Textile : la filière de la glisse face au défi de l’économie circulaire - Premium

Très présente sur le territoire landais et néo-aquitain, la filière glisse est principalement portée par le textile. Dans ce domaine, la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) rebat les cartes en interdisant la destruction des invendus textiles pour l’ensemble des entreprises mettant sur le marché des produits textiles, vêtements, chaussures et linge de maison. Pour sensibiliser sur le sujet et partager les expériences, l’association Eurosima organisait, le 18 septembre dernier, un atelier à l’attention de ses adhérents. Avec pour objectif de positionner la question de l'économie circulaire à chaque étape de vie du produit, dès sa conception. « Dans l'économie linéaire, on perd beaucoup de temps à créer de la valeur qui se perd assez rapidement », constate Louis Pellet, consultant chez Circul’R. Ce modèle classique repose sur le triptyque Prendre (les ressources), Faire (le produit) et Générer (du déchet). Basculer dans l’économie circulaire, c’est avant tout changer de logiciel. « On va créer de la valeur différemment, et essayer de la maintenir le plus longtemps possible », poursuit le spécialiste. Dans ce cadre, les maîtres-mots deviennent Créer (de la valeur), la Maintenir puis la Récupérer. 1,7 milliard d’euros d’invendus textiles en France En Europe, 4 millions de tonnes de vêtements sont invendues chaque année. Rien que pour la France, cela représente 1,7 milliard d’euros, soit 2% du chiffre d’affaires des entreprises des secteurs sport et loisirs, et vêtements et chaussures. « C’est une part importante à aller chercher », souligne Caroline Gevrey, fondatrice de Greeny Bird Dress, un cabinet spécialisé dans le textile écoresponsable. Pour des raisons économiques, de respect de la loi, et d’impact environnemental, les entreprises ont tout intérêt à se questionner sur leurs pratiques.Caroline Gevrey a créé son cabinet de conseil spécialisé dans la mode écoresponsable. Crédit photo : Greeny Bird Dress Comme pour les déchets, le meilleur invendu est celui que l’on n’a pas généré. « Certaines marques mettent en place des systèmes de précommande afin d’ajuster au mieux leur production en fonction de ce dont elles ont besoin », cite en exemple Louis Pellet. Les prévisions de vente n’étant pas toujours d’une précision horlogère, des invendus sont générés. À l’heure actuelle, « 42% part dans le déstockage, 34% dans le recyclage, 21% vers le don, et 3% dans la réparation », détaille Caroline Gevrey. Les premières solutions les plus utilisées ne sont pourtant pas celles que favorise Greeny Bird Dress. Réfléchir en amont Le déstockage apparaît souvent comme la solution la plus simple à mettre en place. « Souvent, cela ne fait que déplacer le problème », alerte Kathlynn Pougeol, fondatrice d’Upcyclothe. « Ces déstockeurs ont-ils une gestion transparente de leurs propres invendus ? » De même, le recyclage présente des limites. Pour Caroline Gevrey, « il est dommage d’avoir créé toute cette valeur pour au final ne pas utiliser les qualités intrinsèques du produit ». Son conseil prioritaire se tourne vers la réparation même si elle reconnaît que c’est une solution plus difficile à mettre en œuvre. « Réparer le produit lui redonne 100% de sa valeur », estime-t-elle. Dans ce registre, la marque de chaussure Veja fait figure de bon élève. Dans sa boutique de Bordeaux, située dans l’espace Darwin, un atelier de remise en état redonne une nouvelle jeunesse à des chaussures usagées. Quant au recyclage, l’experte de la mode écoresponsable lui préfère le surcyclage. « Ainsi, on remet le produit en vente amélioré et sa valeur se trouve augmentée ». Pour trouver les meilleurs débouchés à ses invendus, une entreprise peut faire appel à Kathlynn Pougeol. Basée à Toulouse, son entreprise Upcyclothe « transforme en trésor des produits dont personne ne veut plus », résume sa fondatrice. Réduire les déchets, diminuer les émissions de CO2 et générer des revenus supplémentaires, telles sont les missions de cette société créée en 2019. « Nous adressons les meilleures solutions dont on tire le meilleur bénéfice environnemental, financier et fiscal ». Mais la jeune femme prévient : « nous ne sommes pas des magiciens ». Un produit dormant sur les étagères depuis cinq ans ne trouve pas un débouché d’un coup de baguette. Car le principal défi de son entreprise réside dans la massification. Pour cela, il faut que les marques soient préparées et prêtes lorsqu’il est possible de mutualiser et d’envoyer vers une filière qui revalorise en quantité. « La revalorisation doit être réfléchie en amont et non dans l’urgence », insiste Kathlynn Pougeol. Anticiper, telle est la philosophie maîtresse pour accélérer la transition vers l’économie circulaire, à tous les stades. De la conception du produit à sa vie après la mise à la vente, les entreprises ont une responsabilité sur ce qu’elles lancent sur le marché. Un devoir moral désormais encadré par une loi qui, dès 2026, oblige les entreprises à remplir un formulaire pour expliquer leur gestion des invendus. Parmi les options possibles, figure aussi le don. « La loi encourage le don à des associations d’intérêt général avec des allègements fiscaux », rappelle Caroline Gevrey.

Textile : la filière de la glisse face au défi de l’économie circulaire - Premium

Sur le même sujet

À Hélioparc, le Béarn phosphore sur l'acceptabilité

Maison de la Soie se diversifie avec une nouvelle marque dédiée ...

Famille Michaud Apiculteurs : du bilan carbone aux actions

ESS : les fondations territoriales ou d’entreprise, moteurs ...

L’Hydromeeting 2025 réunira les acteurs de l’hydroélectricité ...

Les Rencontres Coapi 2025 : régénérer l’économie, repenser le ...

Les Green Aero Days reviennent à Pau... sous un nouveau nom

Une matinée pour « réinventer le management » en Béarn

Forum UPPA Étudiants/Entreprises 2025 : deux rendez-vous pour ...

Fanny Sarrion : une success story locale au micro de Placéco

Masterclass : comment prendre les (bonnes) décisions en situation ...

ESSentiels & engagés : l’Agglo de La Rochelle fait le point ...

Management. Audrey Martin 5/5 : « Libérer la créativité pour trouver des solutions nouvelles »

Pourquoi Elyse Energy et Eco-transformation s'associent

« Dans la crise, l'enjeu premier est de conserver les clients »

« Sans visibilité, on allie court et long terme pour sécuriser l'activité »

À la REF17, les entreprises locales entre adaptation et recherche de souffle

IA plus qu'à. Comment utiliser QuillBot, une IA pour, notamment, humaniser un texte...

Management. Audrey Martin 4/5 : petits conseils pour faire une critique constructive