« Le maître-mot c'est la confiance », la stratégie public/privé de Nhood pour rebâtir les zones commerciales - Premium

À Bordeaux comme ailleurs, les zones commerciales de périphérie ne sont plus uniquement pensées comme des lieux de consommation. Pour Christophe Janet, directeur général délégué de Nhood, opérateur de l'immobilier commercial de la famille Mulliez (Auchan), elles doivent devenir de véritables quartiers de vie, mêlant logements, bureaux, commerces et espaces verts. Un virage stratégique que l’entreprise accélère en Nouvelle-Aquitaine, où cinq projets sont actuellement en cours. Il était invité en juillet par Bordeaux Métropole lors du lancement de la consultation sur la transformation des portes métropolitaines. Aujourd'hui, avec Ceetrus et Auchan, Nhood inaugure la première tranche du programme de régénération urbaine l’Allée Counord, à Bordeaux.Transformer les zones commerciales en lieux de vie Il souligne l'importance de la collaboration avec les collectivités, les propriétaires fonciers et les parties prenantes, ainsi que la nécessité d'adapter les documents d'urbanisme (PLU) pour encourager la mixité d'usage. « La valeur ne viendra plus de la quantité de surfaces vendues, mais de la qualité de vie générée», insiste Christophe Janet. La mission affichée est claire : transformer des sites commerciaux en lieux de vie durables, adaptés aux nouveaux usages, intégrant habitat, bureaux, services et espaces renaturés. L'ambition de Nhood : transformer des fonciers commerciaux en lieux de vie. « Ce sont déjà des lieux de vie, mais on veut des lieux de vie plus mixtes, à plus forte valeur ajoutée en termes d'usage, affirme-t-il. Il faut renaturer, créer des logements, une accessibilité aisée, des zones de commerces en lien avec leur territoire. J'ai une conviction que je vous partage, la valeur ne viendra pas de la quantité de mètres carrés vendus, ça c'était avant, mais de la qualité de vie générée ».Cinq projets de Nhood sur la métropoleLa métropole bordelaise est devenue un terrain d’expérimentation privilégié avec ses huit portes d'entrée de ville à transformer. Nhood y pilote cinq dossiers majeurs. Parmi eux, deux projets structurants : Euratlantique, Mériadeck, Chartrons et Bordeaux-Lac. A Euratlantique, Mériadeck et aux Chartrons, l’enseigne Auchan veut repenser son implantation, même dans ses magasins les plus performants. Exemple emblématique, le site des Chartrons, ancien hypermarché des années 1980 isolé sur un hectare et demi de parkings. Le projet en cours prévoit un magasin plus compact, 90 logements (dont une part en social), des bureaux, et 30% d’espaces végétalisés. La première phase sera livrée en 2025, la seconde en 2027. « Avec plus de 20% de pleine terre, une démarche de labellisation Bâtiment Frugal Bordelais pour les logements et Breeam Very Good pour les bureaux, le projet s’inscrit dans une logique de résilience climatique et de transition énergétique » détaillent Ceetrus, Auchan et Nhood dans un communiqué de presse.A lire également : À Saint-Paul-lès-Dax, la France moche se réinvente A quelques encablures de là, Bordeaux Lac, avec ses 53 hectares, est appelée à devenir un écoquartier mixte, où la voiture ne dictera plus l’organisation de l’espace. Logements, mobilités douces, renaturation et économie locale en seront les piliers. L’opération bénéficie d’un atout rare : la majorité du foncier est regroupée dans l’écosystème Mulliez (Leroy-Merlin, Boulanger…), permettant d’avancer plus vite que sur des sites fragmentés. À Mérignac, sur d’anciennes friches (dont l’ex-Alinéa), plusieurs centaines de logements viendront compléter la dynamique. Le rôle clé des collectivités Ces transformations ne peuvent se faire qu’en étroite collaboration avec les collectivités locales et l’État. « Pas de PLU modifié, pas de projet, résume Christophe Janet. Le maître-mot c'est la confiance avec les élus, c'est ce qui nous permet d'avancer ». La rigidité des documents d’urbanisme reste un frein majeur : sans intégration de la mixité d’usages dans les règles, les opérations sont bloquées. Pour ancrer les projets dans leur territoire, Nhood met systématiquement en place des comités de parties prenantes. Ces instances réunissent commerçants, clients, habitants, associations et élus locaux dès les premières réflexions. Elles permettent de poser les bonnes questions, de lever les blocages et d’assurer une co-construction durable. Dans ce cadre, l’opérateur immobilier se positionne comme un partenaire, et non comme un simple investisseur, garantissant que les projets servent à la fois l’intérêt économique et l’intérêt général. Un pari long mais nécessaire Complexes et risquées, ces opérations nécessitent souvent dix ans pour aboutir, avec un équilibre fragile entre maintien de l’activité commerciale et développement urbain. Mais pour Nhood, elles sont indispensables. « Transformer les entrées de ville en quartiers, c’est long, mais c’est possible et surtout nécessaire, conclut Christophe Janet. C’est là que se joue la densification intelligente, la relance du logement, la transition écologique et la redéfinition du commerce. » En Nouvelle-Aquitaine, la mutation est déjà en marche. La métropole bordelaise aimerait bien se positionner comme l’un des démonstrateurs nationaux de cette nouvelle génération de zones commerciales.

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