« Le mécénat est une forte tendance dans les grands groupes », à Bordeaux l'hôpital a une véritable stratégie - Premium

Dans l'amphithéâtre de la Cité mondiale de Bordeaux, ils étaient nombreux à écouter la méthode de travail d'Audrey Baradat. La directrice du mécénat du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux a mis en place une véritable stratégie de mécénat afin, « non pas de financer le fonctionnement de l'hôpital, rôle de l'Etat, mais de financer le "plus" et l'innovation » explique-t-elle. Lors du 17ᵉ congrès interrégional des Fédérations hospitalières de France, qui s'est déroulé à la Cité mondiale de Bordeaux, une des thématiques abordées portait sur l'innovation dans le financement des établissements hospitaliers. A Bordeaux, le CHU s'apprête à lancer une ambitieuse nouvelle campagne de mécénat à partir d'octobre. Les financements seront fléchés vers différents projets qui portent tous sur de l'innovation, l'environnement de travail des agents hospitaliers ou l'amélioration de la vie des patients, puisque l'Etat finance le fonctionnement de l'hôpital stricto sensu.Devant les directeurs financiers, DRH, responsables de la RSE, etc., des établissements hospitaliers des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, Audrey Baradat a expliqué comment le CHU girondin s'y prend pour établir son plan de mécénat et le faire connaître. « Le mécénat, notamment de savoirs, est une forte tendance dans les grands groupes, témoigne-t-elle. Il faut néanmoins comprendre que ces entreprises ne donnent pas de l'argent pour l'hôpital de manière globale, elles veulent savoir à quoi sera affecté la somme qu'elles donnent. » Bien connaître les éventuels donateursPremier point, a-t-elle partagé avec ses pairs : avant de contacter les entreprises, l'équipe (trois personnes) du service mécénat mène des recherches sur les valeurs, l'activité, les champs d'action ou la politique RSE de celles-ci afin de pouvoir leur proposer d'aider des projets qui leur correspondent. « Nous avons tout un catalogue de projets que les entreprises peuvent soutenir » dit-elle. Elle précise que les grandes entreprises sont souvent plus enclines à donner du savoir-faire ou des produits que de l'argent. Ce mécénat de compétences commence à être répandu. Une agence de communication a offert la conception d'une campagne de communication, un photographe a donné de son temps pour tirer le portrait d'agents hospitaliers pour réaliser une exposition, une pépinière a donné des arbres… L'hôpital a même reçu du matériel électronique et des œuvres d'art. Régulièrement, le CHU organise des événements caritatifs. En Occitanie, les établissements « têtes de ponts » en organisent pour récolter des fonds à la fois pour eux et pour les établissements de plus petites tailles qui ont moins de facilités à attirer les dons. Deuxième tips : intégrer les réseaux professionnels. « Nous avons besoin d'intégrer les réseaux afin de faire connaître le mécénat pour l'hôpital aux entreprises, explique Audrey Baradat. Les entreprises sont à l'écoute car elles cherchent à nourrir leur politique RSE en ayant une action sur leur territoire. On n'est plus uniquement dans un intérêt de défiscalisation. D'ailleurs, lorsque je présente les projets, je mets rarement cet avantage en avant. »Enfin, toujours au rang des événements, elle organise chaque année une soirée de remerciement pour les mécènes et donateurs. « C'est un temps fort de notre politique car c'est le moment où les entreprises peuvent se rencontrer autour de valeurs communes. Elles peuvent rencontrer les porteurs de projets, des spécialistes qui expliquent leurs besoins et à quoi seront utilisés les dons. Ils sont contents de voir que la société civile s'intéresse à eux. » Afficher une totale transparencePour mener à bien la politique de mécénat du CHU de Bordeaux, la directrice liste néanmoins plusieurs impératifs. Le premier est d'avoir l'appui de la gouvernance. En deuxième lieu, elle place la nécessité de rencontrer les services des praticiens les plus pourvoyeurs de fonds (au CHU de Bordeaux, il y a une vingtaine de pôles). Troisième condition, afficher les procédures d'attribution des dons, être totalement transparent et pédagogue sur celles-ci et communiquer sur les dons reçus. « Nous communiquons à partir de 500 euros de don » détaille-t-elle. La communication interne est un atout précieux pour faire passer les messages et les explications. A Bordeaux, une salle de repos pour les soignants a ainsi été construite, un exosquelette acheté pour la gériatrie, etc. L'hôpital apprécie également les dotations pour les agents comme des places pour les matches de foot ou de rugby, à l'Opéra.Pour faire un don au CHU de Bordeaux, c'est ici.

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