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Comment va le Béarn ? 1/4 : Le moral des chefs d'entreprise au plus bas

Écosystème
lundi 06 octobre 2025
Comment va le Béarn ? 1/4 : Le moral des chefs d'entreprise au plus bas

Didier Laporte et Frédéric Cabarrou ont présenté le baromètre économique du Béarn le 30 septembre dernier. Photo LVG

Dans un climat politique et économique national tendu, la CCI Pau Béarn et la Banque de France ont présenté, le 30 septembre, leur point de conjoncture. Entre inquiétudes persistantes et signes de résilience, le Béarn maintient le cap, malgré un net recul du moral des dirigeants.

Ce n’était qu’il y a moins de dix jours, et pourtant, la remarque accuse déjà son âge. « Trois Premiers ministres se sont succédé sans qu’un exécutif stable ne s’installe », déplorait, le 30 septembre dernier, Didier Laporte, président de la CCI Pau Béarn, pour ouvrir le point de conjoncture semestriel mené par la chambre consulaire et la Banque de France. Le fond n’en est pas moins valide, pour peu qu’à la lumière des dernières actualités, le lecteur veuille bien remplacer « trois » par « quatre ». Un contexte « préoccupant », marqué par « une profusion d’idées, pas toujours favorables à l’économie », lance le dirigeant. Face à une dette publique de 3.400 milliards d’euros, « dont le coût devient non négligeable », Didier Laporte met toutefois en garde contre « un climat de sinistrose » alimenté par certains discours alarmistes. « On entend parler du FMI à nos portes, mais la situation de la France n’en est pas encore là, assure-t-il. Ce genre de discours n’est pas propice à la sérénité pour nos chefs d’entreprises. »

À sa suite, Frédéric Cabarrou, directeur départemental de la Banque de France des Pyrénées-Atlantiques, dresse un panorama économique mondial marqué par un ralentissement général, mais des signaux légèrement plus optimistes qu’au printemps. La croissance mondiale est attendue à 3% en 2025, contre 3,3% en 2024, bien en deçà de la moyenne pré-Covid (3,7%). Les États-Unis ralentissent sensiblement sous l’effet d’une demande intérieure et d’une création d’emplois en repli, ce qui conduit la Réserve fédérale à baisser ses taux. La Chine connaît également un essoufflement, avec une croissance de 4,8% attendue, tandis que l’Inde continue d’afficher des performances « qui font rêver », au-dessus de 6%. En Europe, la croissance devrait atteindre 1,2%, en légère révision à la hausse grâce à des exportations plus dynamiques et à un investissement des entreprises supérieur aux attentes. La France, elle, « résiste », selon Frédéric Cabarrou, avec une croissance prévue à 0,7% en 2025, tirée par l’aéronautique et le tourisme. « Une croissance en trompe-l’œil, pas brillante mais résiliente », résume-t-il.

À lire également - En Béarn, l'activité économique résiste bien, tirée par l'industrie

L’inflation, désormais contenue à 1,8% en France, pourrait favoriser la reprise des investissements grâce à la baisse des taux de la BCE. Toutefois, plusieurs risques demeurent : déficit public toujours élevé, incertitudes géopolitiques, risque climatique et menace cyber. Enfin, le pouvoir d’achat devrait progresser, les salaires nominaux augmentant plus vite que les prix. Mais « les Français épargnent plutôt que de consommer », note le représentant de la Banque de France : le taux d’épargne atteint un record de 18,9%. Le chômage resterait stable entre 7,4 et 7,6% jusqu’en 2027.

Le moral des chefs d’entreprise béarnais en berne

Dans ce contexte, le moral des dirigeants béarnais s’effrite nettement. L’indice de confiance établi par la CCI Pau Béarn s’élève à 68 (base 100 en 2015), l’un de ses plus bas niveaux depuis quatre ans. Seuls 19% des chefs d’entreprise se disent confiants dans l’économie française, contre 39% un an plus tôt, et 68% dans leur propre entreprise.

« L’état d’esprit dominant est l’inquiétude », reprend Didier Laporte. Selon le baromètre de la CCI, 48% des dirigeants se déclarent « inquiets », 31% « méfiants » et 20% « attentistes ». Seuls 10% se disent « sereins » (20% l’an dernier) et à peine 6% « enthousiastes ».

La prudence s’installe également sur le front de l’investissement : seuls 21% des dirigeants ont investi au premier semestre 2025, et 17% prévoient de le faire d’ici la fin de l’année. Les besoins de recrutement demeurent mais diminuent, avec 25% d’entreprises ayant embauché (contre 30% l’an passé) et 63% d’entre elles signalant des difficultés de recrutement, soit une baisse de 5 points. Les effectifs salariés s’établissent à 75.796 personnes, en léger recul (-0,61%), tandis que la masse salariale atteint 626 millions d’euros (-3,66%). Le salaire moyen s’élève à 2.766 euros.

Malgré ce contexte, le taux de chômage reste contenu : 6,1% à Pau et 4,6% à Oloron, des niveaux inférieurs à la moyenne nationale (7,2%) et régionale (6,6%).

Des indicateurs économiques stables mais sous tension

Les indicateurs financiers demeurent globalement stables : 53% des entreprises jugent leur trésorerie inchangée et 63% leurs marges stables. En revanche, les difficultés liées aux charges explosent : 32% des dirigeants les citent comme principal frein (+11 points). L’inflation recule dans les préoccupations, au profit de la baisse de la demande, désormais troisième difficulté évoquée. Cependant, les signes de fragilité s’accumulent : 32% des entreprises constatent une détérioration de leur chiffre d’affaires (+5 points en six mois) et autant signalent une baisse de leur carnet de commandes.

Enfin, la nette baisse observée des procédures collectives (-10%) masque une réalité moins favorable : en prenant en compte les données de septembre, la tendance s’inverse, et les défaillances d’entreprises devraient repartir à la hausse d’ici la fin de l’année.

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