La filière bois et la transition verte redonnent du souffle au port de commerce de Rochefort - Premium

Un navire en provenance de Suède accostera désormais chaque mois dans le bassin de Rochefort. À son bord, les cargaisons de bois de SCA Wood, géant scandinave du secteur forestier, qui renforce son partenariat avec ISB, son homologue français. Cette nouvelle étape marque le début d’une dynamique industrielle que le port de Rochefort-Tonnay-Charente entend bien transformer en levier de développement durable. Un port à taille humaine, en mutation« C’est une belle nouvelle pour nous, confie Céline Viron, directrice du syndicat mixte Port Charente Atlantique. Cela consolide la filière bois et renforce notre visibilité à l’international. » SCA Wood, historiquement implanté sur le site, avait fusionné il y a quelques années avec ISB, qui gère aujourd’hui l’activité rochefortaise. En reprenant la voie maritime, l’entreprise suédoise réaffirme sa volonté d’ancrer sa logistique en France. Les conséquences économiques locales sont tangibles : deux emplois créés chez SCA, deux autres maintenus chez ISB et une dizaine supplémentaire attendue d’ici dix-huit mois.Mais au-delà de l’effet d’annonce, cette implantation illustre une stratégie plus large, celle de diversifier les trafics pour réduire la dépendance du port à la filière céréalière. « Être trop dépendant d’une seule activité, c’est compliqué », reconnaît Céline Viron. « Quand les campagnes agricoles sont mauvaises, le port en subit immédiatement les conséquences. Avec la filière bois, nous stabilisons nos revenus et nous consolidons notre rôle dans l’économie locale. »La décarbonation comme moteurCréé en 2017 sous statut de syndicat mixte, le port est géré directement par les collectivités depuis janvier 2022. Il emploie 15 personnes, génère 500 emplois directs et indirects et réalise 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Chaque année, 600.000 tonnes de marchandises transitent sur ses quais : céréales, sables, produits du BTP, engrais, ferraille, matériaux recyclés. Avec ses navires de 120 mètres et un tirant d’eau limité à 6,5 mètres, le port se positionne sur le cabotage européen et nord-africain. « Notre force, c’est la flexibilité, la capacité à traiter des marchés de niche et à répondre vite aux besoins des entreprises locales », résume Céline Viron.Lire également : Le port de Rochefort investit dans la réduction des émissions avec la technologie HydragenCette agilité s’exprime aussi dans la transition écologique. Depuis l’été 2024, le port expérimente le dispositif Hydragen, installé sur ses cinq grues. Montant total : 58.000 euros, dont 33.600 euros de subvention régionale. « Nos grues ont vingt à trente ans. Les remplacer aurait été hors de prix. Ce système prolonge leur durée de vie tout en réduisant l’impact environnemental », explique la directrice. L’hybridation permet de diminuer de 20% la consommation de carburant et les émissions polluantes, sans perte de puissance.Reconversion foncière et diversificationLe port prépare aussi l’électrification des quais, la pose de panneaux photovoltaïques sur les hangars et participe au label Green Marine Europe, qui distingue les ports engagés dans la décarbonation. « Nous avançons pas à pas, avec une approche adaptée à notre taille », souligne Céline Viron. Depuis 2016, le port a récupéré plus de 14.000 m² de surfaces : terrains SNCF, hangars neufs, rachat du quartier de la Libération. Un hangar de 7.000 m² sortira bientôt de terre, tandis qu’un autre de 2.700 m² a été livré à ISB. Ces projets doivent accroître la capacité de stockage et fluidifier les rotations de marchandises.Rochefort regarde aussi vers les énergies marines renouvelables : cinq hectares sont déjà réservés pour accueillir des composants d’éolien flottant. À plus long terme, le port espère retrouver une connexion ferroviaire, perdue depuis les années 1970, pour renforcer la multimodalité. « Les voies passent juste derrière la zone que nous avons acquise. On veut se rapprocher de la gare et offrir une alternative logistique bas carbone », explique la directrice.« Nous avons la taille idéale pour être un port réactif et à l’écoute de nos clients », conclut Céline Viron. « L’ambition, c’est d’être reconnu comme un port capable de traiter les marchés de niche, en France, en Europe et jusqu’en Afrique du Nord. »

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