Législatives : le monde patronal veut des réponses et de la stabilité pour « définir un cap » - Premium

Rendez-vous était donné dans les locaux de l’INSEEC, quai des Chartrons. À l’initiative du Medef et de la CPME Gironde, ainsi que de l’U2P, 16 fédérations et organisations professionnelles étaient réunies pour faire passer un grand oral aux trois premières forces politiques des législatives. Trois candidats, trois hommes, se sont ainsi adressés à un public attentif : Jimmy Bourlieux, candidat RN de la sixième circonscription (Mérignac) ; Thomas Cazenave, député sortant Renaissance, ministre des Comptes publics et candidat de la première circonscription (Bordeaux-Bruges-Le Bouscat) ; et Stéphane Delpeyrat, maire de Saint-Médard-en-Jalles, candidat suppléant de Marie Récalde pour le NFP dans la sixième circonscription. « L’idée d’un grand oral nous a paru extrêmement bonne, pour essayer de comprendre essentiellement la partie économique des différents programmes, et pour pouvoir discuter directement avec les représentants de ces différentes familles politiques », a expliqué en préambule Mathias Saura, président du groupe Géosat et du Medef de Gironde. L’objectif : tenter de dégager un cap, entre les déclarations nationales des uns et des autres. « Le facteur clé de la réussite économique passe par la confiance », a ainsi souligné Cécile Despons, présidente de la CPME de Gironde.Trois visions nettement différentes... Inutile de dresser un résumé exhaustif des échanges. Après un temps de tribune libre, les candidats ont dû répondre à de nombreuses questions dont le seul point commun était parfois de concerner l’économie. Leviers pour soutenir l’exportation des vins, emploi de main-d'œuvre étrangère dans le bâtiment, ou encore lutte contre le tabac de contrebande : chaque fédération était soucieuse de défendre ses intérêts. De leurs côtés, les auditionnés n’ont pas épargné leurs adversaires. « Je pense que le macronisme est mort dimanche soir », a ainsi lâché Jimmy Bourlieux, défendant la volonté d’un « redressement national », qui passerait par plusieurs éléments tels qu’une stabilité fiscale, la création d’un fonds souverain français ou un grand audit des comptes publics. Thomas Cazenave, de son côté, s’est targué d’un bilan gouvernemental faisant la part belle à la réindustrialisation et à la baisse du chômage : « Depuis sept ans, l’économie de notre pays et ses entreprises ont pu compter sur une majorité qui les a toujours soutenues. » Et de citer France 2030, ainsi que les sociétés en question (parmi lesquelles Toopi Organics ou HyPrSpace). Pour Stéphane Delpeyrat, enfin, l’Europe et plus particulièrement la France, souffrent d’un déficit de compétitivité sur lequel il faut œuvrer. Une situation due principalement « à un problème de positionnement ». « Depuis 2007, notre pays a fait du yoyo fiscal et réglementaire. Or nous avons besoin de stabilité pour faire fonctionner l’économie », a-t-il affirmé.... mais un soutien à l'industrie Durant les deux heures et demie d’auditions, plusieurs thématiques se sont imposées comme toile de fond des échanges. La réforme des retraites, l’énergie… et en premier lieu l’industrie, indispensable au pays selon les trois candidats, qui ne partagent néanmoins pas le même avis sur le fond. Pour Jimmy Bourlieu, il faut une politique transversale allant de la suppression de la ZAN (zéro artificialisation nette) à un plus large accès aux capitaux. Le candidat RN assume une position tranchée sur l’environnement : « Je considère que l’écologie ne doit pas nuire à l’économie. Je pense même que l’économie est peut-être prioritaire sur l’écologie. » Et de réaffirmer sa vision du localisme : « Je préfère avoir une entreprise qui n’est peut-être pas la plus propre au monde, mais qui est à 40 kilomètres de chez moi, plutôt qu’une entreprise qui nous fournit des produits construits en Chine. » Questionné par Bordeaux Négoce au sujet des mesures à adopter pour soutenir l’export, le candidat RN a préféré se concentrer sur l’import, affirmant vouloir « réarmer nos entreprises » face à des produits étrangers - des vins en l’occurrence - beaucoup moins onéreux. Quant au risque de sanctions étrangères, en cas de durcissement des normes d’importation ? « Tous nos grands concurrents internationaux sont déjà en train d’appliquer des mesures de rétention contre l’économie française et européenne, de manière générale », a botté en touche Jimmy Bourlieux. Thomas Cazenave, lui, a encore défendu le bilan de la majorité sortante. Loin de faire un « mea culpa » sur de possibles rendez-vous manqués, il a avancé le nombre de 140.000 emplois industriels créés depuis sept ans, et 377 usines ou lignes de production ouvertes entre 2022 et 2023. « Nous réindustrialisons le pays, nous renforçons notre souveraineté », a-t-il martelé. Et de préciser avoir la conviction que la bataille industrielle et économique « se joue au niveau européen » pour « faire face aux Etats-Unis et à la Chine ». Quant à Stéphane Delpeyrat ? « Pour moi, l’enjeu majeur est la souveraineté industrielle. Si on veut rester un pays fort, qui compte, il faut réindustrialiser rapidement notre pays. Et cela demande des investissements importants. » Rebondissant sur sa métaphore du yoyo, le suppléant NFP veut flécher ces investissements vers de la R&D, des fonds propres ou des projets plus vertueux pour les industriels, plutôt que de s’emparer des leviers fiscaux. Une réponse portée devant un parterre de dirigeants, ayant parfois plus l’impression d’entendre l’avis de Stéphane Delpeyrat, plutôt que la ligne officielle du Nouveau Front Populaire. À l’issue de ces auditions, si chacun a égrené ses propositions, tous s’accordaient sur un élément majeur : quel que soit le résultat du 7 juillet au soir, il faudra aller de l’avant, et apporter très vite de la stabilité aux acteurs du monde économique.

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