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FFB des Landes : « Ce projet de loi de finances va se traduire par une forte hausse des coûts »

Landes Attractivité
mardi 15 octobre 2024

Didier Massy et Mélanie Maucoronel dans les locaux de la FFB Landes, à Dax. Crédits : Lauriane Negron

Comment se porte la filière du bâtiment du département ? Didier Massy, président de la FFB des Landes oscille entre optimisme et scepticisme. Si, selon lui, les métiers évoluent, et si certaines innovations viennent soulager le quotidien des entrepreneurs du secteur, le contexte politique et certaines conséquences du changement climatique pèsent sur les entrepreneurs. Explications avec Didier Massy et Mélanie Maucoronel, secrétaire générale de la FFB des Landes.

La semaine dernière, vous avez invité quelques centaines de collégiens à visiter un chantier à Haut-Mauco, jeudi 10 octobre. Quel était le but de cette immersion ?
Didier Massy : Effectivement, nous avons reçu 300 collégiens issus de huit établissements landais pour leur faire découvrir l’envers du décor de la construction. L'objectif était simple : faire en sorte que les jeunes pénètrent sur nos chantiers pour qu'ils comprennent ce que l'on fait, pour qu'ils voient concrètement les différents corps de métier qui existent, même si tous ne sont pas représentés sur un seul chantier évidemment. Vous n'êtes pas sans savoir que le bâtiment a quand même été décrié. Les métiers manuels en général ont été décriés pendant de nombreuses années. Donc notre travail, aujourd'hui, c'est de changer, autant que possible, ce regard. Certains chefs d'entreprises nous ont fait part de leurs difficultés de recrutement, ce n'est pas nouveau, c'est même de plus en plus compliqué ; et c'est cette génération qui arrive, et les suivantes, qui représentent l'avenir de notre filière. Clairement, à mon sens, nous devons miser sur les jeunes.

Des exosquelettes pour porter des charges lourdes

Avez-vous eu des retours des étudiants qui sont venus lors de cette visite ?
DM : Non pas directement, mais nous avons eu des questions intéressantes, notamment sur nos matériaux et sur notre capacité à nous adapter au changement climatique. Cette génération ne voit pas les choses comme nous les voyons et c'est pour ça qu'il est intéressant pour nous, de leur faire découvrir ce qu'on fait concrètement, et de leur montrer qu'ils peuvent apporter leur pierre à l'édifice. Aujourd'hui, le message qu'on veut transmettre c'est que le bâtiment peut être une voie intéressante et qu'il y a de réelles opportunités de carrière derrière. Car effectivement, par ces visites, on montre l'évolution du bâtiment, tant au niveau des modes de travail, que des méthodes de construction. De nombreux matériaux ont évolué, même s'il reste encore beaucoup à faire. Certains systèmes ont été mécanisées, ce qui fait que physiquement, aujourd'hui, les métiers du bâtiment sont des métiers beaucoup moins durs. Certaines innovations sont apparues, comme l'utilisation d'exosquelettes pour aider les salariés à porter des charges lourdes. C'est une innovation vraiment intéressante. Il n'en demeure pas moins que ce sont des métiers qui restent durs. Mais nous souhaitons aussi mettre en avant le fait que les métiers manuels, quels qu'ils soient, ne sont pas forcément des voies de garage.

Les pratiques, mais aussi les voies d'accès à ces métiers évoluent ?
DM : Oui, aujourd'hui, de plus en plus de jeunes se tournent vers la formation ou font le choix de l'apprentissage mais aussi de l'alternance. Je suis un fervent défenseur de l'alternance. Je crois, et je le répète depuis des années, que l'alternance est une planche de salut pour la jeunesse, car elle permet de quitter le monde éducatif pour le monde du travail. C'est une passerelle parfaite à mon sens. Mais c'est une planche de salut pour l'entreprise aussi, parce que pendant ce laps de temps où l'étudiant est en immersion, l'entreprise peut avoir des jeunes sur site qui vont se nourrir de ce qu'ils verront au quotidien et qui peuvent devenir ensuite, des salariés opérationnels très rapidement.

