La galerie d’art en ligne KazoArt mise sur les NFT et le métavers
KazoArt a fait construire une galerie virtuelle pour exposer les œuvres numériques de ses artistes. Crédits : KazoArt
La société KazoArt vient d’organiser sa première exposition virtuelle dans le métavers. Si sa fondatrice Mathilde Le Roy reconnaît que la technologie n’en est qu’à ses débuts, elle mise sur cette dernière pour faire évoluer le monde de l’art. Explications.
C’est une nouvelle étape que vient de franchir KazoArt, galerie d’art en ligne basée à Bordeaux. Le 22 février dernier, elle a organisé sa première exposition virtuelle… Dans le très à la mode métavers. 200 personnes étaient inscrites pour l’événement, et jusqu’à soixante visiteurs ont déambulé en même temps, grâce à des avatars, dans les allées virtuelles de la galerie. Aux murs étaient accrochées des œuvres, elles aussi digitales et vendues sous forme de NFT – non-fungible token. Des jetons numériques assurant, via la technologie de la blockchain, un certificat d’authenticité et de propriété infalsifiables. « Nous avions déjà organisé une vente de NFT l’année dernière avec cinq artistes, rappelle Mathilde Le Roy, fondatrice et dirigeante de KazoArt. C’était déjà une étape vers ce nouvel outil que sont les NFT et qui défraye la chronique. »
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Pour ce nouvel événement, la galerie d’art a sollicité une vingtaine d’artistes, qui ont accepté de s’initier à l’art digital et de créer une collection originale de NFT. KazoArt a acquis un « terrain » sur CryptoVoxels, l’une des trois plus grandes plateformes du métavers, et a ensuite fait construire sa galerie. Trois étages, un rooftop… Au-delà du coup de com, Mathilde Le Roy défend une nouvelle façon d’apprécier l’art. « La dimension expérimentale est inscrite dans notre ADN. Déjà, à la création de KazoArt, on bousculait les codes en proposant d’acheter des œuvres en ligne. Notre activité s’adapte assez bien à cette nouvelle technologie. »
Under the Red Tree de l'artiste Franck Schroeder, exposée par KazoArt dans le métavers. Crédits : KazoArt / Franck Schroeder
Deux communautés encore distinctes
Gucci, Adidas et même Carrefour : le métavers rencontre un vrai succès ces derniers temps, et on ne compte plus les marques qui décident d’investir dans un terrain virtuel. Si la fondatrice de KazoArt reconnaît « qu’on est encore très tôt dans le processus », elle compare ce nouveau terrain de jeu au géant des réseaux sociaux Facebook, à ses débuts. « Aujourd’hui, les entreprises doivent avoir leur page sur Facebook pour communiquer, c’est complètement normal. Demain, je pense que le métavers sera un véritable espace de présentation et de commercialisation. » Mais l’art, qui s’apprécie « in real life », a-t-il sa place dans ces millions de pixels ? « C’est sûr que c’est une autre forme d’art, reprend Mathilde Le Roy. On propose des créations originales, uniques qu’on peut apprécier sur toute sorte d’écrans. Ordinateur, smartphone, rétroprojecteur… Il y a également une dimension d’investissement pour les acheteurs, on ne va pas le nier. Mais pour nous ce n’est pas juste un objet de spéculation, il y a un vrai intérêt créatif. Ce sont d’ailleurs les artistes qui nous ont sollicités, pour qu’on les accompagne dans le processus des NFT. »
Pour autant, lors du vernissage de l’exposition virtuelle, aucun visiteur n’a franchi le pas en achetant l’une des œuvres présentées (allant de 0,05 à 1 Ether, soit entre 135 et 2.700 euros). « Aujourd’hui notre communauté d’acheteurs n’est pas tellement convertie aux NFT, concède Mathilde Le Roy. Ce sont encore deux communautés distinctes, entre les amateurs d’arts et ceux de NFT. » KazoArt a jusqu’à présent vendu 225 NFT dans le cadre d’une opération en BtoB, auprès d’une entreprise souhaitant investir dans cet actif, mais la fondatrice ne désespère pas. « On n’a pas mal de projets, on veut lancer des collections avec une communication plus directement orientée vers la cible d’acheteurs de NFT. Qui est, d’ailleurs, plus anglophone que francophone, précise la dirigeante. Pour créer plus d’adhésion il y a une étape technologique à franchir, faire de la vulgarisation auprès du grand public, rendre l’expérience plus simple. » Et pour ne pas complètement dissocier l’activité historique de KazoArt de cette nouvelle brique technologique, Mathilde Le Roy souhaite proposer aux acheteurs d’œuvres « réelles » un double en NFT faisant office de certificat de propriété. « L’avenir nous le dira, mais je pense qu’il y a vraiment un gros potentiel », conclut notre interlocutrice.
KazoArt
Basée à Bordeaux
15 salariés
CA : n. c.