Nathalie Larroutis : « Nous sommes un territoire très dynamique » - Premium

En octobre dernier, Nathalie Larroutis, dirigeante du groupe de carrosserie du même temps, prenait la succession de Jean-Marc Roy à la tête du Medef Béarn et Soule. Depuis, plusieurs gouvernements se sont succédé, l'instabilité politique et économique s'est installée, mais, souligne la dirigeante, le Béarn reste un territoire relativement épargné et toujours dynamique.La rentrée a été pour le moins agitée sur le front politique… On s’y attendait quand même un peu. La succession des différents gouvernements commence à être très préoccupante. On demande stabilité, visibilité, et on a exactement le contraire ! C'est mauvais pour le tissu économique national, local, et ça n’aide pas à restaurer la confiance. On a l’impression que tout est un peu à l’arrêt. Quelle image donnons-nous de la France aux investisseurs étrangers ?À lire également - Entreprise, Prud’hommes, Medef : Nathalie Larroutis est sur tous les fronts Vos adhérents ressentent-ils un impact direct de ces blocages politiques sur leur activité ? Ce qui se dégage majoritairement ce sont des investissements freinés, des projets et des recrutements mis en attente… Tout le monde attend de voir à quelle sauce on va être mangés. Quel sera le nouveau gouvernement, quel budget aurons-nous en 2026 ? Quelles mesures vont être prises, quels axes seront favorisés, est-ce que les entreprises seront taxées encore et encore, alors que ce dont le pays a besoin, c’est de produire plus.Le Medef ne porte-t-il pas une part de responsabilité dans la chute du gouvernement Bayrou, en ayant fait échouer par intransigeance le conclave sur les retraites ? C’est nous donner beaucoup d’importance ! Le Medef n’est pas aux commandes du pouvoir, il est là pour défendre l’intérêt des entreprises. Par ailleurs, pendant ce conclave, il y a eu des avancées, des propositions qui ont été faites par le Medef, mais qui n’ont pas été retenues. Nous sommes toujours ouverts au dialogue social, même au niveau local, nous sommes là pour le maintenir et parler avec tout le monde.Dans l'aéronautique, du mieux sur la supply chain et le recrutementParmi les différents scénarios possibles pour la suite, lequel serait privilégié par le patronat ? Vu la composition de l’Assemblée Nationale, cela va de toute façon être très compliqué de dégager une majorité. Sur ce qu’il est opportun de faire ensuite, je ne peux pas prendre position. Nous serons toujours vigilants pour défendre les intérêts des entreprises. D’ailleurs, au niveau de la Région, nous avons été sollicités pour participer à la réunion des partenaires de la mobilité, et le Medef s’est fermement opposé à l’instauration d’un versement supplémentaire de mobilité pour les entreprises de Nouvelle-Aquitaine. Nous verrons en janvier si nous avons été entendus ou non. Pour nous, ce versement va aller contre la compétitivité des entreprises, l'emploi, et in fine le pouvoir d’achat. Nous avons besoin de confiance, de croissance et de compétitivité. Tout cela ne peut se faire que par la stabilité des institutions. Vu le contexte, cela semble toutefois difficile.Le Béarn est souvent considéré comme un territoire privilégié économiquement, est-ce toujours le cas ? Je ne veux pas verser dans le pessimisme. Nous sommes un territoire très dynamique, il suffit de voir notre taux de chômage pour s’en apercevoir, on ne s’en sort pas trop mal. L’aéronautique est bien repartie, les difficultés d’approvisionnement sont en train d’être résolues, il y a toujours des difficultés de recrutement mais les candidats sont de plus en plus nombreux. Le bâtiment souffre évidemment, et l’hôtellerie-restauration est en grande difficulté, en recherche de main-d’œuvre, et c’est forcément plus compliqué en Béarn que sur la côte basque. Certaines entreprises ou secteurs créent, ou envisagent de créer, leur propre centre de formation. Chaque secteur recherche ses propres solutions.Quelles sont les grandes échéances des mois à venir ? Le budget, avant tout. Ensuite, continuer nos actions d’influence auprès des élus locaux et nos actions concrètes pour nos adhérents, nos matinées d’information. Nous suivons également le projet Elyse Energy. J'espère que ce projet verra le jour, c’est un projet d’envergure avec beaucoup d’emplois à la clé, et du travail pour toutes les entreprises qui gravitent autour. Il y a, c’est vrai, des freins. Peut-être faut-il faire plus de pédagogie pour le faire accepter ? En tout cas, il vaudrait mieux que ce projet se fasse ici qu’ailleurs.Recruter des mandataires sociauxC’est votre première année à la tête du Medef Béarn et Soule, quel bilan en tirez-vous ? Pour moi c'est une très belle expérience, avec des aspects positifs que je n’avais pas imaginé. C’est un enrichissement personnel, d’aller à la rencontre des entrepreneurs, d’avoir aussi une stratégie commerciale pour aller chercher des adhérents, essayer de convaincre. Il y a en 2026 le renouvellement de 150 mandats sociaux, c’est quelque chose qui n’est pas forcément très connu mais qui me tient à cœur, et les réunions que l’on a organisées ont eu pas mal de succès. Pour attirer plus de personnes dans ces mandats, notamment plus de femmes, je souhaite créer un réseau de femmes mandataires. On a besoin de chefs d'entreprise qui soient prêts à défendre les intérêts de leurs pairs.À lire également - Pour le Medef Béarn et Soule, 2025 sera « l'année des mandataires »Comment équilibrez-vous le temps passé à la tête de votre entreprise et celui que vous consacrez au Medef ?C’est compliqué ! Je passe pas mal de temps au Medef. Il y a toute la partie représentation, qui se passe plutôt en soirée. Après les rencontres avec les adhérents, j’y passe au moins un jour par semaine, minimum. Nous sommes très sollicités, et nous avons besoin aussi de visibilité, de mettre en lumière tout ce qu’on fait. J’essaie de concilier tout ceci avec mon activité de cheffe d’entreprise, sans compter les Prud’hommes où je siège toujours ! Heureusement, je peux m'appuyer, au Medef, sur une équipe excellente.

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