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Nouvelle-Aquitaine : une filière cosmétique mature face à plusieurs défis

Écosystème
mercredi 05 novembre 2025
Nouvelle-Aquitaine : une filière cosmétique mature face à plusieurs défis

Françoise Jeanson, vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, chargée de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Crédits : Région Nouvelle-Aquitaine / Sébastien Blanquet-Rivière

La filière cosmétique de Nouvelle-Aquitaine compte de nombreuses entreprises sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Un atout, pour relever le défi de l’innovation perpétuelle, mais aussi pour formuler des produits plus naturels. Et ainsi répondre à la demande des consommateurs.

Françoise Jeanson est vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, chargée de l’Enseignement supérieur et de la recherche. À ce titre, elle porte le sujet de la filière cosmétique, pour nouer des partenariats entre monde agricole et entreprises cosmétiques. Entretien.

Comment se caractérise la filière cosmétique en Nouvelle-Aquitaine ?
La région compte environ 300 entreprises réparties sur l’ensemble du territoire. Cela représente près de 6.000 salariés, pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros. C’est une filière extrêmement bien répartie sur l’ensemble du territoire. Notre région est l’une des plus importantes en matière de cosmétique, avec la particularité de compter des acteurs sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Et ça, c’est assez étonnant. On va des plantes jusqu’au produit fini, en passant par l’extraction, la transformation, la formulation… y compris le packaging. C’est une diversité incroyable qui fait appel à des compétences dans tous les domaines. Forcément il y a quelques gros noms comme Léa Nature, mais il y a aussi beaucoup de TPE et de PME.

Est-on arrivé à une forme de maturité du secteur, ou certains enjeux viennent-ils rebattre les cartes ?
Les deux. La filière néoaquitaine est mature, mais nos entreprises comme celles à l’échelle française et internationale sont confrontées à un certain nombre d’enjeux, en particulier autour du bio. Car si les consommateurs ne mangent pas forcément bio pour plein de raisons, ils font le choix de produits cosmétiques plus sains, qui n’abîment pas la peau. À la Région Nouvelle-Aquitaine, la question est de savoir comment travailler pour aider l’ensemble de la filière à s’orienter vers le bio et le circuit court - et ce n’est pas simple.

Cartographier les forces du territoire

Notre territoire a l’avantage d’être très bien loti en matière d’agriculture, et donc d’approvisionnement…
Oui, ce travail de fond est facilité par cela. Mais les entreprises du bio nous disent que pour trouver certaines matières premières, elles sont parfois obligées d’aller chercher des fleurs dans le monde entier car elles ne sont pas présentes en Nouvelle-Aquitaine. C’est donc un enjeu pour nous, qui a notamment explosé durant le confinement, un moment qui a été très compliqué pour la filière.

Quelles stratégies portez-vous, justement, pour faciliter la relocalisation de matières premières ?
Nous avons mis en place un partenariat avec Interbio Nouvelle-Aquitaine, l’interprofession, pour cofinancer un parcours sur mesure pour quatre entreprises. Silab en Corrèze, Laboratoire de Biarritz et Princesse Lia au Pays basque, et Soniam dans la Creuse. L’idée est de les accompagner durant un an pour favoriser des partenariats durables avec des agriculteurs bio locaux. Je pensais qu’au début ce serait simple, mais les deux professions se connaissent très peu. À ce titre, on travaille à une cartographie régionale des outils de première transformation des plantes à parfum et des plantes aromatiques. Pour que les industriels puissent mieux connaître notre écosystème agricole régional, et in fine qu’ils se rapprochent des outils existants.

Innover et revaloriser

Il y a également la question des coproduits agricoles qui peuvent être valorisés pour la filière cosmétique, à l’instar de la laiterie Bastidarra au Pays basque, qui a lancé une gamme de cosmétique pour valoriser le petit-lait. Vous emparez-vous du sujet ?
Oui, nous avons lancé un appel à manifestation d’intérêt baptisé Valcobio, pour « Valorisez vos coproduits issus de la biomasse ». L’objectif est de s’interroger sur la façon de travailler à cette valorisation, en étudiant sa faisabilité et ses possibles débouchés. Nous avons déjà retenu six projets portés par des entreprises de la région qui souhaitent mener des expérimentations [ndlr, liste à retrouver ci-dessous]. Ce rapprochement entre secteur agricole et industriel, on y travaille depuis plusieurs années mais cela prend du temps. La cosmétique se renouvelle tellement vite qu’il faut toujours avoir un temps d’avance sur la concurrence, ce n'est pas simple car il faut trouver dans le bio et le biosourcé les mêmes propriétés que ce qui existe en beaucoup plus chimique. D’où le travail d'innovation que l’on doit soutenir, dans les entreprises ou en partenariat avec les laboratoires de recherche.

Liste des structures qui travaillent sur la valorisation de coproduits :
• Le groupement d’entreprises Agrolandes à Haut-Mauco (40) explore la valorisation d’un coproduit issu du maïs en ingrédient cosmétique ou colle.
• Holiste Biogemme à Biscarosse (40) veut valoriser la colophane (issue de la gemme de pin) en ingrédient cosmétique pour améliorer l’adhérence des produits solaires.
• Immunrise Biocontrole à Cestas (33) entend valoriser un coproduit de microalgue aux propriétés thérapeutiques et cosmétiques.
• Tevap à Agen (47) travaille sur l’extraction de molécules actives à partir de drêches de gingembre, pour des usages cosmétiques et médicinaux.
• Xylex à Allassac (19) mène des recherches sur l’écorce de pin douglas, pour créer une alternative végétale à la cire d’abeille.
• Ponthier à Objat (19) ambitionne de valoriser ses coproduits de fruits en ingrédients à haute valeur ajoutée, pour divers secteurs.

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