« On ne gère pas une entreprise comme on gouverne une ville » : revivez l'interview de Thibaut Guiraud - Premium

Thibaut Guiraud est le nouveau maire de La Rochelle, élu mi-juin à la suite de la démission surprise de Jean-François Fountaine. Il est maire jusqu'aux élections municipales de 2026, dans neuf mois. Titulaire d’un doctorat en physiologie et biologie à Montréal, joueur de rugby, père de deux enfants, chef d’entreprise, ex-directeur de la clinique Cardiocéan, il répond aux question de la rédaction et des adhérents de Placéco.Les chefs d’entreprises qui sont dans la salle ne vous connaissent pas tellement... Qui êtes-vous ? Je suis arrivée à La Rochelle, il y a une dizaine d'années, j'ai souhaité m'y installer pour m'y épanouir à la fois sur le plan professionnel comme directeur de la clinique cardio-cérébrale à Puilboreau et surtout m'épanouir d'un point de vue familial. Je suis tombé amoureux de la ville, j'y ai vu un terrain de jeu absolument extraordinaire. J’ai souhaité m'engager à partir de 2019 parce que je trouve que les élus qui nous représentent doivent nous ressembler. Ce qui m'a toujours déplu c'est d'avoir des élus qui font de la politique un métier. Et ce que j'aimais dans la politique locale, ce sont des choses très concrètes : on prend des décisions, il y a des budgets et derrière on voit la réalisation de ces idées. Donc j'ai fait la campagne de Jean-François Fountaine en 2020 et quelques jours après, je me retrouve aux finances. Je suis rentré tout de suite dans le grand bain, on est sur un budget d’à peu près de 130 à 140 millions d'euros en fonctionnement. L'investissement se situe entre 30 et 60 millions d'euros en fonction des années. Quand je me suis retrouvé à la tête de ce budget, c'est là où je crois que j'étais piqué. Et puis il y a eu une opportunité avec la démission de Jean-François Fountaine. C'est comme ça que je me retrouve maire de la ville de la Rochelle, et j'en suis très heureux.Ce résumé audio a été généré par une intelligence artificielle. La rédaction de Placéco a vérifié toutes les données évoquées pour confirmer leur validité. La prononciation de certains noms propres et noms d'entreprise est parfois légèrement altérée.À lire également : « Faire de la politique et être chef d'entreprise : il faut scinder les deux », Jean-François Fountaine Quand est-ce que vous avez su que vous vouliez vous présenter comme maire de La Rochelle ?C'est un long processus de réflexion avec Jean-François. On a des discussions quasiment au quotidien. Et dans les différents scénarii qu'il envisageait, on sentait qu'il avait envie d'installer une nouvelle génération un peu à l'image de certains élus, que ce soit l'éducation, à l'urbanisme. Il disait « j'ai envie de préparer la suite et j'ai vraiment envie qu'il y ait des nouveaux visages qui émergent et en qui j'ai confiance ». Pour ma part, j’ai pris ma décision le 25 janvier 2025, je lui dis « écoute, si tu ne continues pas, je me sens de prendre la suite ». Quel est le cap que vous voulez donner à votre mandat, quelles sont vos priorités ?L'idée c'est de s'inscrire dans une forme de continuité par rapport à ce qui a été fait. Et là, je vais parler aux chefs d'entreprise : on a besoin de vous. On a besoin de votre capacité à créer de l'emploi, à générer de la richesse, à nous permettre d'avoir des recettes fiscales parce que c'est grâce à ces recettes fiscales que la Ville va bien. Et parce qu'elle va bien elle peut répondre à l'action sociale. Ma première des préoccupations c'est absolument de redresser le CCAS. Le centre communal d'action sociale rend un service de très bon niveau aux usagers mais coûte beaucoup d'argent. La ville de la Rochelle versait 7 millions d'euros chaque année en subvention, aujourd'hui on est à 11 millions, vous voyez le dérapage budgétaire. L'enjeu vraiment, c'est d'arriver à restructurer le CCAS pour l'inscrire sur la durée et de répondre aux gens qui en ont le plus besoin. Un maire est là pour aménager le territoire. Ça à la rigueur, c'est presque facile, faire des écoles, des voiries, tracer les pistes cyclables etc., mais surtout il doit protéger sa population. Par ailleurs, au niveau de la Rochelle la situation financière est très bonne et en tout cas, si la fin de mon mandat se termine dans 9 mois, il y a une chose dont je serai fier, c'est de laisser à une prochaine équipe une situation financière de bon niveau. Et je pense qu'on a gardé un cap de centre gauche tout en ayant une rigueur budgétaire au même titre que les chefs d'entreprise doivent avoir pour leur entreprise. Quand on voit nous nos premiers investissements, chaque année sur les 40 millions d'euros qu'on investit, déjà 13 millions sont fléchés l'amélioration de la performance énergétique de nos bâtiments. Ça c'est plutôt une politique écologiste. 