Financement - « Il faut être parfaitement aligné avec le fonds choisi » (Rebecca Sharp - Genevos)
Les cofondateurs : Phil (directeur technique) et Rebecca Sharp (présidente). Crédit : Nico Landreau
La levée de fonds est un processus long et complexe, mais potentiellement très fructueux. Retour d’expérience avec Rebecca Sharp, cofondatrice et dirigeante de Genevos.
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Faire entrer un fonds d’investissement à son capital, c’est un peu des épousailles - professionnelles - à durée déterminée, avec un contrat de mariage particulièrement bétonné. « Il faut qu’ils [ndlr : les investisseurs] aient confiance en nous et dans les décisions qu’on prendra. Et vice-versa. Surtout avec un engagement qui porte sur cinq ou sept ans », illustre Rebecca Sharp, cofondatrice et présidente de la société rochelaise Genevos, pour illustrer l’engagement conclu lorsque son entreprise a choisi le fonds Impact Ocean Capital (géré par GO Capital) à l’issue de sa levée d’amorçage. Une opération qui dont le montant total s’élève à 2,5 millions d’euros, en incluant l’apport d’organismes de financement non dilutifs. Objectif global : « accélérer la commercialisation de ses innovations ». Une gageure pour cette PME spécialisée dans le développement et l’intégration de piles à combustible alimentées en hydrogène, pour le secteur maritime.
Un mariage de raisons et d’ambitions partagées dont se souvient particulièrement l’entrepreneure, en première ligne tout au long du processus. « Il était essentiel que l'on ait quelqu’un pour nous aider à passer cette phase, pour mener de la R&D, obtenir les certifications, trouver nos premiers contrats, embaucher les bonnes personnes, avec une équipe spécifique et assez chère. Le marché de la pile à combustible hydrogène pour la filière nautique était émergent. On a commencé à réfléchir à cette opération en 2022 », se souvient-elle. En première réflexion, l’idée de s’adosser avec l’un de ses principaux fournisseurs industriels est étudiée. Une hypothèse vite écartée. « Si tu vas avec ce type d’investisseur, il va demander beaucoup de contrôle car tu utilises sa technologie et tu te trouves enfermé avec. » Rapidement, l’option du fonds d’investissement s’impose dans l’esprit de la dirigeante et de son mari, cofondateur.
Ensemble on va plus loin
« On a vraiment fait une énorme liste et on s’est appuyé sur un conseil investisseur et on a commencé à faire le tri. Mais il faut en voir énormément, discuter, voir l’alignement des valeurs », jusqu’à arrêter son choix sur Impact Ocean Capital, qui fait une entrée minoritaire au tour de table. Le contrat de mariage - pacte d’actionnaires - est ficelé, prévoyant une place au board pour un représentant du fonds. « Pour le reste, la gouvernance est restée la même. » Le résultat d’une démarche au long cours. « Ça a pris cinq ou six mois pour préparer tous les documents, le business plan, définir la stratégie. Quand on a été prêt, en avril 2023, on a lancé le roadshow et on a clôturé en décembre 2023. Pendant tout ce temps, j’y ai pensé tous les jours, toutes les nuits, tous les weekends. Et pour t’accompagner, il faut trouver un cabinet qui a déjà suivi une structure similaire à la tienne. »
Le nouvel entrant ne se révèle pas invasif ni intrusif, le principe d’un reporting trimestriel est instauré. Au-delà de la manne financière - élément-clé certes - l’arrivée d’Impact Ocean Capital change le regard sur Genevos. « On a senti que notre réputation était plus forte. Nos clients, nos fournisseurs avaient une meilleure confiance en nous. On s’éloignait de l’image “risquée” qu’on avait. » En outre, en renforçant ses fonds propres, « on a pu avoir accès à un prêt à long terme intéressant par Bpifrance », ajoute Rebecca Sharp.
Dans le rétro - Genevos lève des fonds pour faire carburer le nautisme à l'hydrogène
La PME déroule alors son plan de bataille, développe la seconde génération de ses modules et signe des contrats, faisant ainsi ses premiers pas en Lituanie et se retrouve même fournisseur pour un spécialiste des groupes motopropulseurs qui va fournir le premier vaporetto à hydrogène à circuler dans la lagune de Venise. Des avancées pour lesquelles le fonds a joué sa partition de partenaires. « C’est aussi pour développer les relations, le réseau », acquiesce la dirigeante. Une satisfaction liée au choix du bon partenaire. « Avant de signer, j’ai perdu du temps à essayer de parler avec des fonds qui, en fait, n’étaient pas alignés avec nous. » Une leçon qu'elle n'oubliera pas pour la levée de fonds série A que Genevos envisage de mener d’ici fin 2026. L’annonce d’un nouveau marathon : « Il faut vraiment voir et discuter avec beaucoup de fonds pour trouver le bon, qui est aligné avec tes valeurs et ta vision. »
Genevos
SAS fondée en mars 2018
Siège social : Lagord
Effectif : une quinzaine de personnes
CA : 3,5 millions d’euros
Sommaire
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