Pourquoi VELA déménage du Pays basque à Bordeaux - Premium

Changement de quai pour VELA (Sail for goods). La société née à Bayonne vient en effet de déplacer son siège social à Bordeaux. Une nouvelle étape dans le développement de la jeune entreprise dont l’ambition n’est rien d’autre que de proposer un transport décarboné sous la forme d’un trimaran cargo. Le projet, porté par cinq associés - dont le célèbre skipper François Gabart - ambitionne une première traversée de l’Atlantique en 2026.« VELA grandit, on est en train de passer d’un projet ambitieux à une réalité industrielle », commence par expliquer Pierre-Arnaud Vallon, président de la société. En effet, le premier trimaran est en cours de construction entre l’Australie et les Philippines, avec l’aide de 16 PME françaises. « On a déjà réalisé 50% de sa fabrication », poursuit le chef d’entreprise. Une avancée rendue possible par la levée de fonds série A dernier de 40 millions d’euros, bouclée en septembre. « Ça nous permet de financer ce premier bateau, mais ça nous constitue aussi un fonds de roulement pour commencer à recruter » poursuit le président. La société pourrait terminer l’année avec 15 personnes, et compter autour de trente salariés à fin 2026. « Nous ferons une deuxième levée de série B courant 2027 pour financer quatre autres navires » et ainsi porter la flotte à cinq bateaux. « De quoi assurer un départ par semaine ». À lire aussi : VELA lève 40 millions d’euros pour construire le premier trimaran cargo 100% voileAu total, ce sont environ 1.000 personnes dans le monde mobilisées sur le projet. Un projet qui prend une dimension internationale. « Rapidement, les trois quarts de notre masse salariale seront des marins, qui ne seront pas dans des bureaux » poursuit le président. Mais voilà, si VELA a décidé de déplacer son siège social, c’est pour sa localisation centrale « à la croisée des ports » avec un accès plus facile aux autres ports de Nouvelle-Aquitaine, mais aussi avec l’antenne à Paris « pour des raisons de business et de finance ». Car c’est aussi la clientèle qui a forcément un impact sur ce choix. Force est de constater que depuis son lancement au Pays basque « la tendance nous fait nous projeter davantage au nord de Bayonne », souligne le chef d’entreprise. « Notre certitude, c’est de rester en Nouvelle-Aquitaine, mais Bordeaux fait plus sens que Bayonne, c’est un bon camp de base ». Pour autant, VELA ne veut pas tirer un trait sur le Pays basque, bien au contraire. D’abord symboliquement. « On a décidé que notre port d’attache resterait Bayonne » explique le président. « Ça traduit notre volonté d’y être présent à un moment donné ». Et puis plus concrètement parce que le port de Bayonne répond parfaitement à la problématique à laquelle veut répondre la société. « Notre modèle permet de décentraliser le transport maritime », explique Pierre-Arnaud Vallon. En effet, la société veut déployer ses trimarans sur des ports plus petits que les grands qui voient habituellement passer les cargos. Outre l’aspect environnemental, VELA veut d’ailleurs miser sur cet aspect différenciant pour proposer des délais similaires ou plus rapides pour les utilisateurs de leur trimaran. « On promet 15 jours, mais on pense pouvoir faire la traversée en 13 jours, et même moins sur le chemin retour », assure-t-il. « On est entre deux et quatre fois plus rapide que le transport traditionnel » en gagnant notamment du temps sur les chargements et déchargements. « Souvent, les porte-conteneurs attendent avant d’être pris en charge, car les ports sont engorgés ». Ainsi, dans un futur proche, « à moyen ou long terme » des trimarans VELA pourraient aussi partir de Bayonne. « Il suffit d’un grand ou deux grands groupes pour créer cette ligne là », poursuit le président. Il s’est d’ailleurs accompagné en local d’un commercial, pour aller démarcher les entreprises du Pays basque, des deux côtés de la Bidassoa. De manière globale, la société continue de signer des contrats pour remplir ses futurs voyages transatlantiques. « On a déjà signé avec Greentech, un acteur de la biotechnologie » (ndlr : basée à Lormont en Gironde) revendique le président. « On avait eu des promesses depuis le lancement du projet qu’on est en train de convertir ». Les premiers voyages ne sont pas encore tout à fait plein. « Il y a encore des opportunités », assure le chef d’entreprise. D’autant que si les trimarans devront être remplis à l’aller, ils devront l’être aussi au retour. Reste que le contexte n’est pas forcément propice, avec les annonces récentes de Donald Trump, « les sujets environnementaux sont moins d’actualité », soupire Pierre-Arnaud Vallon. De quoi expliquer une forme de ralentissement sans pour autant parler de « gros pivot ». « C’est à nous de mettre de l’effort », conclut le président. Et de continuer d’ambitionner une livraison du premier trimaran courant 2026 pour une première traversée « dont le port n’a pas encore été décidé » pour la rentrée de septembre, octobre de cette même année.

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