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Le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine dit stop à « la surenchère réglementaire »

Écosystème
jeudi 13 juillet 2023

Marc Prikazsky, PDG du groupe libournais Ceva Santé Animale. Crédits : Ceva

Alors qu’en 2024, la nouvelle directive européenne CSRD entrera en vigueur pour renforcer le reporting extra-financier des entreprises, le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine a réalisé une enquête auprès de ses adhérents. Si 9 répondants sur 10 déclarent accorder une importance majeure à la transition écologique, 60% disent avoir besoin d’aide pour mettre leur entreprise en conformité avec les nouvelles normes.

Être davantage accompagnés par les pouvoirs publics pour accélérer la transition environnementale des entreprises de taille intermédiaire. C’est l’appel lancé par le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine, qui dévoile une enquête réalisée récemment en interne. Sur les 130 dirigeants adhérents, 45 y ont répondu, dont 85% comptent entre 500 et 1.500 salariés. Et selon le sondage, 93% des répondants « accordent une importance majeure à la transformation écologique ». « Le message que l’on veut faire passer, c’est que l’on n’a pas besoin de nous dire ce qu’il faut faire pour que l’on en ait conscience, commente à Placéco Marc Prikazsky, PDG du groupe libournais Ceva Santé Animale, et président du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine. On est des citoyens comme les autres, très fortement attachés à notre territoire, et on est dans l’action. »

Selon l’enquête, près de la moitié des répondants ont formalisé des démarches RSE depuis moins de deux ans, démarches majoritairement tournées vers trois thématiques : la gestion des déchets (pour 91% des ETI interrogées), l’énergie (pour 89%) et le bilan des émissions carbone (pour 64%). « On est particulièrement sensible à ces problématiques, qui nous ont durement impactés en termes de coût. Ce qui s’est passé avec la crise de l’énergie a très clairement eu un effet booster, il a fallu sécuriser l’approvisionnement en énergie, la contrôler et réduire nos dépenses », poursuit Marc Prikazsky.

Aider financièrement et  administrativement

Selon le Conseil national de l’industrie, la décarbonation de l’industrie française se chiffre à 50 milliards d’euros. Un « mur d’investissements » érigé devant les ETI, selon le PDG de Ceva Santé Animale qui prône la fin d’une « surenchère réglementaire ». « Il faut que ces investissements permettent d’améliorer la compétitivité des entreprises, pour qu’elles deviennent davantage concurrentielles. On a bien compris que l’Europe est en avance sur tout en matière de réglementation, ce qui crée une vraie tension sur les entreprises. Si on est les seuls à le faire, ce qui est le cas, et qu’on traîne ce genre de normes pendant cinq ans avant d’impacter les importations concurrentes, ça ne contribue qu’à tuer l’économie. Donc oui, pour assumer tout ça, il faut un coup de main de l’Etat. »

Si l’aspect financier reste le premier frein à la transformation, selon les ETI néoaquitaines interrogées, les freins technologiques et administratifs sont respectivement cités par 19 et 17% des répondants… Ce qui fait dire à Grégoire Le Taillandier, délégué général du Club des ETI depuis le début d'année, qu’il faut un accompagnement sur ces trois volets. « Si un chef d’entreprise souhaite développer les énergies renouvelables sur un site industriel, au-delà du coût important, ce sont des mois ou des années de négociations administratives pour mettre en place le projet », commente-t-il. Et Marc Prikazsky de renchérir : « Il faut aussi assouplir la CSRD [ndlr, directive européenne pour renforcer le reporting extra-financier des entreprises]. Quand on parle de biodiversité, personne n’est capable de la mesurer aujourd’hui ! Ça part d’un bon sentiment, on veut simplifier les choses notamment sur l’empreinte carbone… Mais par rapport à quels critères ? Si une entreprise voit ses émanations de CO2 en hausse de 10%, vous lui dites quoi ? D’arrêter ? C’est la décroissance ? » Ainsi, selon le Club des ETI, près de la moitié des répondants découvrent seulement la CSRD, 60% disent avoir besoin d’aide, et 16% seulement ont entamé leur mise en conformité, alors que la directive entrera en vigueur au 1er janvier 2024.