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« À Bruxelles, nous avons plaidé pour une simplification des normes, dont la CSRD »

Écosystème
mardi 11 février 2025

Marc Prikazsky est le PDG de Ceva Santé Animale. Crédit : profil Linkedin

Le Club des ETI s'est rendu à Bruxelles pour rencontrer trois décideurs européens. Son président Marc Prikazsky - dirigeant de Ceva Santé Animale - a notamment demandé un moratoire sur la CSRD.

Marc Prikazsky est président du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine. Il a mené la délégation régionale* des entreprises de taille entre 250 et 4.999 salariés. Celle-ci a rencontré le Commissaire européen Stéphane Séjourné, vice-président à la Prospérité et à la Stratégie industrielle, Philippe Léglise-Costa, représentant permanent de la France auprès de l’Union européenne et Christophe Grudler, député européen.

Pourquoi avoir provoqué ces rencontres ?
On sait dire ce qui est bon pour nous donc nous pouvons passer nos messages nous-même. Peut-être aussi suite à une forme de désespoir…

Vous avez plaidé deux points. Le premier étant la simplification des normes notamment celles sur la CSRD. Qu'avez-vous demandé ?
Nous avons été reçus par Stéphane Séjourné pendant une heure et quart. Nous avons demandé un moratoire de deux ans sur l'application de la CSRD qui impose aux ETI de publier leur reporting au 1er janvier 2026 (sur l’exercice 2025). Pour nous, cet outil est disproportionné pour les Entreprises de Taille Intermédiaire et cela casse leur compétitivité. On souhaite que les ETI qui ne remplissent pas la CSRD ne soient pas pénalisées et que la CSRD soit simplifiée pour les autres entreprises.

La CSRD vise deux objectifs : évaluer les risques auxquels les entreprises sont exposées en matière de durabilité et leur impact sur la société et l'environnement. Pourquoi êtes-vous contre cet outil ?
Cette directive européenne comprend des chapitres ingérables comme celui de la biodiversité. Les ETI vont dépenser du temps et de l'argent pour gérer cette CSRD mais il serait plus utile d'avoir des commerciaux. Car nous sommes dans une concurrence mondiale et les autres pays ont compris que c'est le développement de l'économie qui permet d'enclencher les autres projets après le développement commercial. Pour nous, il s'agit donc d'une concurrence déloyale avec les autres pays mais aussi dans l'Europe car selon les interprétations qui sont faites des textes ou si un pays en rajoute, l'impact de la CSRD est plus ou moins lourd. Et en France, il est très lourd.

La CSRD permet néanmoins de prendre conscience de l'impact des activités sur l'environnement et d'établir un plan pour diminuer les risques. Cet argument ne pèse pas suffisamment selon vous ?
Ce qui est dur dans ce débat c'est que cette directive européenne part d'un bon sentiment… Mais ce n'est pas à nous, Français, de changer la planète. Les ETI investissent plus que la moyenne dans la transition : 87% d’entre elles ont investi entre 2018 et 2023 et 65% d’entre elles sont susceptibles d’investir dans la formation et les compétences. C'est facile de dire que c'est la faute de l'Europe.

Vous avez également plaidé pour la création d’une catégorie d'ETI au niveau européen. Quel en serait l'intérêt, alors que vous demandez justement une simplification administrative ?
Nous voudrions une catégorie « small mid-caps » car cela permettrait un meilleur fléchage de l’accompagnement public européen sur les ETI, ayant un statut fiscal. En effet, être catégorisé permet de définir une sorte d'entreprise donc, aux yeux de l'Europe et de son administration, d'exister. Ce n'est donc ni anodin ni une nouvelle strate administrative !

Avez-vous le sentiment d'avoir été écouté lors des ces entrevues ?
Stéphane Séjourné nous a dit vouloir faire la simplification des normes mais il faut que les Etats jouent le jeu. Je ressors avec le sentiment de l'avoir été, oui. Oh, sans illusion bien sûr mais j'ai trouvé des gens conscients des choses, préoccupés par la situation de l'Europe. Je suis content que ce soit un Français qui occupe ce poste important économiquement. Je suis aussi rassuré par sa conscience de l'urgence à agir. Il faudrait néanmoins créer au niveau européen un climat de confiance avec le monde économique, un peu comme le président de Région, Alain Rousset, l'a fait ici en Nouvelle-Aquitaine (et pourtant il est socialiste et on n'est pas toujours d'accord !). Il a compris que tout passe par la création de valeurs par les entreprises industrielles.

Marc Prikazsky, PDG de Ceva Santé Animale, président du Club des ETI, Jean-Paul Calès, fondateur de Cap Ingelec, trésorier du Club, Serge Dessay, fondateur et PDG d’Hotravail, vice-président Communication du Club Thibault de Maillard, PDG de Technima, vice-président Territoire du Club, Jean-Baptiste Micouleau, PDG du groupe Aramis/Dal’Alu et vice-président Environnement du Club, Pierre Girard, fondateur et président de Valorem, vice-président Energie du Club, Grégoire Le Taillandier, délégué général du Club.

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