A Capbreton, le Domaine de La Pointe veut faire revivre le vin des dunes - Premium

« Ces vins font partie du patrimoine. C'est l’histoire de notre territoire et j’ai envie qu’elle continue d’exister, même si cette histoire a ses hauts et ses bas. » A Capbreton, Cyril Laudet s'est mis en tête de faire revivre le vin des dunes, celui qui prend racines près de l'océan.Originaire de Dax, Cyril Laudet a grandi dans une famille de producteurs d’armagnac. « Huit générations se sont succédées. Mon grand-père faisait du vin il y a quarante ans et j’ai toujours eu envie de reprendre la propriété familiale », raconte-t-il. Un parcours qui semblait tout tracé, sur les traces de ses ancêtres. Et puis, en 2018, une opportunité s’est présentée et il a repris le Domaine de La Pointe, avec ses associés, un site « assez unique » selon lui. « C’est le dernier domaine de Capbreton, ce qui en fait un lieu à préserver. » Un vignoble situé à 800 mètres de l’océan et dont les racines sont implantées à même le sable. Une situation qui fait à la fois « la richesse et la fragilité du domaine. » Conversion en agriculture biologique « Quand je me suis positionné pour racheter le Domaine de La Pointe, plusieurs acteurs locaux m’ont dit que j’étais fou de me lancer là-dedans », se souvient dans un sourire Cyril Laudet. « À mon arrivée, les vignes étaient presque à l’abandon. On avait des fougères plus hautes que la vigne. La première année, on a pioché cinq fois le domaine à la main. » Un entretien particulier, d’autant que les vignes du site sont particulièrement soumises au changement climatique. « Produire dans le sable est complexe, ici les racines plongent dans la nappe phréatique qui se situe à quelques mètres en dessous et, de fait, l’humidité remonte. Et on ne peut rien faire contre », explique t-il. Et ce n’est pas le seul phénomène qui menace les récoltes. Les fortes chaleurs peuvent aussi impacter les vignes. « En 2020, une seule journée à plus de 40 degrés nous a fait perdre jusqu’à 20 % de la récolte. Les raisins ont séché en quelques heures. Ça a été une catastrophe. »Les vignes sont plantées dans le sable, à 800m de la plage. Crédit photo : Domaine de la Pointe Produire du vin dans le sable reste donc une gageure, Cyril Laudet le concède. Pour autant, le producteur ne veut pas baisser les bras. C’est en tout cas ce qu’il affirme. Dès la première année, il a engagé la conversion du site en agriculture biologique : « Nous sommes en zone Natura 2000, entourés d’habitations, c’était évident pour moi qu’il fallait travailler ainsi. » Un changement de cap qui a nécessité la mise en place d’une équipe dédiée. Le domaine emploie aujourd’hui cinq personnes pour cinq hectares. « C’est énorme, normalement en bio c’est une personne pour dix hectares. De fait, nos coûts de production dépassent ceux de grands crus bordelais. » Une envie de produire « bien et bon », mais avec un équilibre qui reste à trouver, notamment au niveau financier. La croissance malgré les crises Pour tenir, le vigneron a créé la cuvée « Les Pieds dans le Sable », un assemblage de différents terroirs de sable des Landes. « Quand on regarde d’est en ouest, le sable est omniprésent sur notre territoire. J’ai donc eu l’idée de créer des partenariats », explique le chef d’entreprise. « Concrètement il y a cinq producteurs ici dans les Landes, chez qui je m’approvisionne pour créer cette cuvée, aussi bien en rouge, qu’en blanc et en rosée. Et ça clairement, c’est le nerf de la guerre. », affirme t-il. « C’est ce qui nous permet de faire tenir la propriété. Sans ça, le projet serait enterré. » Un levier qui a permis au Domaine de La Pointe d’enregistrer une croissance, malgré les crises. « Quand on rachète en 2018, le chiffre d’affaires est à moins de 50.000 euros. Cette année, on vise 800.000 euros. » Une progression portée aussi par l’engouement local post-covid, selon le producteur : « Le localisme s’est instauré très fort après 2021. Les gens voulaient acheter le vin du coin. » Pour se diversifier, le Domaine de La Pointe propose aussi aujourd’hui des événements sur site. « C’est une façon de faire venir les clients, en leur faisant découvrir le lieu autrement. » Pour autant, estime Cyril Laudet, l’offre événementielle dépasse aujourd’hui la demande sur le territoire. « Il se passe énormément de choses un peu partout l’été. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir surfer sur cette tendance et il y a peut-être d’autres leviers à activer. » L’avenir, Cyril Laudet le voit dans l’œnotourisme et la mise en valeur de ce patrimoine. « On rêve d’un vrai bâtiment pour accueillir le public, raconter l’histoire du vin des sables, ce vin qui était au départ destiné aux rois. Cette histoire a de plus de 600 ans, il faut la transmettre. » Pour lui, la mission dépasse la production : « Nous sommes un pont entre les générations. L’important est de garder ce domaine en vie. »

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