Foie gras : la Chine représente un potentiel très prometteur - Premium

Chez la Maison Lafitte, le canard est au cœur de toutes les attentions. Dans cette entreprise familiale fondée en 1920, la production est aujourd’hui totalement liée au palmipède. Dans cet animal, le trésor est représenté par le foie gras, constitutif à lui seul de 50% du chiffre d’affaires de l’entreprise. En tant que directeur général de la Maison Lafitte, mais aussi président du CIFOG (Comité interprofessionnel du foie gras), Fabien Chevalier évoque le présent et l’avenir de ce produit festif dont une grande partie est destinée à l’export. Après l’épisode de la crise aviaire, les ventes de foies gras ont rebondi l’an passé. Comment se porte le marché 2025 ? Le marché du foie gras a effectivement bien rebondi en 2024 et cette dynamique semble se maintenir en 2025 malgré quelques nuances. Notre entreprise, Maison Lafitte, bénéficie d’une grande diversification des canaux de vente avec la grande distribution, la restauration, l’export, et la vente directe. Ceci apporte une certaine stabilité face aux fluctuations. Néanmoins, en France, environ 40% des ventes de foie gras se font en grande distribution, 40% en restauration et 15 à 20% à l’export. Or, cet été, on a constaté un ralentissement en restauration, tandis que la grande distribution conserve de bons chiffres. L’export reste un défi principalement à cause des impacts prolongés de la grippe aviaire et des mesures sanitaires. La vaccination des canards, bien que favorable à la relance de la production, a fermé certains marchés clés comme le Japon, qui est notre principal client hors Europe. Nous travaillons activement à rétablir ces liens, car la demande internationale reste forte pour nos produits de qualité. Quels sont les marchés d’exportation clés pour Maison Lafitte et ceux où vous voyez un potentiel de développement ?Historiquement, le Japon est notre marché d’export principal, notamment pour la gastronomie fine. Le foie gras y est très apprécié alors qu’ils n’en produisent pas un gramme. Cependant, cette destination est actuellement impactée par les restrictions liées à la lutte contre la grippe aviaire. Nous sommes optimistes et en discussion pour rouvrir ce marché. Par ailleurs, l’Europe du Nord, l’Espagne, l’Amérique du Sud, le Canada, ainsi que certaines zones d’Asie du Sud-Est comme Hong Kong et Singapour sont d’autres marchés importants. La Chine représente un potentiel d’avenir très prometteur, même si l’entrée sur ce marché nécessite beaucoup de persévérance et exige un produit extrêmement haut de gamme. Peu nombreux sont ceux qui ont l’agrément pour l’export vers la Chine et Maison Lafitte fait partie des deux sites français à l’avoir obtenu. Enfin, les États-Unis restent un marché complexe à réintégrer pour des raisons sanitaires malgré une attente réelle sur place, car les Américains aiment le foie gras. « Recruter et fidéliser des consommateurs » Quel rôle jouent les boutiques Maison Lafitte dans votre stratégie commerciale et quelle est leur importance pour l’entreprise ? Nous possédons huit points de vente en propre, notamment à Paris, Bordeaux, Dax et Mont-de-Marsan, ainsi que des ventes sur Internet, ce volet B2C représente environ 15% du chiffre de Maison Lafitte. L’objectif principal de ces boutiques est le contact direct avec nos consommateurs, qu’ils soient locaux ou étrangers. C’est aussi par ce biais que nous puisons beaucoup d’idées pour nos innovations produits. Par exemple, notre boutique parisienne du 7e arrondissement est pensée pour attirer une clientèle locale, contrairement à celle située sur l’Île Saint-Louis majoritairement fréquentée par des touristes. Ces boutiques servent aussi à renforcer la visibilité de la marque, à offrir une expérience de découverte via des démonstrations ou des dégustations, et à assurer un lien fort entre l’entreprise et ses clients, ce qui est crucial pour notre image et notre développement commercial. Il y a cent ans, la Maison Lafitte produisait du canard et de l'ortolan. Aujourd’hui, l'ortolan ne peut être ni chassé ni vendu, pensez-vous que dans 100 ans encore, on pourra manger du foie gras ?Oui et peut-être même que l’on pourra à nouveau manger de l’ortolan ! L’avenir du foie gras dépend avant tout du fait que nous continuions à recruter et fidéliser des consommateurs, en France comme à l’international. C’est un produit plaisir, mais aussi un produit qui nécessite beaucoup de pédagogie pour expliquer son mode de production et valoriser la qualité et le respect des animaux. Les ambassadeurs du produit, notamment les chefs cuisiniers, jouent un rôle essentiel dans sa défense et sa promotion. Par ailleurs, pour transmettre vers les jeunes générations, nous avons reçu la semaine dernière, pour les Journées du Patrimoine, 650 élèves de primaire pour leur montrer les élevages de canard et leur faire goûter les produits. C’est par des actions comme ça, avec beaucoup de pédagogie que l’on y arrivera.

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