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Eau : « Nous allons tester comment refroidir les climatisations par l'eau de la Garonne »

Écosystème
mercredi 11 juin 2025
Eau : « Nous allons tester comment refroidir les climatisations par l'eau de la Garonne »

Audrey Dugal, lors de Bordeaux Tech'Day, a insisté sur la consommation d'énergie en augmentation pour nourrir les avancées technologiques. Crédit : GR

Bordeaux Métropole Energies (BME) développe plusieurs modèles de production d'énergie. Ses axes de recherche : produire en circuit-court, réutiliser les déchets et utiliser l'existant.

Audrey Dugal est directrice générale de Bordeaux Métropole Energies (BME). Lors du Bordeaux Tech'Day, le 3 juin, elle a précisé la politique de BME en matière de consommation d'eau pour les années à venir.

Comment BME utilise l'eau dans la production d'énergie et quelles sont les pistes nouvelles que vous envisagez ?
Il existe différentes possibilités d'utilisation de l'eau dans la production d'énergie. Quelles qu'elles soient, le but à garder en tête est d'en consommer le moins possible. Par exemple, pour rafraîchir les espaces de vie, et nous en aurons besoin de plus en plus avec le réchauffement climatique, il faut produire du froid. Or, produire du froid nécessite de faire tourner des machines et cela engendre une production de chaleur. C'est pour cela que les ventilateurs de production de climatisation sont positionnés à l'extérieur des bâtiments. La question est : comment évacuer cette chaleur produite ? Nous allons tester une solution sur le futur quartier Canopia. Le principe sera d'évacuer la chaleur des eaux de notre système dans les eaux de la Garonne. On ne rejette pas d'eau dans la Garonne, on ne ponctionne pas non plus. Pour faire simple, on fait passer des tuyaux d'eau chaude dans les eaux froides du fleuve et c'est son débit qui refroidit l'eau de nos tuyaux. Paris utilise déjà ce système. Nous allons le tester et mener des études pour vérifier qu'il n'y ait pas d'impact sur la Garonne.

Vous plaidez toujours pour développer le mix énergétique. Sur la métropole de Bordeaux, quelles sont les levier principaux de fabrication d'énergie ?
Nous pouvons utiliser l'eau mais aussi la géothermie. La métropole de Bordeaux est riche, elle compte huit réseaux de chaleur : cinq réseaux de surface et trois souterrains : Mériadeck, Grand Parc et Plaine de Garonne rive droite. La géothermie c'est un peu comme un intestin, un réseau très fin de tuyaux qui passent dans des cavités et échangent leurs calories. La géothermie n'est jamais utilisée seule, elle est souvent complétée par les systèmes utilisant la biomasse ou le gaz vert si besoin. Les réseaux de chaleur sont des boucles locales. On peut aussi récupérer les calories à la sortie des stations d'épuration.

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Vous soutenez la production d'énergie en circuit court. En milieu urbain, n'est-ce pas plus complexe ?
Dans nos circuits courts, nous utilisons de la biomasse. Par exemple, nous travaillons beaucoup avec le monde agricole et les producteurs de bois situés à moins de 100km de Bordeaux. L'agriculture est aussi présente dans la métropole. À Saint-Jean d'Illac ou Saint-Laurent-de- Médoc, on intègre une « soupe » issue des biodéchets des habitants, collectés puis transformés, pour en faire du gaz pour la métropole. Il existe plein de façons de produire de l'énergie, nous explorons tous les champs possibles. L'enjeu de la production d'énergie doit aussi être envisagé sous le prisme de la souveraineté territoriale.

Les besoins en électricité vont décupler dans les années à venir, notamment pour alimenter les IA. Comment envisagez-vous l'avenir ?
Il va falloir faire du mix énergétique. Il faudra être capable de produire, distribuer et vendre l'électricité. Nous allons donc développer le mix avec gaz (le plus vert possible en étant issu de la biomasse), photovoltaïque, géothermie et du froid renouvelable. Notre modèle consiste à trouver la bonne solution adaptée à chaque territoire et à ses spécificités. De toute façon, nous n'aurons pas d'autre choix, je pense, que de diminuer notre consommation d'énergie.

Augmenter la production d'énergie va coûter cher…
Le coût ne se mesure pas à ce qui doit être investi, il se mesure aux risques que l'on encourt si on ne fait rien, si on continue de produire comme on l'a toujours fait. Il est plus risqué de ne pas investir et il sera plus rentable d'avoir investi.

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