À Bidart, le sellier Voltaire Group passe à la semaine de 4 jours

Les 90 salariés de l’entreprise de sellerie Voltaire Group, installée à Izarbel à Bidart, commencent l’année avec un changement d’organisation de taille : désormais, ils ne travaillent plus que quatre jours par semaine. « Nous, on appelle ça le 4/100/100, lance Brice Goguet PDG du Groupe Voltaire. Quatre jours, 100% de résultat, 100% de salaires ».

Un pacte et un pari que s’est lancé le chef d’entreprise après une question lancée en CSE en juin 2022. « On nous demandait au vue du prix de l’essence si on pouvait passer à la semaine de quatre jours pour réduire les frais », se souvient-il. Sur le moment, il répond par la négative, « pour ne pas avoir des journées de 8h45 de travail », mais commence à se pencher sur la question. Il s’inspire de l’exemple du groupe LDLC, lyonnais spécialisée dans la vente informatique, dont le patron Laurent de la Clergerie a franchi le pas et communique largement sur le sujet, et décide de se lancer à son tour. Quelques collaborateurs le soutiennent immédiatement. « Je ne voulais pas le faire tout de suite, mais comme j’ai vu qu’il y avait un véritable attrait, j’en ai parlé à tout le monde en juillet », explique Brice Goguet.

Entre septembre et décembre, il a fallu s’adapter. Pour le chef d’entreprise, il ne s’agissait pas de faire travailler davantage et plus rapidement ses salariés sur les quatre autres jours. « C’était un enjeu de productivité ». En fonction des postes, il compte qu’il y avait entre 9 et 20 points de productivité à gagner.

Se concentrer sur les activités à valeur ajoutée

Pour commencer, un coordinateur a été désigné dans chaque service. Sa mission ? Définir les indicateurs qui font que l’entreprise réalise 100% de son résultat. « Et dès qu’on le mesure, ça s’améliore, c’est mécanique », explique Brice Goguet. Par ailleurs, selon lui, il s’agit aussi d’arrêter de perdre du temps, « avec un truc hyper mobilisateur, c’est qu’on gagne un jour par semaine ». De quoi motiver ses équipes, d’autant que côté cadre, il estime à 20% la productivité supplémentaire à aller chercher pour passer à la semaine de quatre jours. Il faut perdre moins de temps, et ne se concentrer que sur des activités « qui apportent de la valeur ajoutée à la boîte ». Un exercice qui passe, notamment, par la diminution du nombre de réunions.

Au fil des semaines, les services s’adaptent. La communication crée une boîte mail commune pour que tout le monde ait l’information, lorsque les uns et les autres sont en jour de repos. Côté production, l’atelier a été réorganisé pour limiter les déplacements inutiles. Quatre mois plus tard, c’est désormais chose faite. Sur les 90 salariés de l’entreprise de Bidart, seuls 4 sont restés aux 35h sur 5 jours. L’atelier de production ferme le vendredi. Pour la partie commerciale, et le reste des services, le jour en moins est tournant de façon à ce qu’il y ait toujours quelqu’un disponible pour le client.

Brice Goguet, confiant, a le sourire. « Le pari sera gagné si on arrive déjà à faire ce qu’on faisait en 35h, en 32h, ça serait un gain de six semaines dans l’année de repos pour tout le monde ». Car derrière le projet, le chef d’entreprise explique vouloir améliorer le cadre de vie de ses salariés. « On veut fournir un cadre pour que les gens se sentent bien, ça permet aussi d’attirer et de garder les talents ». L’entreprise se laisse cinq mois pour voir si la semaine de quatre jours fonctionne, et si c’est le cas, la maintiendra et l’étendra au reste du groupe.

Voltaire Group
Fondé en 2010
200 salariés dans le monde dont 90 à Bidart
CA: 25M€ à la fin du dernier exercice, en mars 2022
Prévoit de recruter entre 5 et 10 salariés en 2023.