800 millions d’euros pour le futur hôpital Justement, La Rochelle se veut être une ville exemplaire en matière de transition écologique. Pourtant, plusieurs études ont révélé des cas de cancers pédiatriques autour de chez nous. Plus récemment le site Marcel Paul a suscité une vague d’inquiétude chez les habitants rochelais, aujourd’hui quelles sont les prochaines mesures concrètes que vous allez mettre en place en faveur de l’écologie ?On s'est engagé à plusieurs choses : vous avez tous entendu parler de ce site qui était pollué, une ancienne usine à gaz sur le site Enedis autour de Marcel Paul pour lequel il y a eu un climat anxiogène très important et où les habitants se sont retrouvés avec des émanations de gaz, les yeux qui piquent, des nausées, des maux de tête... Et pour lequel on a été dépassé parce que c'est absolument inédit ce qui s'est passé. On avait un protocole validé par arrêté préfectoral, le permis de construire a été délivré à la société Vinci pour aménager et construire des bâtiments et des appartements, notamment des logements étudiants... Et puis finalement, on s'est rendu compte très rapidement qu'on était dépassé par la dépollution de ce site. Donc on a mis en stand by. Là, on va rentrer dans une nouvelle phase. À partir du 7 juillet et pour huit semaines, on a demandé à la société qui est en charge de dépolluer de reprendre le chantier de dépollution, mais pas n'importe comment. On a fait valider par la préfecture un nouveau protocole avec un niveau de sécurité comme il y a jamais eu en France avec des tentes, des hydrocovering, des aspiratrices, c'est une espèce d'arsenal en matière de sécurité très important. On ne prendra aucune décision sur la suite de ce chantier tant qu'on n'a pas la certitude, validée par des bureaux d'études et des experts et des diagnostics environnementaux avec des carottages, avec des sondages sur le fait, que ce site est totalement dépollué et qu'on peut construire dessus.À lire également : Revivez l'interview de Grégory Coutanceau Concernant le projet de l’hôpital de La Rochelle, où en est on concrètement ?D'un point de vue administratif, il y a eu un vote en faveur d'une fusion entre l'hôpital de Rochefort et l'hôpital de la Rochelle. Le but cst de s'unir pour avoir un grand hôpital de territoire. La construction du futur hôpital n'a pas changé et a priori, il ne changera pas, ça sera bien sur le site de DBMA à Aytré pour lequel tous les feux sont au vert. On attend juste l'accord de la Commission Nationale des investissements en santé, placée sous l'égide du ministère de la Santé, pour faire un chèque aux alentours de 800 millions d'euros.Répondre à la crise du logement par le social Comment comptez-vous répondre à la crise du logement ?Sur le territoire, 11.500 personnes sont en attente de logement sociaux. Donc on doit continuer de produire du logement dans lequel les promoteurs immobiliers intègrent des logements sociaux. Sur la Rochelle, on est sur les bons niveaux parce qu'on a 30 % de notre parc qui sont des logements sociaux. J'avais été marqué par la campagne de 2020 où les opposants parlaient du vert qui était un bétonneur. Les entreprises, elles attirent des nouveaux arrivants qui ont besoin de se loger et qui n’ont pas forcément un portefeuille qui leur permet d'investir à hauteur de 4 ou 5000 euros par mois dans des appartements à la Rochelle. Et si on veut arriver à minima à maintenir les prix, en tout cas d'inverser la tendance, il faut continuer à produire du logement. Donc pour ça, on a un certain nombre de réserves foncières. Vous allez entendre parler très prochainement d'un nouveau quartier qui va sortir de terre à la Rochelle, le quartier des Salines qui se situe entre Villeneuve les Salines et le centre-ville. On a 7 hectares à cet endroit-là. Le tourisme est un moteur économique, mais il peut susciter des critiques en matière de saturation notamment.Quelle politique touristique comptez-vous mener ?Le tourisme est une compétence d'agglomération, après en tant que maire de la ville de la Rochelle, il y a un certain nombre de sujets que je peux évoquer. Sur la ville, on a 6.000 déclarations de logement meublé tourisme de courte durée? Cela représente une concurrence notamment déloyale vis-à-vis des hôtels. Je n'ai rien contre les meublés tourisme, ils rapportent de la taxe de séjour à l'agglomération, on a besoin de cette recette fiscale, mais ils ne doivent pas rentrer en concurrence avec des hôtels. On a interdit les meublés de tourisme au niveau du port de plaisance sur les 5.200 bateaux que compose le port des Minimes et le vieux port. On s'est rendu compte qu'il y avait énormément de bateaux qui ne sortaient jamais et qui étaient loués. Qui est-ce qui vous inspire en politique ?Je ne fais partie d'aucun parti politique, je n'ai jamais milité. Quand je dis ça devant certains élus de ma majorité, ça énerve. Mais je n'ai jamais milité, j'ai mes propres convictions sur les sujets nationaux. Au niveau local, j'aime beaucoup ce qu'a fait Jean-François Fontaine, tout simplement. Je le dis en toute honnêteté. Je trouve qu'il a trouvé le meilleur équilibre entre les politiques environnementales qui s'imposent à nous et l'action sociale. Et quand on voit la santé financière des entreprises sur le territoire, on se rend compte que la politique qu'il mène depuis presque 12 ans maintenant au niveau de l'agglomération, porte ses fruits. Comment vous faites pour être un maire de proximité avec les chefs d'entreprise ? Je suis issu de leur monde, je crois qu'on se ressemble et je veux être un maire très à l'écoute de l'économie locale. Ce que j'ai appris ces derniers temps, c'est qu'on ne gère pas une ville comme on gouverne une entreprise. Je crois qu'une entreprise a vocation à gagner de l'argent. Elle doit faire du profit, c'est son ADN. Après, elle doit le faire de manière éthique et ça c'est autre chose. Une ville, c'est différent. On doit être dans une approche budgétaire rigoureuse, mais son épargne doit être réinvestie pour le bien de tous. On est vraiment dans une approche de service public. Et en terme de philosophie, je peux vous dire que ça impacte beaucoup la manière dont on va manager les équipes.La question que tout le monde se poser : allez-vous vous présenter aux prochaines élections municipales de mars 2026 ? Joker (rires).

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