Lacq lance son plan de décarbonation - Premium

« La transition écologique, ça ne se décrète pas, ça se construit ensemble, avec les réalités au plus près du terrain », rappelle Jean-Marie Girier, préfet des Pyrénées-Atlantiques. Devant lui, dans la salle de l'Agora de Lacq, un parterre d'élus locaux et d'industriels venus assister au lancement officiel sur le bassin du programme Zone industrielle bas carbone (Zibac), après la signature, la semaine dernière, d'une convention entre le GIP Chemparc, représentant les industries du bassin, et l'Ademe, porteuse du programme pour l'Etat. « Le chemin a été long, fastidieux, mais riche », se félicite Emmanuel Bejanin, président régional délégué de l'Ademe Nouvelle-Aquitaine. La démarche vise à faire émerger des écosystèmes industriels durables en cohérence avec les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre : -35% d’ici 2030, puis neutralité carbone en 2050.Au-delà de l’enjeu climatique, le programme Zibac est aussi « une opportunité économique », assure le préfet. « Décarboner, c'est réduire sa dépendance énergétique, améliorer son attractivité et anticiper les futures réglementations ». Une première phase structurée autour de 43 études Déposé en mai 2023 et sélectionné en janvier 2024, le projet Zibac porté par Chemparc entre dans sa première phase. « À partir d’aujourd’hui, on lance les études prospectives pour la phase 1 », déclare Hang Le Goff, cheffe de projet Zibac à Lacq. Cette phase s’étendra sur deux ans, avec un total de 43 études organisées en sept lots, pour un budget de 3,8 millions d’euros cofinancé à 50-50 par l’ADEME et par les industriels partenaires. Les études s’articulent autour de grands axes thématiques. Le lot 1, transversal, porte sur la gouvernance et la stratégie, sur l’ensemble de la durée de la phase. Le lot 7, en fin de parcours, visera à établir des trajectoires de décarbonation intégrant les résultats des travaux réalisés.À lire également - Electrification : Lacq attaqueLe lot 2 concerne les énergies bas-carbone, avec un cadastre solaire, une évaluation des besoins industriels en eau chaude et vapeur. Le lot 3 portera sur l’optimisation des flux et la valorisation, dont celle du gaz de Lacq. Le lot 4 s’intéressera aux solutions de capture, de valorisation et de stockage du CO2... « hors gisement de Lacq », précisent prudemment les intervenants, soucieux d'éviter un nouvel embrasement autour de la question extrêmement sensible du stockage de gaz carbonique dans les gisements gaziers déplétés du Béarn.Comment décarboner un site industriel ?Il existe deux approches de la réduction des émissions d'un site industriel, explique Sean Coq, référent décarbonation industrie à l'Ademe. La première : « travailler sur la consommation énergétique ». C'est, tout d'abord, réduire sa propre consommation, mais aussi « mutualiser les besoins et les moyens de production et de distribution de chaleur ». « Il faut lever le nez, regarder ce qui se passe autour de chez soi, les déchets des uns peuvent être la matière première des autres », insiste Sean Coq. Enfin, vient la question de l'optimisation du type d'énergie, en privilégiant « les énergies déjà existantes et non-délocalisables », comme la récupération de chaleur de fatale, puis les énergies renouvelables locales telles que la géothermie ou le solaire, et enfin l'électrification e la biomasse. La seconde approche se base sur la réduction de l'empreinte carbone du produit vendu au consommateur, et se base sur un diagnostic d'émissions, avant de mettre en place une stratégie globale de décarbonation. « Selon les priorités et les besoins des entreprises, l'une ou l'autre de ces approches peut être choisie », conclut Sean Coq.Ressources naturelles et infrastructures collectives La gestion durable de l’eau fait l’objet du lot 5. « Que va-t-il se passer quand il y aura des arrêtés sécheresse ? » interroge Hang Le Goff. Les études devront permettre un état des lieux de la ressource et explorer des alternatives, comme l’intégration de circuits fermés sur les différentes plateformes. Le lot 6, quant à lui, concerne les infrastructures industrielles : canalisations pour le transport d'hydrogène, d'oxygène et de CO2 entre les entreprises, mais aussi étude du potentiel de transport ferroviaire. L’objectif est de poser les bases d’un système interconnecté, capable de répondre aux futurs besoins logistiques et énergétiques du territoire. « Les coproduits de certaines sociétés peuvent être utilisés par d’autres, souligne la cheffe de projet. Il doit y avoir une synergie entre industriels, prendre en compte les besoins des uns et des autres ».À lire également - Bassin de Lacq : « l'image que l'on s'est bâtie porte ses fruits »Toutes les études seront mutualisées entre partenaires. « On va écrire 3-4 scénarios de décarbonation, précise Hang Le Goff, qui iront d’un scénario de réduction de 80% de réduction des émissions à un scénario sans réduction. Puis on définira ensemble une trajectoire, sachant qu'il faut décarboner sans mettre en péril les industries existantes. »À l'issue de cette phase d'études, viendra la phase deux, dite « d'accompagnement », qui permettra de mettre en pratique les projets identifié durant la première phase. Cette seconde phase, elle, durera cinq ans.

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