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Comment êtes-vous devenue pompier ?Je suis fonctionnaire publique territoriale, j’ai passé un concours. J’ai commencé à travailler à Paris, au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité civile. J’avais une obsession et une passion : la menace terroriste, notamment avec des risques chimiques. À l’époque, le 11 septembre n’avait pas encore eu lieu. La mise en œuvre des secours n’était pas très claire, on ne savait pas bien qui devait intervenir. Et la règle première, c’est que, lorsqu’il y a une crise, les plus armés, ce sont les sapeurs-pompiers. C’est comme ça que je suis arrivée aux pompiers. Je suis peut-être une exception. En général, on les voit tout petits tourner autour des casernes, on voit beaucoup de passage, de jeunes : c’est ce qui fait notre force. Moi, c’est le hasard, je suis entrée par cette spécialisation, j’ai passé le concours de lieutenant de sapeurs-pompiers professionnels.À quoi ce concours ressemble-t-il ?Il y a un côté physique : on doit pouvoir effectuer toutes les missions, l’urgence, le secours à la personne, qui sont des missions physiques et techniques. Ensuite, il y a des épreuves écrites.Les risques des Pyrénées-AtlantiquesVous avez été attirée par les enjeux du risque terroriste. Y avez-vous été confrontée dans votre carrière ? Fort heureusement, non. Par contre, c’est une préparation qui est entièrement intégrée dans notre réponse de secours. Quand on est dans un département, le premier travail que l’on fait, c’est d’analyser les risques pour voir comment on les couvre et comment on y répond. Dans les Pyrénées-Atlantiques, on pense à la côte atlantique : le risque nautique, les risques d’inondation, le risque d’incendie, d’effondrements de structures… Il y a aussi les menaces. Quand on a un événement festif comme les Fêtes de Bayonne, avec un million de visiteurs, forcément, ce qui nous inquiète, c’est le mouvement de foule, un acte terroriste, et nous devons nous y préparer. On forme nos sapeurs-pompiers pour être en mesure de répondre. Donc, confrontée, heureusement non ; mais prête, oui. Nous devons l’être.À lire également - LauguiConcept pose ses valises à LacqLe terme de « risque chimique », ici, fait écho à la zone industrielle de Lacq. Elle dispose de sa propre force de pompiers spécialisés, à la SOBEGI. Comment fonctionne le dispositif ? L’idée première de la sécurité sur le plateau de Lacq, c’est que l’industriel doit être en mesure d’apporter une réponse au risque qu’il engendre sur son site. Cette réponse est organisée avec la SOBEGI : ce sont des équipes de première intervention, qui sont formées. L’organisation interne, c’est la première mesure de sécurité. À partir du moment où ça déborde de l’emprise du site, nous arrivons en renfort. Mais il ne faut pas perdre de temps, il faut que nous nous connaissions, que nous travaillions ensemble. On fait des exercices une fois toutes les deux semaines, où l’on envoie un officier de liaison, qui est directement sur place et peut proposer notre concours technique, notamment pour le secours aux victimes. Notre fonctionnement, c’est toujours une montée en puissance. Donc, pour un site industriel comme le plateau de Lacq, l’idée est d'être autonome dans la mesure du possible, faire les premiers gestes, confiner, bloquer, et après être prêts à réagir immédiatement pour qu’il n’y ait pas de rupture de la chaîne de secours.Discipline et managementVous avez 2.00 personnes ici. Cela fait de vous l’un des premiers employeurs de la ville ?On n’est pas leur employeur, car ce ne sont pas des salariés, la plupart sont volontaires. Mais on les forme, on compte sur eux, et on assure leur protection, y compris sociale. D’une certaine manière, oui : cela représente un gros volume de management, de gestion des ressources humaines et opérationnelle.À lire également - Comment Cubao veut grandirVous êtes fonctionnaire, vous avez un grade militaire, vous employez un mélange de fonctionnaires et de volontaires issus du privé… Comment gère-t-on tout cela ? Quelle est la culture du SDIS ?Il n’y a pas de discipline militaire. Ce que nous avons pris de l’Armée, ce sont les grades. Ça compte, sur une intervention. Opérationnellement, on ne manage pas, on commande. On ne peut pas se permettre de tergiverser, de discuter : on donne des ordres et tout le monde sait ce qu’il a à faire. Sur tout le reste, le fonctionnement quotidien, nous sommes dans un rôle managérial, où il faut être à l’écoute, car la société évolue, nos sapeurs-pompiers aussi, qu’ils soient volontaires ou professionnels. C’est un vrai enjeu pour tous les SDIS de France : comment fidéliser, comment maintenir l’engagement de nos volontaires ? En 2025, les jeunes qui viennent nous voir s’engagent pour, peut-être, sept ou dix ans. Ils ont envie de tout donner, et puis, au bout d’un moment, ils disent « c’est bon, j’ai fait ». Alors qu’auparavant, on les avait pour 40 ans ! Mais ce n’est pas grave, s’ils ont été pompiers volontaires pendant sept ou dix ans, ils garderont quelque chose en eux, ils donneront peut-être envie à d’autres, et peut-être qu’un jour ils reviendront.

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