En Soule, l’entreprise de caoutchouc Emac transmise à ses managers - Premium

À Viodos-Abense-de-Bas dans la Soule, la transmission est au cœur de l’histoire d’Emac. Et pour cause, l’entreprise a été (encore) transmise, le 11 septembre dernier, à ses salariés. « C’est un projet que mon associé Pierre Lalanne et moi avions depuis longtemps, dans la continuité de la façon dont on a repris l’entreprise en juillet 2006 », présente Didier Chauffaille, désormais ancien dirigeant. La PME spécialisée dans la conception et la production de mélanges de caoutchouc techniques sur mesure, a d’abord vu le jour dans les années 1950. Créée sous le nom de Subero par deux cousins, Bernard Supervielle et André Berrogain, elle sera d’abord reprise par leurs fils respectifs en 1983. « Pierre Lalanne était le comptable et le directeur financier de la société depuis 1993, il est toujours resté le financier de la partie, reprend Didier Chauffaille. Moi je suis arrivé en 2001 en tant que salarié, j’étais plutôt sur la partie industrielle, la stratégie, la recherche, l’usine… J’avais déjà dans l’esprit de reprendre l’entreprise. Ça s'est fait à deux. » Aujourd’hui, la société compte 90 salariés pour un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros. Alors, au moment de la retraite, il était évident pour le binôme de transmettre la société aux salariés. À cinq cadres historiques chargés du management, ayant entre 11 et 20 ans d’ancienneté. « Ce sont des gens bien, plus ou moins du cru, c’était relativement intéressant alors pourquoi aller chercher ailleurs ? » Pour les repreneurs, « l’intérêt commun avec les cédants était de pérenniser l’entreprise et de contribuer à son développement tout en maintenant l’emploi sur le territoire », explique de son côté Cyril Sublime, désormais directeur général d’Emac. Après plusieurs années de processus, et des mois de discussions sur les modalités de reprise et de financement, l’affaire a finalement été scellée : l’équipe de management a repris les rênes dans le cadre d’un MBO (management buy-out), avec le soutien du régional Aquiti via son fonds NACI 1.Conquérir de nouveaux marchés... et pousser les murs ? L’histoire de la PME s’écrit désormais à cinq voix. L’ambition première de l’équipe dirigeante est de se renforcer sur plusieurs marchés, comme l’explique Cyril Sublime : « Nous avons une part non négligeable dans l’automobile, mais depuis une dizaine d’années nous essayons d’en développer d’autres. La cosmétique, la pharmaceutique, le médical, ou encore le luxe, le jouet et le chaussant, notamment des bottes. L’idée est de diversifier notre panel de clients, pour mieux lisser des périodes de baisse d’activité lorsqu’il y en a. » Pour cela, Emac recrutera dans les mois à venir un profil technico-commercial, qui épaulera ainsi Cyril Sublime. En parallèle, la société envisage de pousser les murs de son site actuel, sur lequel elle commence à manquer de place. Ensuite, à plus long terme, les dirigeants aimeraient se positionner sur le recyclage des déchets, notamment des rebuts de leurs clients. « Il y a déjà des actions existantes, mais on ne sait pas trop quoi faire des déchets de caoutchouc. L’idée sera de travailler avec nos clients pour récupérer, retraiter et réinjecter dans le circuit », détaille Cyril Sublime.La RSE restera dans l'ADN d'Emac Durant presque 20 ans, Didier Chauffaille et Pierre Lalanne se sont attachés à rendre l’entreprise plus responsable. Très engagé dans le développement durable, Didier Chauffaille a inscrit Emac au Pacte mondial de l’ONU en 2009, et a été lauréat France pour les Pionniers des ODD en 2024. Un engagement partagé par les nouveaux associés ? « Bien sûr, cela fait partie de notre ADN. Des actions ont déjà été réalisées pour réduire notre consommation d’eau, de gaz et passer sur des énergies plus vertueuses ; nous continuerons dans cette voie. La RSE sera peut-être moins visible de l'extérieur, mais cela se ressentira auprès des salariés, c’est le plus important », répond le nouveau directeur général.À écouter : Dinamika #13 - la RSE en caoutchouc de chez EMAC D’ici trois ans, Emac espère voir son chiffre d’affaires grimper à 27 ou 28 millions d’euros, soit 7.000 tonnes de produits fabriqués et commercialisés chaque année. Un objectif raisonné, dans un secteur tributaire du contexte économique. « Nous avons une activité très récurrente, avec des clients présents depuis dix, 20 ans parfois ; mais en matière de carnet de commandes, notre visibilité ne dépasse pas trois ou quatre semaines », explique ainsi notre interlocuteur. De leur côté, Didier Chauffaille et Pierre Lalanne ne se désengagent pas totalement de l’entreprise. S’ils ont préparé la transmission au mieux et ne s’impliquent plus opérationnellement, les anciens dirigeants ont réinjecté de l’argent dans l’entreprise en tant qu’investisseurs. « On sortira de cette belle aventure a priori dans sept ans, au même titre qu’Aquiti », conclut Didier Chauffaille. Qui de son côté entend poursuivre sa route sur un chemin qui lui tient à cœur : celui du développement durable et de la RSE. EmacSAS fondée en 1981Siège : Viodos-Abense-de-Bas90 salariésCA 2024 : 24 M€

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