Financement - Ouvrir son capital : des gains tangibles et intangibles

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À chaque étape de la vie d’une entreprise son outil pour en financer la réalisation. Et les moyens de financement ne manquent pas. Certains choisissent l’entrée en bourse - à l’instar de Fountaine Pajot ou encore Valbiotis - la belle PME industrielle étant tout autant concernée que le jeune laboratoire de R&D en santé. D’autres s’appuient sur les investisseurs individuels ou le financement participatif. Les aides et subventions publiques viennent souvent en soutien et permettent des effets de levier pour du financement bancaire. Le haut de bilan reste une priorité. « Les entreprises de la Nouvelle-Aquitaine ont été portées par la croissance de la région et ont parfois oublié de renforcer leurs fonds propres », acquiesce ainsi Déborah Cherruault, membre du directoire de la Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes. Qu’il s’agisse de la fondation ou de la phase de ramp-up, de la structuration d’un plan d’équipement, d’une nouvelle implantation territoriale, des moyens d’une stratégie de croissance externe, du financement de la R&D ou de la préparation d’une transmission, chaque situation nécessite des fonds. Mais pas seulement.

Un catalyseur financier pour une croissance accélérée

L’ouverture du capital est souvent pluri-factorielle. Et peut répondre à des logiques contracycliques. Ainsi de l’artisan-glacier L’Angélys, qui boucle l’ouverture de son capital fin 2020, dans un monde en pleine pandémie. Mais la vision à long terme l’emporte et, parmi les projets, l’ouverture à une clientèle BtoC figure en bonne place aux côtés d’une volonté de transmission familiale, les deux filles du fondateur intégrant le tour de table en même temps que Bpifrance notamment. « Cette future croissance est un nouveau rebond pour l’avenir de l’entreprise et un message fort pour tous nos collaborateurs », expliquait aussi le fondateur Denis Lavaud à cette occasion.

Le fonds d’investissement apporte souvent à cet égard bien plus que de l’argent patient. Notamment une expertise sectorielle ainsi qu'un accompagnement et du conseil stratégique. Dans le cadre d’un pacte d’actionnaire bien ficelé, le fonds apporte souvent une ou plusieurs têtes au board, renforçant la gouvernance et permettant au dirigeant de rompre avec une certaine forme de solitude du pouvoir. Par la spécialisation des profils à leur disposition, les fonds permettent une professionnalisation accrue de la sphère dirigeante et décisionnelle. Compétences, expertises sectorielles, mais aussi réseaux multiples… l’effet d’agrégation joue à plein. Au-delà de l'innovation interne, l'apport de capitaux facilite également les opérations de croissance externe. L'acquisition d'entreprises concurrentes, complémentaires ou en amont/aval de la chaîne de valeur est un moyen rapide et efficace de gagner des parts de marché, d'accéder à de nouvelles technologies, ou d'élargir son portefeuille clients. Pour une PME locale, réaliser de telles acquisitions sans un soutien financier externe est souvent irréalisable. Un fonds d'investissement apporte non seulement les fonds nécessaires mais aussi une expertise en matière de due diligence, de négociation et d'intégration post-acquisition, maximisant ainsi les chances de succès de l'opération.

Crédibilité, attractivité et transformation

Le choix d’un fonds d’investissement est une opération de séduction réciproque où chacun devra apporter à l’autre. Pour l’entreprise, l’arrivée d’un fonds est un label de confiance et renforce la crédibilité auprès de tout l’écosystème : établissements bancaires, clients, fournisseurs. Mais permet aussi de créer un effet halo sur la marque employeur, une attractivité renforcée bienvenue alors qu’il s’agit d’attirer des profils à haute valeur ajoutée. Tout comme elle est l’occasion de sécuriser des compétences clés, en intéressant des collaborateurs stratégiques au capital. Ou encore de faciliter la préparation d’un prochain tour de table ou d’une transmission, familiale ou vente à un tiers. « Le problème n’est pas tant l’entrée d’un fonds que sa sortie », estime ainsi Ludovic Asquini, président du groupe Nexteam. « Il y a le sujet de la valorisation et le risque de la dilution, qui freinent les entrepreneurs. Il faut trouver des outils qui permettent de contourner des inconvénients du haut de bilan », acquiesce Lionel Matias, président de l’UIMM Gironde-Landes.

Un fonds d'investissement peut jouer un rôle de facilitateur dans ce processus. Il peut, par exemple, permettre aux actionnaires familiaux sortants de monétiser une partie de leurs actifs, assurant ainsi la liquidité et la sécurisation de leur patrimoine, tout en permettant à l'entreprise de continuer son développement avec un nouveau partenaire. Le fonds peut également aider à structurer la transition managériale, en identifiant et en accompagnant les futurs dirigeants, qu'ils soient issus de la famille ou externes. En préparant l'entreprise à une future transaction (cession totale ou partielle), le fonds contribue à optimiser sa valeur et à la rendre plus attractive pour de potentiels acquéreurs, grâce à une gouvernance renforcée, une croissance avérée et des indicateurs financiers transparents.

Soumis aux impératifs de performance extra-financière, les fonds jouent enfin un rôle majeur dans l’embarquement et l’acculturation de leurs parties prenantes à cette nouvelle contrainte, qui est aussi une opportunité de transformation vers une économie plus vertueuse.