Paquebots à Bordeaux : la CCI dégaine une étude pour maintenir les escales en centre-ville - Premium

C’est un sujet qui pourrait commencer à devenir un marronnier, et qui est relancé aujourd’hui par la CCI Bordeaux Gironde. Faut-il continuer de faire accoster les paquebots de croisière au cœur du Port de la Lune ? Si le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, milite pour faire amarrer certains grands paquebots rive droite, pour la chambre consulaire, la réponse n’est pas la même. Fervent défenseur de l’escale en centre-ville, le président de la CCI Patrick Seguin dégaine, avec ses équipes, une étude réalisée entre le 28 avril et le 24 juin 2025 par des étudiants de l’école de commerce Kedge. Ces derniers ont interrogé 1.188 passagers (604 questionnaires complétés), de 23 bateaux, sur les 49 prévus cette année. « Les derniers chiffres dataient d’il y a dix ou quinze ans », précise-t-on du côté de la CCI.Dans le rétro : À Bordeaux, le lieu d'accostage des paquebots fait des vagues, récit du feuilleton Un panier moyen de 51 euros par passager Le premier constat à dresser, selon l’enquête, est l’attrait des touristes pour l’escale en centre-ville : les trois quarts des répondants ont ainsi déclaré que cette étape a pesé dans le choix de leur croisière. La CCI a creusé ce sillon, et leur a demandé « s’ils auraient dépensé autant, voire même s’ils seraient venus en centre-ville, si l’escale avait été plus loin du centre-ville ». Réponse : 44% ont répondu non, ou 46% ont répondu oui, selon le point de vue que l’on adopte. Dans le détail, les réponses varient selon le type de bateau : plus le navire est grand (et souvent critiqué pour son impact environnemental et esthétique), plus ses passagers sont prêts à accoster loin du centre - comme cela se fait dans d’autres villes comme La Rochelle. « Là-bas, la part des consommateurs qui descendent du bateau lors de l’escale est moins élevée », répond la CCI.Paradoxalement, ce sont les passagers de ces navires imposants de plus de 1.000 personnes qui dépensent le moins. Ils sont 78% à déclarer avoir réalisé au moins un achat en centre-ville, pour un panier moyen de 46 euros. Le public des bateaux entre 500 et 1.000 passagers dépense le plus : 60,2 euros, 85% des interrogés ayant dépensé au moins une fois de l'argent. En moyenne, selon les calculs de la chambre consulaire, le panier moyen d’un visiteur en escale, toutes catégories de bateau confondues, s’élève à 51,3 euros. Un montant qui peut sembler peu élevé, la dépense la plus importante étant réalisée dans les restaurants pour un panier moyen de 15,9 euros. « Sur les 38.000 passagers des 23 paquebots, cela représente 1,5 million d’euros de retombées économiques directes, met en avant Patrick Seguin. Si l’on rapporte cela aux 49 escales prévues en 2025, on atteint 3,2 millions d’euros. »Une alternative au hangar 14 ? Si la CCI a souhaité réaliser cette enquête, c’est surtout car une échéance arrive à grands pas : d’ici 2030, les paquebots stationnant plus de cinq heures devront couper leurs moteurs. Et devront donc se raccorder à une alimentation électrique suffisamment dimensionnée, pour assurer leurs services à bord. Mais où implanter une telle infrastructure ? Rive droite, comme le veut l’édile écologiste de Bordeaux ? Ou rive gauche, comme le préfère la CCI ? « Ce que l’on demande à Bordeaux Métropole pour l’instant, c’est d’étudier toutes les solutions techniques d’approvisionnement en électricité, tranche Patrick Seguin. Le Grand Port Maritime de Bordeaux [ndlr, GPMB] a réalisé des études techniques sur la rive droite à la demande de Pierre Hurmic. Je suis désolée de dire que cela ne relève pas de sa compétence, mais de celle de Bordeaux Métropole qui doit prendre ses responsabilités et investir sur ces aménagements. » Une première projection estime à 20 millions d’euros l’enveloppe nécessaire pour aménager la rive droite. Un budget qui serait « à peu près du même montant, peut-être un peu plus élevé » rive gauche, à cause de contraintes environnementales et architecturales, notamment le classement Unesco. « Une solution existe, reprend Patrick Seguin. C’est le H14 [ndlr, hangar 14, sur les quais de Bordeaux], qui appartient au GPMB. Il propose d’installer les transformateurs et les containers dans le bâtiment, côté fleuve, le reste ne serait ensuite que des câbles. » Une alternative que le directeur général du Port aurait transmise à la Métropole, sans recevoir pour l’heure de réponse. « On va transmettre les éléments de notre enquête aux collectivités - la Ville de Bordeaux et la Métropole -, et au Grand Port qui nous l’a demandée », affirme Patrick Seguin. Qui, lui, « demande aux élus de se prononcer et de prendre position notamment sur le financement des installations ». Mais à l’approche des élections municipales, et donc métropolitaines, difficile d’imaginer une prise de position rapide et tranchée. « Le directeur du Port a fait son job et l’a bien fait. Il a essayé de trouver des solutions, mais il n’a pas un sou pour le faire. Il faut que la Métropole finance, en partie grâce à des financements spécifiques de l’Union européenne, débloqués par la loi climat », avance le président de la CCI. Qui conclut : « Maintenant, c’est aux politiques de faire le job. »

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