Teréga fait le bilan d'une année 2024 « charnière » - Premium

L’année 2025 s’est ouverte sur un moment charnière pour Teréga, avec la fin du mandat de Dominique Mockly après neuf années à la tête de l’entreprise, et l’arrivée de Carolle Foissaud, nommée présidente-directrice générale le 28 mai. Quelques jours plus tard, Aurélie Oyharcabal prenait ses fonctions en tant que directrice des finances, des achats et du juridique après une longue période d’intérim. « Deux nouvelles têtes pleines d’enthousiasme et d’énergie, résume Carolle Foissaud en ouverture de la conférence annuelle. 2025 sera une année symbolique : celle des 80 ans de Teréga, mais aussi celle de la continuité. Nous réaffirmons nos fondamentaux, à commencer par la sécurité, la décarbonation et notre rôle dans la réindustrialisation du pays. »À lire également - Dominique Mockly : « Faire le job d’aujourd’hui tout en préparant les infrastructures de demain »Cette volonté de continuité se retrouve dans le suivi du plan stratégique Gaïa 2035, qui vise à faire de Teréga un opérateur de référence pour les gaz renouvelables et bas carbone. « Nous entrons dans une phase de consolidation des premiers résultats du plan », précise la dirigeante. Satisfecit sur la sécurité et la décarbonationPremier axe structurant, la sécurité au travail affiche un bilan record. Le taux de fréquence des accidents est tombé à 0,6 en 2024, contre un objectif initial de 2,4. « La sécurité est pour moi un des premiers marqueurs de l’excellence opérationnelle, insiste Carolle Foissaud. C’est une priorité absolue qui mobilise l’ensemble de l’entreprise. » En parallèle, la trajectoire de décarbonation de l'entreprise a été réévaluée à la hausse. Teréga vise une réduction de -54 % des émissions de GES sur les scopes 1 et 2 d’ici 2030 (par rapport à 2017), et -34 % sur les scopes 1-2-3 (par rapport à 2021). Ce plan a été validé par Moody’s dans le cadre de son Net Zero Assessment.Parmi les temps forts de l’année, Teréga a publié son premier rapport de durabilité dans le cadre de la directive CSRD, bien qu’elle ne soit pas cotée. « Nous faisons partie des rares entreprises non cotées à avoir intégré cette première vague, car nous avons émis des obligations sur les marchés financiers, explique la directrice financière. C’est un exercice utile pour piloter notre transformation et identifier des leviers de progrès. » L’entreprise a également annoncé la préparation d’une politique biodiversité à visée régénérative. Autres indicateurs : un index égalité professionnelle de 99/100, un comité exécutif paritaire (5 femmes, 4 hommes), et 30 % de femmes parmi les managers. « La diversité dans ces conditions-là est une vraie richesse », souligne Carolle Foissaud. L’ensemble des nouveaux arrivants ont reçu une formation anticorruption, et 87 % des fournisseurs ont signé la charte des achats responsables mise en place par l’entreprise. Résultats économiques : une stabilité malgré le recul du chiffre d’affaires Sur le plan financier, l’exercice 2024 se caractérise tout d’abord par un léger recul du chiffre d’affaires, à 488 millions d’euros (-1 %). « C’est la première année d’une nouvelle période tarifaire de quatre ans », précise Aurélie Oyharcabal. Le chiffre d’affaires est principalement porté par le transport de gaz (64 %), suivi par le stockage. Le résultat net atteint 106 millions d’euros, en hausse de 9,3%, grâce à « une bonne maîtrise des coûts opérationnels et une réduction des dépenses énergétiques ». Les investissements ont atteint 154 millions d’euros, contre 174 l’an passé, un niveau comparable hors investissements exceptionnels. La note attribuée par Moody’s à l’entreprise béarnaise a été confirmée à Baa2 avec perspective stable, ce qui a permis à Teréga de procéder, fin 2024, à une émission obligataire de 600 millions d’euros. Sur le plan commercial, l’année 2024 a été marquée par une utilisation totale des capacités de transport et de stockage. Deux nouveaux clients ont rejoint Teréga, et trois nouveaux contrats de biométhane ont été signés, portant à 11 le nombre de sites d’injection. « Nous avons la dynamique d’avoir chaque année trois nouveaux sites et un rebours » [une station de compression permettant de réinjecter un excédent local de gaz sur le réseau, ndlr], a rappelé Carolle Foissaud. La consommation de gaz a reculé de 3 % chez les clients publics et de 4 % chez les industriels, en lien avec les efforts de sobriété énergétique et la baisse d’activité dans certains secteurs (BTP, verre, papier). À début juin, les niveaux de remplissage des stockages sont jugés très satisfaisants : 64 % début juin, contre un démarrage à 20 % plus tôt dans l’année.Gaïa 2035 : de nouveaux jalons pour l’hydrogène et le CO2 Le plan Gaïa 2035, lancé en 2023, se précise, avec 1,5 milliard d’euros d’investissements prévus entre 2025 et 2035, dont plus de 50 % dès 2035 seront dédiés à la décarbonation et aux nouveaux gaz., se structure autour de deux piliers : les gaz renouvelables (notamment le biométhane) et les nouveaux gaz (hydrogène et CO2). En 2024, Teréga a raccordé 11 méthaniseurs, représentant une capacité installée de 625 GWh/an. L’indice de gaz renouvelable (IGR) dans la zone Teréga a atteint 4,1 % en moyenne, avec un pic à 14,9 % le 4 août, au-dessus des niveaux nationaux. L'objectif reste de couvrir 100 % de la consommation à horizon 2050, avec une première cible intermédiaire de 44 TWh en 2030. Teréga prévoit entre 50 et 80 TWh en 2035. D’ici là, plus de 1,5 milliard d’euros seront investis pour l’adaptation des infrastructures. À lire également - Teréga veut faire du CO2 une matière première Concernant l’hydrogène, le projet H2med (BarMar) entre la péninsule ibérique et la France poursuit sa montée en puissance, avec une aide de 50 % du CEF pour les études en cours jusqu’en 2026. Un AMI a révélé un potentiel significatif avec 528 projets déclarés par 168 entreprises. L’autre grand projet d’infrastructure hydrogène porté par Téréga, HySoW, prévoit sur la zone sud-ouest 650 km de canalisations, dont 70 % neuves et 30 % reconverties, ainsi que 500, puis 1.000 GWh de stockage. Enfin, sur le CO₂, Teréga travaille à la création d’une infrastructure dédiée au transport et stockage de carbone. Plus de 20 industriels sont déjà engagés dans le projet, avec 6 Mt de CO2 résiduel identifiés. Plus de la moitié de ce CO2 est d’origine biogénique, ce qui ouvre la voie à des projets de valorisation comme les e-carburants, souligne Carolle Foissaud. Plusieurs sites de stockage sont à l’étude, avec une capacité de stockage estimée à 750 Mt. Le projet est labellisé d’intérêt commun européen.

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