Ogeu-les-Bains : « L'industrie de l'eau dope notre village mais ne fait pas tout » - Premium

Partout où il se déplace dans le quart sud-ouest de la France, Marc Oxibar est étiqueté de l'emblème économique de son territoire : la marque d'eau minérale Ogeu. Maire d'Ogeu-les-Bains depuis 2020, ce fervent défenseur de l'économie soupèse le poids, énorme mais pas unique, du quatrième producteur français d'eau minérale sur son village, 1.300 habitants et 600 emplois environ, lové au pied de la vallée d'Ossau, dans les Pyrénées.Le cœur d'Ogeu-les-Bains bat-il au rythme unique de l'entreprise d'eau minérale ?Oui et non ! Oui, la Semo (Société des eaux minérales d'Ogeu) participe fortement à la structuration du tissu économique du village, et ce depuis plus deux siècles. Non car elle n'est pas la seule société importante. Rappelons que l'entreprise d'eau minérale est dans la même famille depuis 1820. Le docteur Casamayor, médecin à Oloron-Sainte-Marie qui, en 1820, décide d’acquérir les sources jusqu’alors détenues par l'État. À l'origine, il s'agissait d'une activité de thermalisme. Depuis le XVIe siècle, l'eau est connue pour traiter les maux d'estomac notamment. Le roi Henri IV réglemente l’exploitation des sources Ogeu. En 1945, la famille décide de changer de modèle économique et de se lancer dans l'eau minérale, d'abord gazeuse puis plate, en bouteille. Aujourd'hui, l'usine est plus mécanisée qu'autrefois évidemment. Elle compte environ 80 personnes sur le site d'Ogeu et les services supports se trouvent à Pau. La Semo confère à notre village son identité. Nous sommes un peu un « village-marque ». Si la société d'eau minérale donne son identité au village éponyme, d'autres entreprises, pourtant plus importantes en nombres de salariés, s'y développent. Comment font-elles leur place aux côtés de l'acteur historique ?Elles bénéficient justement de l'acculturation à l'économie que la Semo a engendré ici. Mon prédécesseur, Michel Lauronce (maire de 1977 à 2020) a développé l'accueil d'entreprises et industries, notamment par l'extension de zones artisanales et semi-industrielles. Les menuiseries JSE, Holight (qui a eu le marché de l'éclairage du métro parisien) ou Reborn (une pépite pour le recyclage de plastique) cherchaient du foncier accessible et l'ont trouvé à Ogeu-les-Bains parce qu'une politique d'accompagnement de l'industrie avait été déployée.À lire également : Découvrez « Héritiers », la nouvelle série de Placéco BéarnOgeu d'aujourd'hui bénéficie-t-elle encore de ce prisme économique ?Bien sûr, d'autant que l'équipe municipale actuelle conserve cette appétence et connaissance de l'économie. En 1986, la filiale France d'une entreprise américaine cherchait à s'implanter dans la région. Elle venait de racheter le brevet de fonderie à cire d'une usine d'Arudy. Michel Lauronce leur a cédé le terrain (c'était possible à l'époque). Aujourd'hui, PCC embauche et compte 350 personnes dans ce secteur de la fonderie pour l'aéronautique. C'est le plus gros employeur du territoire. Au rang de l'économie induite par la Semo, on peut rajouter les plombiers, électriciens, maçons, etc. Sans compter toute l'activité engendrée par la vie quotidienne des salariés : commerces de proximité, écoles, etc. En fait, c'est un petit écosystème qui s'est construit autour d'Ogeu la marque d'eau, à Ogeu le village.À lire également : Pourquoi la ligne Pau-Orly n'est pas un caprice de François BayrouOutre l'emploi, quels sont les intérêts pour la commune ?Grâce à la taxe professionnelle, le village a pu se développer sans s'endetter, sans peser sur la fiscalité des ménages, qui, du coup, est assez basse. Depuis 2003, le développement économique est géré par la communauté de communes du Piémont Pyrénéen. Les recettes pour la commune n'augmentent pas, elles sont partagées, c'est cela la solidarité de territoire. À Ogeu, nous avons la Semo et PCC, Oloron a Lindt et Bidos a l'activité des trains d'atterrissage (Safran, Messier-Dowty). Les recettes s'élèvent à 600.000 euros pour la communauté de communes. Et puis, les entreprises rendent au territoire ce que celui-ci lui apporte. Par exemple, PCC a financé 25% du voyage de 30 enfants de l'école aux Jeux Paralympiques à Paris. Comment définissez-vous le périmètre de votre rôle de maire dans l'économie du territoire ?Je pense que le maire doit être un facilitateur. Il accompagne l'installation et le développement des entreprises. Mais il ne peut pas le faire seul. Comme son statut lui confère des entrées dans l'administration, il peut, (doit) être un lien pour créer ce que j'estime être le triptyque nécessaire au développement de l'industrie respectueuse de l'environnement : les industriels, les collectivités et l'Etat. Pour qu'un projet d'industrialisation vertueuse avance, il faut de la confiance entre ces trois acteurs.

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