurs, commerciaux, chercheurs - qui porteront l’équipe à une vingtaine dans un an.Usine pilote et levées de fondsD’ici trois ans, ByoRNA entend se doter d’une usine pilote, « pour pouvoir assumer la production d’ARNm de qualité laboratoire pour nos clients, pour leurs essais précliniques ». Un site d’environ 500m², pour lequel l’investissement est à ce jour évalué entre cinq et dix millions d’euros. D’ici là, « nous envisageons de faire un tour seed de quatre millions d’euros l’an prochain, puis une série A dans trpis ans, cette fois de dix millions d’euros », annonce Pascal Viguié. Pour le financement seed, ByoRNA vise « essentiellement des fonds français, mais nous prétendons avoir au moins un fonds étranger, allemand ou américain, qui puisse prendre le lead sur la série suivante ». Les discussions sont déjà lancées avec des fonds français.« Aujourd’hui, la moitié des nouveaux médicaments sont ce qu’on appelle des médicaments biologiques, qui sont en général faits par des systèmes de fermentation. Il est possible qu’à terme, tous ces médicaments puissent être faits à partir d’ARN. Il existe encore un certain nombre de difficultés techniques, mais ça veut dire que le potentiel des médicaments ARN, est à terme assez fascinant », se projette déjà le dirigeant. « Pour des choses comme les maladies rares, cela devrait diminuer fortement le coût de production des médicaments. Notamment parce qu’on n’est pas obligé de redévelopper tout un processus de fabrication, comme c’est le cas pour un médicament à base de protéines. C’est ce qui fait que les grosses sociétés pharmaceutiques négligent les maladies rares. Nous pensons qu’il y a une révolution en cours. Et nous voulons être fournisseurs de pelles et de pioches pour cette révolution, cette ruée vers l’or de l’ADN. »ByoRNASAS fondée en septembre 2022Locaux à PessacEffectif : 7 personnesCA : n.c.

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