Réseau Entreprendre Adour : « Les porteurs de projets restent optimistes et à l'affût de nouvelles opportunités » - Premium

Aujourd’hui, quel est votre diagnostic sur l’état de l’écosystème ?On vit une année 2023 d’incertitudes, comme l’a été l’année 2022, avec une série de mauvaises nouvelles économiques, et l’on n'arrive pas à savoir si l’on doit prendre cette incertitude avec plus ou moins d’inquiétude. Ce qui est certain, c’est que le premier semestre a été meilleur que ce que l’on attendait dans les entreprises. Et nous voyons même une veine d’optimisme pour créer des projets, alors même que l’on sent le contexte économique peser, que l’on voit des soucis d’exécution des plans de développement des entreprises que nous soutenons actuellement.Qu’est-ce qui inspire cet optimisme ?Nous sommes sur des tailles d’entreprise qui sont relativement petites, des PME-PMI. Ces entreprises sont mobiles, agiles, elles arrivent à tirer leur épingle du jeu dans un contexte qui reste incertain. Les porteurs de projets restent tous très engagés et optimistes, déterminés à saisir les opportunités.« La vague des services à la personne est en train de se calmer »Où se trouvent, aujourd’hui, ces opportunités ?On vient de passer une grande vague de projets de services à la personne. Cette vague, aujourd’hui, est en train de se calmer. Il y a encore pas mal d’opportunités dans le numérique et le service aux entreprises, avec la numérisation de fonctions qui étaient auparavant traitées de façon traditionnelle dans les entreprises. Le secteur manufacturier reste, lui aussi, porteur d’opportunités, mais plutôt projet par projet. On a une génération d’entrepreneurs qui aujourd’hui cherchent des repreneurs. Il y a donc forcément des opportunités de reprise. Le monde de la mer, de l’océan et de la glisse apporte quelques opportunités aussi, mais ça n’est pas une lame de fond.Quel bilan tirer de l’année 2022-2023 pour le Réseau Entreprendre Adour ?L’année 2023 n’est pas une grande année en termes de concrétisation des projets. Par rapport à notre ambition, sur la totalité de la région Adour, on avait pour ambition d’accompagner 25 projets. On est sur une année où l’on fera plutôt moins. Compte tenu des incertitudes économiques, nous avons demandé au comité de sélection d’être très vigilant sur les projets, pour éviter de faire prendre à l’association beaucoup de risques sur les défaillances potentielles.Les défaillances d’entreprises sont reparties à la hausse, nous sommes en train d’apurer la période post-covid. On a essayé de ne pas créer trop de projets qui vont générer des « entreprises zombies ». On est certainement passé à côté de quelques opportunités, on a certainement oublié de donner une chance à certains qui auraient pu passer le cap.... Mais je rappelle que nous soutenons aussi financièrement nos projets. Nos partenaires prennent des risques, l’association prend des risques, et nous avons nos limites.18 lauréats pour la promo 2022 du Réseau Entreprendre Adour On a quand même une activité qui reste soutenue, avec jusqu’à aujourd’hui plus de 150 contacts de projets là où d’habitude on en fait 240 dans l’année. Notre démarche n’est pas à l’arrêt. Mais la statistique s’étiole un peu entre les premiers contacts, la présélection et notre engagement dans un projet. On a aujourd’hui 53 projets actifs, c’est-à-dire des projets qui sont en cours d’analyse et qui devraient passer en comité d’engagement.« Nous avons aujourd'hui une génération de gens de mieux en mieux formés et informés, et qui veulent donner du sens à leur action »Vous allez fêter les 20 ans du Réseau Entreprendre Adour dans quelques jours. D’après votre expérience, la période d’incertitude que vous décrivez est-elle inédite ?Nous avons toujours connu de grandes périodes de ce type. Je me souviens du 11 septembre, qui avait fait basculer le monde dans l'incertitude. J’ai connu, quelques années plus tard, la faillite de Lehman Brothers et l’explosion de la bulle des subprimes. On a connu le covid, c’était le trou noir absolu, on ne savait pas quel serait notre futur… et certains imaginaient même qu’il n’y en aurait pas. Le Réseau Entreprendre tire son origine historique dans la crise du textile en France. Et aujourd’hui, dans le nord de la France, la filière textile est en train de renaître. Comme quoi, les années passant, on peut rester optimiste ! Même si on peut avoir entre temps des cycles difficiles à surmonter. Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est que ces cycles se raccourcissent. On passe de l'euphorie à l’inquiétude de façon plus rapide.Pour célébrer ses vingt ans, le Réseau Entreprendre Adour va se projeter encore vingt ans en avant. Alors, que va-t-il se passer d'ici 2043 ?Ce qui va se passer dans vingt ans, je n’en sais rien… Mais il y a une chose qui est sûre, c’est qu’il y aura toujours plus de gens qui voudront entreprendre, qui souhaiteront s’engager pour donner du sens à leur vie. Et c’est cela qui nous rend optimistes. Nous avons aujourd’hui autour de nous une génération de gens qui sont de plus en plus formés, de mieux en mieux informés, qui ont des outils remarquables autour d’eux, et qui ont envie d’utiliser tout ça pour se réaliser, pour donner du sens à leur action. Et ça, ça passe par l’entrepreneuriat. C’est l’un des outils majeurs pour atteindre cet objectif et donner du sens.On dit souvent que cette jeune génération est plus engagée sur les sujets sociétaux et écologiques. Constatez-vous ce phénomène auprès des jeunes entrepreneurs ? Oui, les quarantenaires, les trentenaires, les plus jeunes, sont particulièrement sensibilisés. Et contrairement à ce que l’on pense, ils ne prennent pas ça comme un élément de stress mais comme un champ d’opportunités. Ils ont bien compris que les cycles que nous, ma génération, avons créés, vont arriver à leur terme et ne peuvent plus perdurer. Cela se traduit par le fait que tous ont, dès en amont de leur projet, des préoccupations de RSE et d’engagement sociétal. Dans les projets manufacturiers, on a beaucoup de gens qui ont, dès l’origine, une logique de recyclage de matériaux, voire même de production à partir de matériaux recyclés. On a un très beau projet de deux jeunes femmes scientifiques qui sont en train de travailler sur le recyclage de l’air. On a des projets sur les mobilités douces. Et on ne voit pratiquement plus de projets sur l’automobile d’autrefois ou sur la recherche pétrolière... mais beaucoup plus de nouvelles énergies.« Nous voulons prendre en compte les évolutions sociétales dans notre gouvernance »Et dans un futur plus proche, quels sont vos projets pour l’année 2023-2024 ?Nous avons trois grands axes de travail. Tout d’abord, et c’est notre raison d’être, continuer d'essayer de faire éclore les projets qui le méritent et créer des employeurs. Ensuite, prendre plus soin de nos membres. Ce sont des gens qui sont entrepreneurs. Non seulement ils consacrent des budgets à notre association, mais en plus ils donnent de leur temps pour transmettre, animer ce réseau, accompagner de nouveaux entrepreneurs. Ils sont l’âme de notre association. Enfin, nous voulons prendre en compte dans notre gouvernance les évolutions sociétales notamment en termes d’entrepreneuriat féminin, mettre encore plus d’entrepreneuses dans nos instances dirigeantes. Voilà les trois points-clés. Le Réseau Entreprendre a la chance de pouvoir dire qu’après cinq ans de vie des entreprises qui ont été accompagnées, 93% d’entre elles sont encore actives et pérennes. En Adour on est même à 95%. Il faut que l’on reste là-dessus, y compris en période d’incertitude.

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