Mélanie Maucoronel : C'est ce que nous expliquons aussi aux étudiants, c'est qu'ils peuvent aussi, grâce à cette filière du bâtiment, devenir leur propre patron. Ce n'est pas une obligation, mais une possibilité. Et c'est une graine que nous plantons, dans l'espoir, ensuite, de faire naître des vocations. C'est ce qu'on a fait avec ces 300 étudiants. Et on avait parmi ces jeunes, autant de jeunes filles que de garçons. Et aujourd'hui, même si on ne voit pas les femmes arriver en masse dans nos métiers, on les voit évoluer à d'autres postes : dans des bureaux d'études, dans des métiers connexes autour du bâtiment. Et on tient à dire qu'il y a de la place pour les femmes. Avant, elles évoluaient toujours dans les mêmes métiers, plutôt administratifs. Aujourd'hui, il y a un développement. Et la féminisation des métiers fait que, on cherche des solutions. Et ces solutions là profitent à tous. En fait, pour adapter le cadre de travail, par exemple pour porter des charges lourdes, on change les process et ça permet aux femmes de peut-être s'intéresser davantage à ces métiers. Ça permet aussi aux hommes qui sont dans ces métiers de moins se casser le dos.

« La croissance va en pâtir »

La semaine dernière, vous aviez également un autre événement annuel : l'Assemblée Générale de la FFB des Landes. Qu'en est-il ressorti ?
DM : Il y a quelques jours, le gouvernement a finalement rendu sa copie en présentant son projet de loi de finances 2025. Et je crois que pour le coup, nos ministres auraient pu et surtout auraient dû prendre un peu plus le temps de la réflexion. Parce qu'ils n'ont pas compris, à mon sens, la réalité du terrain depuis leur cage dorée. De nombreuses mesures pèsent sur les épaules des entrepreneurs de la filière du bâtiment : augmentation du coût de l'embauche d'un apprenti, augmentation des charges au niveau du SMIC, transfert vers les entreprises d'une partie de l'indemnisation des arrêts maladie, disparition du crédit d'impôt, abattement en cas de transmission… Concernant le bâtiment, plus précisément, la question de la rénovation énergétique subit également un violent revers. En témoigne MaPrimeRénov' dont le budget devrait baisser d'un milliard d'euros par rapport à 2024. D'autant qu'on ne connaît pas encore les conditions d'obtention pour 2025. Rappelons nous quand même que le logement est un droit constitutionnel. L'État a le devoir de prendre en compte la difficulté des familles à vivre dans des passoires thermiques où les températures sont désormais aussi indécentes l'hiver que l'été. De façon générale, ce projet de loi de finances va se traduire par une forte hausse des coûts pour nos entreprises. Les conséquences seront lourdes pour l'activité économique et la croissance va en pâtir. C'est une certitude. Aujourd'hui, les Landes enregistrent une baisse d'activité de 15%. Une baisse qui est générale grosso modo sur tout le pays. Précision malgré tout : nous sommes les moins mal lotis, face au Pays basque qui enregistre une baisse 35 % de et la Gironde de 40%.

Concrètement, quelles décisions attendez-vous du gouvernement ?
DM : Il y a quatre choses qu'on voudrait : le rétablissement du prêt à taux zéro universel partout, dans toutes les formes urbaines, parce qu'aujourd'hui, il n'était qualifié que pour certaines zones. Il y avait un zonage. Il faut arrêter ça. Autre demande : la progression du pinel dans sa version 2022, parce qu'aujourd'hui, on l'abandonne et on ne met pas en place d'autres dispositifs. Également, le glissement des étapes à venir de la RE2020 (nouvelle réglementation énergétique et environnementale de l'ensemble de la construction neuve). Et MaPrimeRénov'. A mon sens, il faut modifier les conditions d'accès l de ma MaPrimeRénov'. Parce que la rénovation est pour l'instant une nécessité pour beaucoup de villes.

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