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Nouvelle-Aquitaine : l’ADIE a accordé 12,8M€ à 2.700 micro-entrepreneurs en 2022

Écosystème
mardi 09 mai 2023

Jean-Marc Ewald dirige l'ADIE Nouvelle-Aquitaine depuis sa création en 1993. Crédits : ADIE

Depuis 1993, l’ADIE accompagne des porteurs de projet via des microcrédits, pour leur permettre de lancer leur activité. En 30 ans d’existence, l’antenne néoaquitaine de l’association a injecté 113 millions d’euros dans 32.000 microcrédits, et 23.000 projets locaux ont été soutenus. Pour Placéco, le directeur régional de l’ADIE Jean-Marc Ewald dresse un bilan de son activité, et aborde le futur.

Quelles sont les activités de l’ADIE, aujourd’hui ?
Notre mission est toujours la même depuis 30 ans : permettre à tous ceux qui souhaitent créer leur entreprise, de pouvoir le faire. Nous nous adressons plutôt à un public qui n’a pas accès au crédit bancaire, et nous proposons des microcrédits plafonnés à 12.000 euros. Même si en moyenne, nos bénéficiaires empruntent environ 5.000 euros. Nous proposons un accompagnement durant la phase de démarrage, et aussi longtemps que l’entrepreneur le souhaite pour qu’il y voie plus clair. Pour sélectionner les projets, nous regardons si la personne est capable de faire preuve d’agilité, si elle évolue dans un environnement qui lui fait confiance. Puis nous analysons ce que le projet prévoit en matière de marchés, de clients, de concurrents, de produits… Pour transformer l’idée en modèle économique.

Vous êtes arrivé aux manettes de l’ADIE Nouvelle-Aquitaine dès sa création, en 1993. Comment analysez-vous l’évolution de cette structure, en 30 ans ?
Au départ, j'étais tout seul dans la structure et aujourd’hui, nous comptons 45 salariés et 200 bénévoles. La première année de notre activité j’ai financé 43 dossiers, et rien qu’en 2022, nous en avons accompagné 2.700… On voit qu’on est loin de satisfaire l’ensemble de la demande. Nous sommes dans une époque où les gens ont de plus en plus envie d’entreprendre pour donner un peu de sens à leur travail, il y a l’idée d’avoir un impact direct sur son environnement. Le Covid-19 a été un accélérateur de ce sentiment, notamment pour les jeunes. Aujourd’hui, près de 60% des entreprises qui sont créées prennent d’abord le statut de microentreprise, et notre combat, c’est de dire que ce statut n’est pas forcément bien pris en compte, alors que ce type d’entreprise a un poids très important. Il faudrait créer un environnement beaucoup plus dynamique pour les microentreprises, qui produisent de la valeur ajoutée sur le territoire, et des emplois souvent non-délocalisables.

Des projets de vie

Pourtant les microentreprises sont souvent considérées comme des formes d’entreprise particulièrement fragiles, voire plutôt éphémères…
Je pense qu’on a fait la preuve de la solidité des entrepreneurs que l’on accompagne, et de leur motivation. À trois ans, environ 60% des gens qu’on a financé poursuivent leur activité. Sur les 40% restants, la moitié ont une autre activité que celle de départ, et sont insérées professionnellement. Notre outil est relativement économe mais a un impact important - plus de la moitié des entrepreneurs étaient allocataires du RSA lorsqu’ils sont venus nous voir. Le message que nous essayons de faire passer, c’est que ces microentreprises ne sont pas des projets au rabais mais de vrais projets de vie, et qu’il faut les prendre en compte.

Quels sont les secteurs d’activité les plus représentés parmi les projets que vous financez ?
Les services et le commerce - souvent alimentaire - sont très importants. Ce sont des projets avec des plans de financement assez modestes, en moyenne 10.000 euros, le double au maximum. Et des projets qui nécessitent de générer de suite du chiffre d’affaires. Les services à la personne représentaient 13% de notre portefeuille en 2022, tout ce qui est nettoyage, jardinage, 29%. Au total l’an dernier, nous avons accordé 12,8 millions d’euros… Contre 250.000 francs en 1993 ! [NDLR, environ 38.000 euros].

Justement, comment vous financez-vous ?
Nous avons plusieurs sources de revenus. Évidemment, nous empruntons aux banques pour générer nos prêts. Dans notre budget, environ 30% des charges sont financées via les commissions des microcrédits. Mais la grande majorité - 60% de ces charges - sont épongées via des opérateurs. Collectivités, monde économique, un peu de mécénat également… Enfin, les 10% restants viennent de nos bénévoles.

Ne laisser personne sur le côté

Quelles sont les perspectives à court et moyen terme pour votre association ?
Tout d’abord, nous voulons nous donner les moyens de mieux nous faire connaître. Le numérique aide beaucoup, nous essayons de nous rapprocher d’autres réseaux également, comme France services, qui dispose de plusieurs points relais sur le territoire. Il y a la question des fonds propres de nos micro-entrepreneurs également, car il est important que les gens puissent avoir au moins 2.000 euros de fonds propres. Donc nous voulons voir comment les aides publiques peuvent les soutenir dans cet enjeu… Enfin, le troisième sujet, c’est la transition écologique. Nous sommes obligés d’y aller, nous n’avons pas le choix. La question, c’est comment embarquer tout le monde pour ne laisser personne sur le côté ? Nous avons recruté un responsable de projet en la matière. Par exemple, la mise en place de la future ZFE, zone à faibles émissions, sera clairement un obstacle pour des micro-entrepreneurs.