Football : les créanciers locaux des Girondins de Bordeaux les plus mal lotis? - Premium

C’est le mardi 27 mai prochain que le Tribunal de commerce de Bordeaux devrait se pencher sur la viabilité du plan de continuation présenté par les équipes dirigeantes du Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB). Une décision vitale pour la poursuite de l’activité. Et qui marquera le terme d’un processus entamé le 30 juillet 2024 avec le placement du club en redressement judiciaire. Le terme également d’une séquence qui a conduit le club en championnat de National 2 et permis à Gérard Lopez, propriétaire et président, d’éviter la mise en liquidation judiciaire, de geler les dettes, de le renégocier à la baisse et d’échelonner leur règlement - si le plan est validé - sur une période maximum de 10 ans.Estimées dans un premier temps à 118 millions d’euros, les dettes se situeraient, selon le courrier adressé par les administrateurs judiciaires à l’ensemble des créanciers, à plus de 92 millions d’euros. À noter que club conteste toujours par ailleurs 1,65 million de dettes. Le principal créancier du FCGB est leur propriétaire - l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez qui détient 99,9% des actions du club - avec près de 41 millions d’euros de créances. La quasi-totalité relève de son compte courant d’actionnaire et auquel il pourrait renoncer, avec toutefois une clause de retour à bonne fortune en cas de remontée en Ligue 2 voire Ligue 1, ou si le club est cédé avant 2034. À lire également - Pour les Girondins de Bordeaux, « la vraie bascule se fera en revenant en Ligue 2 »Les créanciers repartis en 13 classesLe passif réel est constitué d’un total de 436 lignes de créances pour - doublons retirés - un total de quelque 400 créanciers. Dans ce quasi-Titanic financier, le fonds de cale de la 13e classe est massivement constitué d’une multitude de sociétés, d’artisans et de professions libérales très majoritairement girondins. La 11e classe - la plus peuplée - comprend plus de 250 créanciers dits « chirographaires », c’est-à-dire ne bénéficiant d’aucun privilège. Ils seront vraisemblablement eux aussi parmi les moins remboursés sur le quelque 12,5 millions que le FCGB doit à cette 11e classe. Un inventaire pléthorique comprenant des hôtels, une pharmacie et des établissements de santé, des radios - Europe 2 mais aussi Ici Gironde (ex-France Bleu Gironde) - des avocats, des vignerons, des transporteurs… Une myriade de créanciers qui recevront ce qui reste, ou pas, une fois que les plus prioritaires auront été servis. Au sommet de cette chaîne alimentaire se trouve Fortress, auquel le club doit encore près de 6 millions d’euros et dont l’accord est nécessaire pour valider le plan. Ce fonds d’investissement américain dispose en effet d’une action de préférence qui pourrait lui permettre de remettre la main sur la destinée du club si les accords de remboursement n’étaient pas respectés ou en cas d’échec financier ou sportif. Gérard Lopez suivrait personnellement ce dossier précis et il est vraisemblable que cet organisme financier sera payé en totalité.L’État et ses organismes figurent en général à la fois parmi les créanciers les plus importants en volume financier dû et parmi les plus prioritaires. Plus de 5 millions d’euros sont en souffrance auprès de la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Suivent également plusieurs Directions départementales des finances publiques, le Trésor Public (5 millions de TVA) mais aussi l’URSSAF Aquitaine avec près de 3,34 millions d’euros. Concernant les collectivités locales, si la Mairie de Bordeaux est faiblement exposée - quelque 36.000 euros - ça n’est pas le cas de Bordeaux Métropole. Ce sont ainsi quasiment 20 millions d’euros de loyers en retard qui sont dus à cette collectivité, propriétaire du stade Matmut Atlantique.Quel étalement de la dette ?Si le plan de continuation est validé, les dettes à rembourser pourraient être étalées sur 10 ans. Et les annuités ne seraient pas toutes identiques, mais progressives : 5% du total les deux premières années, 8% la troisième, 10% les 3 suivants puis enfin 13% lors des 4 dernières années.Ces 13 classes, autant de familles présentant un intérêt économique commun (collectivités locales, fournisseurs), reçoivent ces jours-ci les propositions de remboursement des sommes dues. Les créanciers vont voter leur adoption ou rejet du plan par classe, à la majorité des deux tiers. Le résultat du vote - hors cas Fortress - n’oblige en rien le tribunal de commerce quant à sa décision finale.Et si le plan de continuation n’est pas validé ?Si le Tribunal de commerce de Bordeaux ne validait pas le plan de continuation - la décision elle-même est espérée pour le 10 juin - il pourrait alors enclencher un plan de cession. Soit en lançant un appel d’offres qui irait au mieux-disant, soit en examinant un projet de reprise qui se déclarerait au plus tard le 26 mai. Dans les deux cas, la Fédération française de football (FFF) rétrograderait le Football Club des Girondins de Bordeaux à l’échelon régional, sauf si le comité exécutif de la FFF accord un régime dérogatoire.Et si le plan est validé ? Le 27 avril dernier, Gérard Lopez s’est engagé auprès des Ultramarines - principal groupe de supporters du club - à assurer l’avenir du club dans le cadre d’un plan prévoyant le retour progressif en championnat de Ligue 1 en 2030. Ce qui passerait d’abord par le financement du budget de la prochaine saison en National 2. Soit entre 5,5 et 6 millions d’euros, première annuité de la dette incluse. Le Football Club des Girondins de Bordeaux devra alors se tenir prêt pour son audition le 24 juin prochain devant la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), le gendarme financier du foot français.À lire également - Football : le modèle coopératif, avenir des clubs comme les Girondins de Bordeaux ?

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