À Mauléon, Béarn et Pays basque s'allient contre le frelon asiatique - Premium

À l’origine du projet, Lorenzo Pons, fondateur de Broodminder, raconte une genèse peu conventionnelle : « C’est une aventure un peu particulière. En 2021, c’était pas une startup, pas une entreprise. C’était trois copains qui voulaient trouver une solution aux frelons sous leurs ruches. » Le premier modèle, imprimé en 3D, demandait plus de quatre heures de fabrication par unité. En 2023, face à un succès grandissant porté par le bouche-à-oreille en ligne, la question se pose de passer la vitesse supérieure : « C’était un moment charnière, raconte Lorenzo Pons. On s’est demandé : est-ce qu’on continue à bricoler ou est-ce qu’on y va pour de vrai ? » Ses deux associés s’éloignent, mais lui poursuit, avec la volonté claire d’industrialiser. La marque Ornetin est créée au sein de Broodminder, l’entreprise qu’il dirige, spécialisée dans les capteurs de pointe pour l’apiculture. Une innovation soutenue localementPour passer à l’échelle industrielle, le choix se porte sur le moulage par injection. Mais fabriquer en France se révèle difficile : « J’ai pas du tout réussi à le faire fabriquer ici. Parfois on te dit “non”… parfois on te dit “oui” mais avec un devis qui veut dire non », ironise Lorenzo Pons. Ce sera donc, dans un premier temps, une fabrication en Chine. Un financement participatif permet de lever 12.000 euros, soit plus du double de l’objectif initial. L’agglomération de Pau apporte également son soutien. À lire également - Megam : le déménagement en Béarn a porté ses fruitsEn août 2023, un premier piège est mis sur le marché. En 2024, la démarche évolue : « Beaucoup de gens "s’inspiraient" de ce qu’on faisait, sourit l’entrepreneur. On a décidé d’aller plus loin avec une nouvelle techno, brevetée, plus sélective et plus efficace. » L’idée : tirer parti de la vision UV des frelons. « On a conçu un matériau visible pour eux, ce qui améliore le taux de visibilité de plus de 80 %. » Un brevet a été déposé à Hélioparc, avec l’aide de l’UPPA, qui a prêté ses spectrophotomètres. Partenariat industriel basco-béarnaisC’est dans ce contexte que Broodminder se rapproche d’EBL (groupe Artzainak), à Mauléon. « Le premier rendez-vous, c’était en septembre dernier. Tout est allé vite depuis, c’est aussi l’avantage de tout faire en local », souligne Lorenzo Pons. Une étude technico-économique est menée en commun. « On a choisi un moule à deux empreintes pour optimiser les coûts. Le moule, c’est 15 à 20.000 euros », précise Jean-Marc Bongiovanni, directeur du développement chez EBL. « On a fait tout l’avant-projet ensemble, reprend-il. C’est cela qui m’a paru très intéressant dès notre première discussion, on n’est pas qu’un simple sous-traitant, on développe ce projet ensemble, et cela correspond à notre ADN innovant. Certes, les volumes ne sont pas énormes, mais on ne peut pas toujours avoir des quantités qui nous fassent tourner dix machines en 3-8. »À lire également - Comment les miels Michaud diversifient leur gamme pour conquérir de nouveaux marchésLa première série concerne plusieurs milliers d’unités, la quantité exacte restant confidentielle. Le produit est entièrement recyclable : « On a pris un plastique noble, recyclable, le même que pour les bouchons de lait », précise Jean-Marc Bongiovanni. Le produit est également plus universel, grâce à une nouvelle version du filetage compatible avec les bocaux standards français et allemands. Car, outre la France, Ornetin se vend également à l’étranger, en direct via son site internet, et dans un réseau de magasins spécialisés dans l’apiculture, en attendant la distribution en grande surface. « On a des distributeurs en France, en Espagne, Allemagne, Suisse », énumère Lorenzo Pons. Les Etats-Unis sont aussi dans le viseur : « Les Etats du sud sont concernés par le frelon asiatique, et nous y avons déjà un pied via Broodminder », explique l’entrepreneur. EBL garantit la montée en puissance si le marché le demande : « On va de 1.000 à 50.000 unités par mois. Si le succès est au rendez-vous, on peut appuyer sur l’accélérateur, » promet Jean-Marc Bongiovanni.

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