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INFO PLACÉCO : Jean-François Fountaine fait un bilan de son mandat de maire

Écosystème
jeudi 12 juin 2025
INFO PLACÉCO : Jean-François Fountaine fait un bilan de son mandat de maire

Jean-François Fountaine, ancien maire de La Rochelle et président de l'Agglomération. Crédit photo : Camille Lecestre

Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle pendant 11 ans et figure politique en Nouvelle-Aquitaine garde la présidence de l'agglomération. Moins d'une semaine après l'annonce de sa démission, il livre pour Placéco le bilan de sa politique, ses grands projets et l'héritage économique qu'il laisse derrière lui.

Quel regard portez-vous sur vos années de maire de La Rochelle ?
Je suis encore président de la Communauté d’agglomération, et le travail à y accomplir reste considérable. Mais si je regarde le chemin parcouru, je dirais que c’est une transformation économique remarquable qui ne commence pas avec moi, mais bien avant. Dans les années 1980, La Rochelle traversait une crise profonde, avec près de 18 % de chômage. L’arrivée de l’université, du TGV, des Francofolies et des fonds européens a enclenché un rebond dès les années 2000. Depuis, cela s’est accéléré et on a vu émerger une économie complète et diversifiée avec des secteurs de pointe comme la santé et l’arrivée d’entreprises comme Mecellis, Valbiotis et bientôt Zeiss, le numérique et une véritable dynamique entrepreneuriale.

Nous avons bénéficié de plusieurs facteurs favorables. D'abord, l’implantation du Crédit Agricole à Lagord qui représente 500 emplois, ensuite l’arrivée de la BPI puis de la Banque des Territoires qui ont fait de La Rochelle une place financière régionale émergente. Les grandes entreprises comme Alstom, Solvay et son centre de ressources sur les terres rares ou encore Léa Nature ont largement contribué à cette dynamique. C’est aussi un tissu exceptionnel de PME, dans des secteurs très variés, de la joaillerie haut de gamme à l’agroalimentaire bio, et en 10 ans 14 .000 emplois privés ont été créés. Si ces derniers temps, la création d’emploi ralentit, le chômage, lui, n’a pas repris, preuve d’une vraie résilience. Autre indicateur à prendre en compte, les recettes fiscales issues de la masse salariale confirment cette belle dynamique.

Quels sont, selon vous, les grands accomplissements de votre mandat ?
Je me vois comme un facilitateur avant tout. Les réussites, ce sont d’abord celles des entreprises et des acteurs locaux. En juillet, nous organisons avec Placéco une journée dédiée à la levée de fonds, c’est un exemple de cette dynamique. Mais, la réussite, elle est collective. On ne peut pas faire d’écologie sans une économie solide. Et cette synergie s’est renforcée durant le mandat, notamment avec les Chambres consulaires, ou l'entreprise de Kloboukoff.

Et à l’inverse, avez-vous des regrets, des projets inachevés ?
Pas de regrets, mais oui, des impatiences. Certains dossiers sont encore en cours ou ont pris du retard : le projet de l’hôpital, le pont de Tasdon, ou le programme de renouvellement urbain de Villeneuve. Et surtout, il reste beaucoup à faire pour répondre à la question du logement des salariés. Nous devons continuer à produire du logement social. Aujourd’hui, 70 % des Rochelais sont éligibles à un logement social, et notre objectif reste un taux de 30 % de logements sociaux sur le territoire.

À lire également : Les rencontre rochelaises de l'investissement, c'est le 8 juillet 2025

Une réussite collective

Quel héritage économique laissez-vous à La Rochelle ?
Un héritage collectif, celui d’un territoire dynamique, varié, et surtout où développement économique et transition écologique vont de pair.

Quelles ont été les principales difficultés économiques durant votre mandat ?
Le Covid bien sûr, mais nous avons su réagir rapidement. Nous avons mis en place un fonds d’urgence. Un exemple concret : l’entreprise Lucas Diesel qui produisait des injecteurs a fermé pendant la crise mais trois mois plus tard Léa Nature a repris les locaux et développé une activité bio. C’est symbolique de cette capacité de transformation. Il y a aussi des frustrations. Par exemple, l’offre de TGV pourrait être bien meilleure. Mais chaque dossier demande de l’énergie. Zeiss, par exemple, a nécessité une intervention jusqu’au président de la République.

Vos choix économiques ont-ils renforcé l’attractivité du territoire ?
Absolument. L’image économique de La Rochelle a changé. Là où il y avait des conflits sociaux, il y a aujourd’hui de l’attractivité, du tourisme, une hausse du taux d’occupation hôtelière, l’extension de l’hôtel Mercure, la croissance du quartier Saint-Nicolas… Nos recettes de taxe de séjour sont en hausse. Mais surtout, nous avons désormais plus d’emplois dans l’industrie que dans le tourisme, ce qui montre la transformation du tissu économique.

Quels secteurs devraient être davantage soutenus à l’avenir ?
Certaines PME restent isolées, moins connues. Il faut veiller à les accompagner, à bien les identifier. L’agglomération a déjà développé un esprit entrepreneurial fort, notamment via le Village by CA et une approche environnementale renouvelée.

La transition écologique est-elle compatible avec le développement économique local ?
Évidemment. Quand on construit des trains, on construit des solutions de mobilité bas carbone. Léa Nature est un excellent exemple d’entreprise qui allie performance économique et respect de l’environnement. Solvay également.

Quelles actions avez-vous mises en œuvre pour engager La Rochelle dans une trajectoire bas carbone ?
Le projet La Rochelle Zéro Carbone est notre pilier, isolation des bâtiments, création d’une coopérative carbone, accompagnement des entreprises dans leur comptabilité carbone, développement des pistes cyclables. Ce n’est pas de la communication, c’est du concret. L’objectif est clair : Cap Zéro Carbone La Rochelle 2040.

Comment avez-vous géré la relation entre centre-ville, quartiers et communes périphériques ?
Par la présence et l’écoute. Nous avons organisé plus de 200 réunions publiques durant le mandat. En tant que président d’agglomération cela reste une de mes priorités celle d’écouter les remarques, entendre les critiques, et adapter nos actions. J’espère avoir été à l’écoute. En tout cas, nous avons voulu créer une dynamique collective.

Thibaut Guiraud est en passe de vous succéder, vous avez dit lors d’une conférence de presse ne pas avoir de « Dauphin », vous le soutenez ?
Je soutiens aujourd’hui Thibaut Guiraud et j’aurais tout autant soutenu Christophe Bertaud s’il avait été choisi par la majorité. L’équipe municipale est riche de talents.

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