L’incertitude grippe l’économie néo-aquitaine - Premium

D’un « naturel optimiste », Patrick Seguin n’a pu totalement lutter contre la pente. Aux côtés de Marie-Agnès de Montbron, directrice régionale de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, le président de la CCI Bordeaux Gironde n’a pas eu « beaucoup de nouvelles positives à partager » lors de la présentation des résultats de l’enquête annuelle de conjoncture des entreprises régionales. Et d’immédiatement rapporter cette statistique : 21%. Soit la hausse de procédures collectives l’an dernier (sur la Gironde), portant leur nombre à 2.131. « La hausse se poursuit en 2025 », relance-t-il, évoquant un autre indicateur qui résume bien la situation : en un an, la vacance commerciale sur Bordeaux a doublé, passant de 6 à 12%.En France, la croissance resterait positive en 2025. Crédit : Banque de FranceAu-delà du contexte mondial - croissance qui reste faible, bascule politique aux USA… - CCI et Banque de France se rejoignent sur un constat. « Ce qui complique beaucoup le paysage, c’est l’incertitude, dont le niveau n’a jamais été aussi élevé depuis la crise covid », analyse Marie-Agnès de Montbron. « Comment se projeter ? Il faut que les politiques se rendent compte qu’ils sont en train de condamner un grand nombre d’entreprises à cause de leur positionnement purement politicien », rebondit Patrick Seguin.L'inflation s'inscrirait durablement sous le seuil des 2%. Crédit : Banque de FranceConséquence : la confiance des chefs d’entreprise néo-aquitains en l’économie nationale est en berne, dégringolant à seulement 14% à fin 2024. Dans ce cadre, « l’investissement des entreprises, où le pessimisme est plus marqué qu’en septembre dernier, devrait marquer le pas en 2025, mais devrait repartir en 2026 et 2027 », prédit la directrice régionale, alors que la Banque de France vient d’abaisser d’un point ses prévisions de croissance pour l’année en cours.Indicateur national d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture. Crédit : Banque de FranceL’aéronautique survole, désinvestissement dans la constructionNombre de secteurs de l’économie régionale souffrent de la conjoncture, notamment la construction évidemment (cf infra), mais aussi l’agroalimentaire et la filière viti-vinicole ainsi que la sous-traitance automobile, avec des effectifs et chiffres d’affaires globalement en baisse sur 2024, même si les projections semblent meilleures pour 2025, avec des prévisions globales de hausse du chiffre d’affaires ( 2,6%) et des effectifs ( 0,4%). A contrario, le secteur aéronautique régional se positionne comme « le véritable moteur de la croissance » en Nouvelle-Aquitaine et, grâce à de copieux carnets de commandes, « devrait poursuivre sa dynamique en 2025, si le défi du recrutement est relevé ».Sur le secteur des services marchands, alors qu’une progression d’1,8% du chiffre d’affaires était anticipée en milieu d’année, l’atterrissage se situe finalement à 0,6%. L’espoir de rebond subsiste, avec une projection de 2,5% pour 2025. Alors qu’une hausse des effectifs ( 1,4%) était prévue pour 2024, l’année s’est finalement conclue en baisse de 0,3% sur ce plan. Là encore, les professionnels tablent sur une amélioration pour 2025, anticipant des effectifs globalement en hausse de 0,6%. Sur le ressenti des chefs d’entreprise quant à la rentabilité de leur activité, si le solde d’opinion est négatif pour 2024, la projection s’inverse pour l’année 2025.Le secteur de la construction reste à la peine, avec notamment le gros œuvre qui subit la dégringolade des mises en chantier de logements individuels et collectifs. Si le segment des travaux publics est globalement stable, le second œuvre est en recul, en raison des changements réglementaires sur MaPrimeRenov’ et de la diminution du nombre de transactions sur les logements anciens. Aussi, dans le secteur de la construction, les investissements ont reculé de 23% l’an passé. Une nouvelle baisse de 20% est anticipée pour l’année en cours. Si la rentabilité des entreprises régionales de la construction s’inscrit en baisse sur 2024, le solde d’option sur les projections 2025 sont légèrement positifs, même si deux tiers des répondants n’espèrent pas mieux que la stabilité.

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